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mercredi 21 mars 2018

Notre-Dame-des-Landes : discussions sous tension sur l'avenir des terres agricoles


21 mars 2018

Notre-Dame-des-Landes : discussions sous tension sur l'avenir des terres agricoles

La préfète de Loire-Atlantique a réuni le premier comité de pilotage sur la gestion du foncier

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Le combat se poursuit à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Si le mouvement d'opposition peut se prévaloir d'une victoire historique contre le projet d'aéroport, abandonné par le gouvernement le 17  janvier, les problèmes sont loin d'être réglés.
Alors que les diverses composantes de cette lutte ont su préserver un front uni durant de longues années, gage de leur efficacité, les discussions qui viennent de s'ouvrir, lundi 19  mars, sur l'avenir des terres agricoles de la ZAD (la zone à défendre) semblent menacer l'unité du mouvement, avivant de nouvelles tensions.
Au moment où la préfète des Pays de la Loire, Nicole Klein, conviait, lundi après-midi, les participants à une première -réunion du comité de pilotage sur la gestion du foncier, un rassemblement était organisé, devant la préfecture, par " l'assemblée générale du mouvement ". Résultat, à la préfecture, se retrouvaient, aux côtés des élus locaux, des représentants de l'Etat, de la chambre d'agriculture et des -organisations agricoles, des -opposants au projet d'aéroport, la Confédération paysanne et l'Adeca, regroupant les paysans résistants historiques, cette dernière participant dans le même temps à la manifestation devant la préfecture. L'Acipa, association historique de la lutte, a refusé, elle, de se rendre à l'invitation de la préfète, mais n'a pas rallié le rassemblement.
Sous un immense calicot proclamant " la gestion des terres à ceux qui les ont défendues ", une référence à la lutte du Larzac, quelque 200  personnes, épaulées par une douzaine de tracteurs, une quinzaine de moutons et deux vaches, ont affirmé leur -refus de voir l'avenir de la ZAD -décidé par ce comité de pilotage.
Situation envenimée" Nous ne pouvons accepter une vision cloisonnée et laisser les -terres pour lesquelles nous nous sommes battus être reprises en main par les voies du modèle agricole classique dont on connaît partout les conséquences : désertification rurale, disparition des petites exploitations, dégradation continue des sols et de la -biodiversité. (…) Le mouvement -continuera au contraire à -revendiquer une prise en charge -globale avec une entité issue du mouvement qui inclut l'ensemble des habitats, des projets paysans et des autres activités qui se sont développées ici ",affirmait le texte d'appel au rassemblement.
Les tensions vont probablement s'accroître, alors que se rapproche l'échéance annoncée par le premier ministre, Edouard Philippe, de l'expulsion des " occupants illégaux ", fin mars. Mardi, une délégation du mouvement (regroupant les principales associations d'opposants et des représentants des habitants de la ZAD) devait rencontrer -Sébastien Lecornu, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire.
Elle devait réaffirmer son exigence du maintien des activités et des habitants actuels sur la ZAD. Le gouvernement compte, lui, afficher sa volonté de voir partir les opposants les plus virulents, -notamment autour de la route départementale 281. L'arrachage d'une petite partie du goudron de cette route en pleine réfection a encore envenimé la situation. " Nous ne défendrons pas des actes qui fragilisent à notre sens non seulement les lieux aujourd'hui les plus visés par la préfecture mais aussi l'ensemble du mouvement ", ont écrit des habitants de la ZAD. Certains d'entre eux ont sollicité l'aide d'avocats pour parer toute velléité d'expulsion. " Dès lors que les habitants n'ont reçu aucun ordre d'expulsion donné par une juridiction à l'issue d'une procédure publique et -contradictoire, la “ZAD” ne nous paraît pas expulsable ",prévient un collectif d'avocats, dans un courrier qui doit être envoyé, jeudi, au ministre de l'intérieur et à la préfète des Pays de la Loire.
En attendant, le comité de pilotage sur les terres agricoles, dont la prochaine réunion est fixée au 6  juin, a ordonné un état des lieux environnemental et de la situation foncière et agricole. Des conventions d'occupation précaire sont prévues pour une grande partie des exploitants historiques, en attendant de -futures régularisations. Les 1 200  hectares de terres agricoles de la ZAD (sur un total de 1 650  ha) attisent les appétits. Et il faudra de longs mois pour clarifier la situation de tous les prétendants, paysans -historiques et résistants, agriculteurs qui ont cédé leurs terres et nouveaux occupants, les néo-ruraux de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
Rémi Barroux
© Le Monde

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