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vendredi 23 mars 2018

Les Crises.fr - Zakhar Prilepine : «On demande aux Russes d’avoir honte de leur existence», par Eugénie Bastié

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22
Mar
2018

Zakhar Prilepine : «On demande aux Russes d’avoir honte de leur existence», par Eugénie Bastié


FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – L’écrivain Zakhar Prilepine était invité au Salon du Livre à Paris, qui a mis la littérature russe à l’honneur. L’auteur de «Ceux du Donbass», un récit de sa guerre aux côtés des rebelles pro-russes en Ukraine, se livre à un examen de la situation politique, religieuse et internationale de la Russie.
Zakhar Prilepine est l’un des romanciers les plus en vogue de la Russie contemporaine. Ancien membre du part national-bolchévique de Limonov, il mène une double vie d’écriture et d’aventure politique. Son roman L’Archipel des Solovki (Actes Sud, 2017), une fresque de 800 pages intense et dostoïevskienne, raconte l’histoire du premier camp de rééducation mis en place par les bolchéviques dans les années 1920. Il publie aux éditions des Syrtes Ceux du Donbass, un récit de sa guerre aux côtés des rebelles pro-russes qui se sont insurgés contre le pouvoir ukrainien.
FIGAROVOX.- Que pensez-vous de la réélection triomphale de Vladimir Poutine?
Zakhar PRILEPINE.- Je respecte le choix du peuple. À l’heure actuelle il n’existe pas en Russie un membre de l’opposition qui puisse contrebalancer ce choix. Un ex-membre des services secrets français a dit un jour que Poutine était un animal politique. Apparemment, ça plaît au peuple russe. Mais je crois que la Russie reste un pays démocratique. On regarde toujours les quatre mandats de Poutine: mais Merkel aussi entame son quatrième mandat. Aux États-Unis, il y a des dynasties présidentielles: Bush père et fils, les Clinton!
«Je n’aime pas beaucoup le pouvoir soviétique. Simplement, ceux qui ne l’aiment pas du tout appartiennent à un type d’individus qui, en général, me révulsent» écrivez-vous dansL’Archipel des Solovki. Êtes-vous dans la nostalgie de l’URSS?
Ce n’est pas le pouvoir soviétique qui compte en ce moment pour les Russes, il est écrasé, pitoyable, renié. Les gens font leur choix en grande partie par nostalgie. Ils réagissent à un antisoviétisme qui a viré à la russophobie chez certains. Les Occidentaux ont tendance à penser que les Russes ne regrettent pas le pouvoir soviétique, mais c’est pourtant le cas. Dans les années 1990, nous avons détruit le pays, anéanti l’économie, supprimé l’idée de gauche. Nous avons écrit des centaines de livres, de films, où il était question de haine à l’égard de l’union soviétique. On nous demande de nous sentir coupables, honteux de ce passé, de notre existence.
On accuse les Russes d’être partout, de truquer les élections. Pensez-vous qu’il existe une russophobie en Occident?
Je pense que la russophobie existe dans l’élite politique, mais qu’elle ne touche pas la plupart de la population. Je suis venue en France au moins 25 fois, et je n’ai jamais eu de conflits avec les lecteurs. La France est le seul pays européen à avoir accepté d’éditer mon livre «Ceux du Donbass». En revanche, les récits de ceux qui combattent côté ukrainien sont édités partout.
Boycotter la littérature russe, c’est boycotter ce qu’il y a de plus européen en Russie.
Que pensez-vous de la décision d’Emmanuel Macron de boycotter le pavillon russe au Salon du Livre de Paris où vous étiez présent?
Poutine n’aurait jamais fait ça en Russie. Ce n’est pas […]
Suite à lire dans : Le Figaro vox, Zakhar Prilepine, Eugénie Bastié, 20/03/2018
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48 réponses à Zakhar Prilepine : «On demande aux Russes d’avoir honte de leur existence», par Eugénie Bastié

Commentaires recommandés

FabriceLe 22 mars 2018 à 08h37
La Russie devrait être un partenaire au même titre que les USA, notre élite a décidé de faire deux poids deux mesures envers l’un d’eux, en lui vouant un culte aveugle à l’un et en condamnant l’autre au pire traitement.
Alors que nous devrions avoir une vision neutre et lucide sur les agissements des deux afin de leur faire réaliser que leurs excès ne sont pas dans leur intérêt.
Je trouve que cette situation avec la Russie est un immense gâchis, nous avions une position d’intermédiaire privilégié entre les deux et nous l’avons irrémédiablement compromise en nous rangeant aveuglément au coté des Etats-Unis.

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