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dimanche 25 mars 2018

Les Crises.fr - Risque d’escalade entre l’Iran et Israël


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25
Mar
2018

Risque d’escalade entre l’Iran et Israël


Source : Middle East Monitor, Mahan Abedin, 07-03-2018
La rencontre du leader iranien Ayatollah Khamenei jeudi dernier avec une délégation religieuse syrienneconduite par le ministre des dotations religieuses Mohammad Abdul Sattar Al-Sayyed s’est déroulée à un moment critique du conflit syrien. Avec la rébellion anti-assadiste pratiquement vaincue et les diverses puissances étrangères, dont la Turquie et les États-Unis, qui se sont taillées des sphères d’influence dans différents coins de la Syrie, le point d’appui du conflit évolue rapidement vers des ennemis meurtriers, l’Iran et Israël.
Le grand soutien combatif de Khamenei au président syrien Bachar Al-Assad, qui le glorifie comme un symbole de « résistance », est révélateur d’une attitude plus affirmée de l’Iran sur la Syrie et la région au sens large. La forte rhétorique du dirigeant iranien fait suite à l’affrontement majeur du mois dernier entre les forces irano-syriennes et israéliennes dans le sud-ouest de la Syrie.

Sur le plan stratégique et idéologique, l’aspiration de Khamenei à voir le ministre sunnite Al-Sayyed diriger les prières publiques à Jérusalem était une affirmation claire et sans équivoque de l’objectif de la République islamique de détruire Israël. Plus précisément, dans un contexte opérationnel syrien, la référence de Khamenei à Jérusalem était une intention à peine dissimulée d’intensifier la confrontation avec Israël, au cas où ce dernier continuerait à bombarder des cibles iraniennes, [libanaises] du Hezbollah et syriennes.
Compte tenu du caractère inévitable d’une nouvelle agression israélienne à l’intérieur de la Syrie, les conditions sont réunies pour un cycle d’escalade.
Engagement à toute épreuve
Le soutien enthousiaste de Khamenei à Bachar al-Assad n’est guère surprenant compte tenu de l’alliance officielle entre l’Iran et la Syrie, qui remonte au début des années 1980. Néanmoins, la description d’Assad en tant que symbole de « résistance » est importante dans la mesure où elle témoigne de l’intensification du rôle central de la Syrie dans la position stratégique régionale de l’Iran.
Le soutien sans équivoque d’Assad est d’autant plus remarquable que cette attitude a un coût politique et moral élevé. Après tout, l’impopularité du président syrien dans une grande partie du monde arabe n’a pas échappé au dirigeant iranien. En s’évertuant à faire l’éloge d’Assad, Khamenei signale que l’Iran est prêt à continuer de payer le coût politique et de réputation de sa politique syrienne controversée.
Le discours combatif de Khamenei fait également allusion à la préparation de l’Iran à un long et complexe affrontement politique, diplomatique et potentiellement militaire en Syrie. Le régime syrien devrait mettre fin aux offensives militaires à grande échelle une fois qu’il aura délogé les forces rebelles de la Ghouta orientale et d’Idlib.

Des Syriens blessés lèvent la main alors qu’ils posent pour une photo pour la campagne de sensibilisation « #Iamstillalive » sur les médias sociaux, organisée par des militants et des enfants, demandant un soutien pour la crise humanitaire causée par le régime d’Assad et ses sympathisants dans Ghouta orientale de Damas, en Syrie, le 2 mars 2018 [Agence America Alshami/Anadolu].
Une fois sécurisé, le gouvernement syrien est susceptible de s’implanter dans les deux zones en vue de consolider ses acquis. Dans le même temps, les Syriens chercheront à saper les positions turques et américaines dans le nord-ouest et le nord-est du pays respectivement.
La Turquie est susceptible de maintenir une présence militaire à Afrin et dans les zones situées immédiatement au nord de la province d’Idlib après la conclusion de l’opération Branche d’Olivier. Les États-Unis, quant à eux, sont implantés dans l’est de la Syrie avec des plans apparemment indéfinisvisant à soutenir les forces kurdes syriennes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
La Syrie – avec le soutien de l’Iran – sera soucieuse d’exploiter les divisions croissantes entre Ankara et Washington dans le nord de la Syrie, notamment en ce qui concerne les Kurdes alignés sur le PKK. Il y a déjà des preuves qu’un fossé profond s’est creusé entre les alliés de l’OTAN, avec des rapportsindiquant que les États-Unis ont réduit leurs opérations contre Daesh, vraisemblablement pour contenir les retombées de l’offensive turque à Afrin.
Posture offensive
Le discours rhétorique du dirigeant iranien sur la Syrie coïncide avec l’attitude combative de l’Iran dans d’autres domaines de la politique étrangère, notamment le vaste programme de missiles balistiques de Téhéran. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu lundi à Téhéran dans l’intention de faire pression sur l’Iran pour mettre un frein au programme de missiles dans le cadre d’un plan européen plus large visant à sauver l’accord nucléaire face aux menaces américaines de le détruire.
Cependant, Le Drian s’est heurté à un mur à Téhéran alors que les dirigeants iraniens ont rejeté ses propositions. Mercredi, le général de brigade Hossein Salami, commandant adjoint du Corps des gardes révolutionnaires islamiques (IRGC), a souligné cette position difficile en affirmant « qu’aucun pays » ne peut contrôler les capacités défensives de l’Iran.
En ce qui concerne la Syrie et, en fait, l’ensemble du Levant, les analystes occidentaux s’efforcent de comprendre la position et les intentions de l’Iran après l’affrontement meurtrier du mois dernier avec Israël. Le dernier discours du dirigeant iranien supprime toute illusion persistante des Israéliens selon laquelle ils auraient pu intimider l’Iran pour qu’il se retire ou, à défaut, pour qu’il réduise ses activités en Syrie.
La guerre des mots entre les ennemis mortels n’a cessé de s’intensifier depuis l’affrontement militaire du mois dernier. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, ont échangé de vives paroles à la Conférence de Munich sur la sécurité, fin février.
Netanyahou a encore relevé la température mardi à la conférence de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), en proclamant que, « Nous devons arrêter l’Iran, nous arrêterons l’Iran ». La rhétorique guerrière du dirigeant israélien laisse peu de doute sur le fait que son pays est prêt à frapper à nouveau dans un avenir très proche les forces combinées iraniennes, syriennes et du Hezbollah.
Sauf intervention précoce russe ou américaine, la prochaine frappe israélienne risque de déclencher une confrontation militaire majeure au Levant.
Source : Middle East Monitor, Mahan Abedin, 07-03-2018
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.
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