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mardi 7 mars 2017

Alain Juppé, l’éternel martyr de la droite

Lu dans le DL du mardi 7 mars 2017

LE BILLET PAR GILLES DEBERNARDI 

Alain Juppé, l’éternel martyr de la droite 

Il est bon dans ces moments-là, Juppé, visage douloureusement pâle et sens affiché du devoir. Au-delà de ses réelles compétences, le Bordelais a pris dimension d’homme d’État dans l’exercice de présumés « sacrifices ». 
On l’avait vu en 2004, devant le tribunal de Nanterre, à propos des « emplois fictifs » (déjà !) à la mairie de Paris. Avec la grâce d’un Saint-Sébastien transpercé de flèches, le prévenu y reçut condamnation sans jamais pointer la responsabilité de son mentor Jacques Chirac. 
L’honneur du RPR s’appelle fidélité et valait bien un exil au Québec.
 Hier, renonçant à s’improviser « plan B » pour l’élection élyséenne, il semblait confirmer sa vocation au martyre. 
On souffrait presque avec lui. Dans son « Pour moi il est trop tard » passait toute la mélancolie du monde.
 Le temps aux plus belles choses, et même « au meilleur d’entre nous », se plaît à faire un affront. 
À 71 ans, Alain Juppé ne se sent plus capable d’incarner « le renouvellement souhaité par les Français. »
 Ni d’affronter les attaques « des démolisseurs de réputation ».
 La veille, pourtant, le statut d’ultime « recours » à droite l’agréait plutôt. 
Il se disait prêt à concourir, et comment !
 Sarkozy, l’éternel “ parrain ”, lui garantissait alors que le parti allait l’applaudir et Fillon lui transmettre gentiment le témoin.
 Au lieu de quoi, le Sarthois s’accroche tandis que les élus LR se déchirent à pleines dents.
 Se porter candidat, dans ces conditions, revient à monter au casse-pipe.
 Le retrait d’Alain Juppé, que chacun juge « très digne », doit sans doute moins à la sagesse de l’âge qu’au refus de prendre des coups inutiles. 
Pour ça, il a déjà donné.

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