Vous trouverez ci-dessous le manifeste rassembleur « Unissons-nous contre
l’islamophobie et les dérives sécuritaires », publié sur Mediapart.fr, et notamment
signé par Pierre Tartakowsky, président de la LDH, Jean-Pierre Dubois,
Michel Tubiana et Henri Leclerc, présidents d’honneur, Gilles Manceron,
membre du Comité central…
► Pour signer le manifeste : manifeste.islamophobie@gmail.com
Bien cordialement,
Service communication
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Manifeste : Unissons-nous contre l’islamophobie
et les dérives sécuritaires
« Notre solidarité avec les victimes des attentats » de janvier 2015 à
Paris « doit s’étendre à tous ceux qui sont aujourd’hui pris comme boucs
émissaires », réaffirment les signataires de ce manifeste, qui condamnent
« résolument toute forme de racisme, d’antisémitisme ou d’islamophobie
qui chercherait à tirer prétexte des tragiques événements que nous
avons vécus ».
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La marche du 11 janvier 2015 a exprimé la condamnation résolue des attentats des
7, 8 et 9 janvier et la solidarité avec les victimes.
Que nous y ayons participé ou pas, nous dénonçons ceux qui tentent de dévoyer et
de pervertir l’émotion légitime qui s’est manifestée ce jour-là en dressant une partie
de la population contre une autre, en alimentant une islamophobie nauséabonde.
C'est donner ainsi raison, après coup, aux terroristes, dont l’intention était clairement
de provoquer la rupture entre les habitants de ce pays, le rejet de l’islam dans une
part importante de la population, et la peur chez les musulmans et chez les juifs.
La plupart des responsables politiques et des commentateurs ont dénoncé avec raison
toute tentative d’amalgame. Certains sont pourtant tombés dans ce piège, et ont tenu
des propos inadmissibles ou lourds de sous-entendus. Déjà, le nombre d’actes
islamophobes (agressions physiques ou verbales de personnes, attaques contre
des lieux de culte, etc.) se monte à plus de 200 durant les deux semaines qui ont
suivi ces tueries, autant que durant toute l’année 2014.
Nous affirmons que notre solidarité avec les victimes des attentats sanglants doit
s’étendre à tous ceux qui sont aujourd’hui pris comme boucs émissaires et qui ressentent
u quotidien, notamment dans les quartiers populaires, les effets d’une haine instillée
depuis de nombreuses années.
Des mesures de sécurité sont nécessaires et compréhensibles, mais nous refusons
toute aggravation de la législation en contradiction avec les libertés et la dérive
sécuritaire que certains voudraient faire prendre à nos institutions (illustrée en
particulier par des condamnations à des peines de prison de personnes ivres ou
psychiquement déficientes, ou encore par des auditions par la police de très jeunes
mineurs). Les paroles des enfants doivent être entendues et doivent faire l’objet de
réponses pédagogiques dans le cadre de l’école et des autres structures éducatives.
Les délits d’apologie doivent faire retour dans la loi de 1881 qui encadre la liberté
d’expression et la répression de ses abus.
La laïcité, valeur fondamentale de notre République, doit cesser d’être détournée de
manière suspicieuse à l’encontre des musulmans et doit retrouver sa signification
fondamentale qui est, en séparant l’Etat des religions, de garantir le vivre ensemble
d’individus ayant des convictions différentes et de permettre à chacun de pratiquer
sa religion, de n’en pratiquer aucune ou de changer de religion, en pleine liberté.
Nous sommes plus que jamais attachés à l’article premier de la loi de 1905 : « La
République assure la liberté de conscience.Elle garantit le libre exercice des cultes
sous les seules restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public ». Aussi nous
revendiquons la liberté pour tous de pratiquer et d'exprimer sa religion au grand jour,
d'être présent-es dans la société avec ses lieux de culte sans entraves ni violences,
de pouvoir fréquenter les institutions publiques, à commencer par l'école, sans
discrimination, d'avoir les même droits et les mêmes opportunités face au monde
du travail.
Personne ne devrait craindre d’être victime de paroles ou de violences racistes, ni
d'abus policiers, et personne ne devrait se voir continuellement sommé-e de se
désolidariser d’actes quelconques en raison de sa religion ou de ses origines.
Nous condamnons résolument toute forme de racisme, d’antisémitisme ou d’islamophobie
qui chercherait à tirer prétexte des tragiques événements que nous avons vécus.
Premiers signataires
Bruno Adjignon, Jean-Joseph Alain, Françoise Alamartine, Sarah Al-Matary,
Catherine Belkhodja, Louiza Belhamici, Malika Benarab Attou, Esther Benbassa,
Léla Bencharif, Mohammed Ben Yakhlef, Daniel Boitier, Alain Bondeelle,
Mathieu Bouchard, Antoine Boulanger, Alima Boumediene Thiery,
Cécile Canut, Abdellatif Chaouite, Insaf Chebaane, Omar Cheriguene,
Ismahane Chouder, Cyril Cognéras, Gabriel Cohn-Bendit, Sergio Coronado,
Marina Da Silva, Alain Delame, Karima Delli, Christine Delphy, Bernard Derbez,
Bernard Dréano, Jean-Pierre Dubois, Alice Dula, Pascal Durand,Soraya El Kahlaoui,
Georges Gumpel, Nacira Guénif-Souilamas,Fabienne Haloui, Pierre Hassner,
Alain Hayot,Yannick Jadot, Mohamed Jaite, Philippe Jessu, Eva Joly, Benjamin Joyeux,
Akli Mellouli, Madjid Messaoudène, Zakia Meziani, André Minetto, Michel Morineau,
Tahar Raaf, Tariq Ramadan, Ali Rahni, Bernard Ravenel, Joël Roman,
Nicolas Sadoul, Pierre Saly, Catherine Samary, Maximilien Sanchez, Thierry Schaffauser,
Lucile Schmid, Denis Sieffert, Patrick Silberstein, Djamila Sonzogni, Pierre Stambul,
Philippe Stanisière, Claude Szatan,
Pierre Tartakowsky, Pierre Tournemire, Anne Tristan, Michel Tubiana,
Marie-Christine Vergiat, Patrick Viveret, Georges Voix,
Richard Wagman, Sylviane de Wangen, Louis Weber,
Fatima Yaou,
Sophie Zafari, Robert Zimmerman.
Pour signer : manifeste.islamophobie@gmail.com
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