Vers des législatives anticipées le 25 janvier en Grèce
Reuters
Reuters/Reuters - Stavros Dimas n'a pas recueilli assez de voix au Parlement pour être élu président en Grèce, lundi, ce qui va contraindre le Premier ministre Antonis Samaras (photo) à convoquer des élections
ATHENES (Reuters) - Le Premier ministre grec, Antonis Samaras, a annoncé lundi son intention de convoquer des élections législatives anticipées le 25 janvier après le rejet par le Parlement de son candidat à la présidence de la République.
Stavros Dimas n'a pas recueilli assez de voix pour être élu lundi, un échec qui contraint le chef du gouvernement à dissoudre le parlement.
L'ancien commissaire européen, candidat de la coalition gouvernementale, a recueilli 168 voix au troisième et dernier tour de scrutin, un résultat inchangé par rapport au deuxième tour. Il lui en fallait 180 pour devenir chef de l'Etat.
La Constitution prévoit dans un tel cas la dissolution du Parlement dans un délai de dix jours et la convocation d'élections législatives.
Antonis Samaras a annoncé qu'il se rendrait mardi à la présidence pour proposer que les législatives se tiennent le 25 janvier. Se disant confiant dans la victoire de son parti de centre-droit, Nouvelle démocratie, il a ajouté qu'il ne permettrait "à personne" de remettre en cause la place de la Grèce au sein de l'Union européenne.
"Tout ceux qui ont voté contre (Stavros Dimas) sont responsables d'un événement dont les Grecs ne voulaient pas", a affirmé le Premier ministre dans une déclaration télévisée. "Il est temps pour les Grecs de faire ce que le Parlement n'a pas fait: mettre fin à l'incertitude et restaurer la stabilité."
Le parti de la gauche radicale Syriza, qui veut renégocier les conditions de l'aide financière internationale accordée à la Grèce par l'UE et le Fonds monétaire international (FMI), est en tête dans les intentions de vote avec, selon un sondage Alco publié samedi, 28,3% contre 25% pour Nouvelle démocratie.
"Les plans de sauvetage liés à l'austérité relèveront bientôt du passé", a réagi Alexis Tsipras, le chef de file de Syriza, à l'issue du scrutin présidentiel qu'il a présenté comme la preuve que "le chantage à la démocratie ne marche pas".
MARCHÉS VOLATILS
La Bourse d'Athènes a perdu jusqu'à 11% juste après le résultat du scrutin mais limitait son repli à 5,66% vers 13h00 GMT.
Les rendements des obligations grecques à dix ans ont eux bondi à plus de 9% tandis que ceux des titres à trois ans dépassaient 12%. Sur le marché des "credit default swaps" (CDS), le coût d'une garantie contre un risque de défaut d'Athènes était en forte hausse.
"Le résultat du vote final prolonge l'incertitude politique pour au moins un mois", a déclaré Theodore Krintas, responsable de la gestion de patrimoine chez Attica Bank, à Athènes. "Personne ne sait si le résultat des élections anticipées va déboucher sur un gouvernement viable".
"Aucune décision économique majeure ne peut être prise avant la formation d'un nouveau gouvernement et cela se reflète sur les marchés aujourd'hui", a-t-il ajouté.
Une délégation de la "troïka" (Commission européenne, FMI et Banque centrale européenne) doit reprendre le mois prochain les pourparlers avec Athènes au sujet du plan de sauvetage de 240 milliards d'euros en vigueur depuis 2010.
La BCE a promis lundi de ne pas s'immiscer dans le processus électoral, ajoutant attendre d'Athènes des propositions pour gérer au mieux les discussions sur le plan d'aide.
De son côté, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, a appelé les électeurs grecs à réaffirmer lors des législatives "un engagement fort envers l'Europe".
Cherchant à rassurer les bailleurs de fonds internationaux, Alexis Tsipras a adopté un ton plus modéré ces derniers temps, promettant de maintenir la Grèce dans la zone euro et de négocier une fin à l'accord de sauvetage plutôt que de l'abandonner unilatéralement.
Il a cependant maintenu sa promesse de revenir sur de nombreuses mesures d'austérité imposées pendant la crise. Il souhaite notamment annuler la baisse du salaire minimum, mettre fin aux licenciements dans le secteur public et interrompre les privatisations.
(Renee Maltezou et Lefteris Papadimas; Tangi Salaün pour le service français, édité par Marc Angrand)
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