Le radar de Sébastopol « verra » les avions Stealth américains
Mondialisation.ca, 30 décembre 2014
La technologie « Stealth » (furtivité) résulte de l’application d’une succession de solutions concernant la forme dans le plan de la structure de l’avion, le type des matériaux de construction ainsi que les vernis et la peinture qui recouvrent la carcasse et la cabine de l’appareil.
Il en résulte une réduction de la réflexion des ondes radar dans le spectre des fréquences les plus utilisées, c’est-à-dire dans la gamme centimétrique. L’une des particularités soigneusement cachée de la technologie « stealth » est qu’elle n’assure plus à la longue l’invisibilité des avions de la Ve génération, tels le F-22 ou le F-35, face aux radars de grande puissance russes du type « Douga », qui fonctionnent dans un autre segment des fréquences radio qui n’est pas pris en compte par 99% des radars existants, c’est-à-dire la gamme décimétrique. C’est justement pour cette raison que l’OTAN a procédé au déploiement par rotation, d’autant des navires de guerre, de troupes terrestres et d’avions dans les Pays Baltes, en Pologne et en Roumaine, mais sans les célèbres avions « invisibles » américains F-22 ou B-2.
L’un des radars de la famille « Douga » est nommé « Dnepr » (ayant une distance maximale de découverte de 3.000 km), son antenne de transmission étant composée d’éléments d’une longueur totale de 250 mètres et d’une largeur de 12 mètres. En République Socialiste Soviétique Ukrainienne, il y a eu en fonction, à partir de 1979, deux radars Dnepr de ce type, similaires à 29B6 : à Sébastopol, en Crimée (RO-4) et a Moukachevo, à 70 km Nord de la ville de Satu-Mare (RO-5).
Après la conférence au sommet de l’OTAN de 2008 à Bucarest, alors que l’Ukraine a mis sa candidature pour l’adhésion à l’Alliance Nord-Atlantique, le gouvernement de Kiev a obligé la Russie à enlever l’équipement radar de Moukachevo. Le complexe radar RO-4 de Sébastopol, situé dans la proximité de la base navale de la Flotte russe de la Mer Noire, loué par la Fédération Russe, a seulement été désaffecté, en lui coupant l’émission. La Russie a annoncé récemment avoir commencé la refonte et la modernisation de l’infrastructure adjacente au radar de Sébastopol, celui-ci devenant opérationnel simultanément avec la base des missiles antibalistiques américaines de Deveselu.
Pour étudier le comportement de la couche ionosphérique terrestre à l’égard de la propagation des ondes radar décimétriques, les Soviétiques avaient construit, à l’intérieur de la ville dédiée aux recherches physico-nucléaires, Protvino, aux alentours de Moscou, un accélérateur de particules. C’était un tunnel circulaire sous-terrain avec 60m de profondeur, et 21 km de longueur. Le premier radar expérimental Douga-1, surnommé par les Soviétiques «le Pivert », est apparu à la suite de la nécessité de poursuivre les lancements et le placement sur l’orbite des fusées soviétiques R-7 Semiorka, porteuses de satellites, depuis le cosmodrome de Baïkonour (RSS Kazakhstan). Celui-ci a été placé en 1957 à Mykolaïv, en RSS Ukrainienne, à 2.500 km de Baïkonour.
Douga-2 a été construit au beau milieu des années ’60 sur la même place à Mykolaïv, étant capable de poursuivre les lancements des missiles balistiques soviétiques depuis l’Extrême Orient jusqu’aux sous-marins nucléaires de l’Océan Pacifique. Un radar Douga-3 a fonctionné à partir de 1975 dans la base Tchernobyl-2 de la RSS Ukrainienne, à 50 km du réacteur nucléaire, le seul capable d’assurer la consommation immense d’énergie de cet engin.
Le réseau d’antennes s’étendait sur 750 mètres, et étaient composé de piliers dont la hauteur atteignait 90 mètres. La base Tchernobyl-2, desservie par presque 1.000 soldats soviétiques, a été désaffectée immédiatement après le désastre de la centrale nucléaire de 1986.
Valentin Vasilescu
Article original en Roumain:
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