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Marcel Duchamp et l’art moderne à Beaubourg
« Courant d’air, courant d’art »
(Marcel Duchamp)
[l'art doit ouvrir des portes]
(Marcel Duchamp)
[l'art doit ouvrir des portes]
Quand Duchamp prit conscience qu’un tableau se vendait « comme une boîte de haricots » (« hasard en conserve »), il a proclamé : « C’est fini la peinture ». Puis il a inventé le «ready-made » (objet « tout fait »).
Le ready-made est un objet manufacturé érigé en œuvre d’art : en 1914, Duchamp achète un porte-bouteille au bazar de l’Hôtel de ville et déclare « C’est de l’art si je dis que c’est de l’art ». C’est son premier ready-made. Il ajoute : « C’est celui qui regarde (« le témoin oculiste ») qui crée l’oeuvre ».
En 1917, il récidive avec son fameux urinoir baptisé Fountain (car il est exposé à New York) : l’original a disparu, mais une de ses répliques a été achetée par le Centre Pompidou pour la somme très attractive de… 200 000 €. C’est l’esprit seul qui crée l’œuvre d’art. Il a eu l’idée de choisir un objet dans un magasin au lieu de le réaliser lui-même : l’art est un fait mental.
Le ready-made est anti-Art, absurdité railleuse et agressive : c’est un «objet-dard ». Il y a aussi le ready-made inversé : une œuvre d’art qui devient un objet domestique. Duchamp conseillait d’utiliser un Rembrandt comme planche à repasser…
Le ready-made est l’aboutissement d’une évolution :
1ère phase : l’artiste peint le sujet sur une toile (art figuratif).
2e phase : il garde la toile et rejette le sujet (art abstrait).
3e phase : il garde le sujet et rejette la toile (ready-made).
Duchamp est aussi à l’origine de l’art cinétique, avec sa Roue de bicyclette (1913) et ses Rotoreliefs (1935) : des spirales dessinées sur des cercles en carton, qui sont placées sur un tourne-disque, produisent un effet hypnotique. Il s’est adonné également à l’art érotique : son sein en mousse est légendé Prière de toucher.
« Marcel Duchamp, la peinture même », exposition dont le titre se réfère à son « Grand Verre » : La Mariée mise à nu par ses célibataires, même, au Centre Pompidou, jusqu’au 5 janvier.
Bonjour
RépondreSupprimerSans doute irez-vous visiter l’expo Duchamp qui s’ouvre ces jours-ci au Centre Pompidou ? C’est peut-être l’occasion de sortir de la doxa critique très matérialiste, façon XX° siècle, qui rend incompréhensibles les préoccupations de Marcel Duchamp.
Pourquoi, par exemple, se priver de la compréhension de la métaphore platonicienne qui donne sens à son fameux Nu descendant un escalier ? Représentation de ce qui est invariant durant une vie d’Homme, l’âme, en opposition à ce qui change à chaque instant de sa vie, son corps et sa mémoire, mis en scène par la chronophotographie. Voilà l’Homme moderne, rendu mécanique par la vanité, par le tout-fait selon Bergson, chutant en tourbillon vers l’opinion et les logiques de bas-étages plutôt que de s’élever vers la sagesse.
Peut-être vous faudra-t-il attendre cinquante ou cent ans pour toucher votre vrai public, mais c’est celui-là seul qui m’intéresse.
C’est ce que Marcel Duchamp proclamait à la fin de sa vie. Alors aujourd’hui que nous y sommes, qu’est-ce qui vous retient de vous laisser toucher par sa lucidité ironique, toute socratique ?
Cordialement
Alain Boton, auteur de Marcel Duchamp par lui-même (ou presque). FAGE, 2013. http://livre.fnac.com/a6096577/Alain-Boton-Marcel-Duchamp-par-lui-meme-ou-presque#ficheResume
Vous pouvez lire une argumentation serrée sur le Nu … sur http://d-fiction.fr/category/in-progress/alain-boton-duchamp-d-une-vie
Vous pouvez prendre connaissance de ma thèse en visionnant cette courte conférence :
http://www.youtube.com/watch?v=E9G033FVbOA
Ou en lisant cet article paru dans la revue du MAUSS : http://www.journaldumauss.net/?Marcel-Duchamp-artiste-ou
N’hésitez pas à me contacter pour la moindre question.