Jeudi 27 Novembre 2014 à 12:00
Le sondage "Marianne"-Harris Interactive le montre : les sympathisants des deux partis se découvrent bien des points communs. Voire plus, si nécessités électorales. Les électeurs de l'UMP et du FN sont en effet majoritairement prêts à des alliances au second tour des régionales, notamment si ce rapprochement permet de battre le PS.
REVELLI-BEAUMONT/SIPA
Pour le compte de Marianne dont le numéro est en vente en kiosques ce vendredi, l’institut de sondage Harris Interactive a croisé les regards des sympathisants de l’UMP et du FN à propos d’un rapprochement des deux partis politiques. L’enquête* a été réalisée il y a quelques jours, au plus fort de la campagne pour la présidence de l’UMP et peu avant le congrès du Front national à Lyon. Autant dire que, d’un côté comme de l’autre, les esprits étaient sensibilisés au débat portant sur le chemin que les uns et les autres seraient prêts à parcourir ensemble.
« On savait depuis quelque temps déjà que des accords électoraux entre l’UMP et le FN étaient possibles, analyse Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion de l’institut, mais jamais ils n’avaient été argumentés de la sorte. » En effet, non seulement les sympathisants des deux partis privilégient majoritairement une alliance électorale (six sur dix le souhaitent), dans un élan consensuel partagé presque à égalité (64 % pour les proches du FN et 55 % pour les proches de l’UMP), mais ils le justifient de façon écrasante par le souci de battre une personnalité du Parti socialiste.
« On savait depuis quelque temps déjà que des accords électoraux entre l’UMP et le FN étaient possibles, analyse Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion de l’institut, mais jamais ils n’avaient été argumentés de la sorte. » En effet, non seulement les sympathisants des deux partis privilégient majoritairement une alliance électorale (six sur dix le souhaitent), dans un élan consensuel partagé presque à égalité (64 % pour les proches du FN et 55 % pour les proches de l’UMP), mais ils le justifient de façon écrasante par le souci de battre une personnalité du Parti socialiste.
Dans le détail, les résultats de ce sondage sont de nature à ébranler fortement les responsables des deux partis dans leurs convictions, le probable futur président de l’UMP et candidat à la primaire Nicolas Sarkozy et plus fortement encore la présidente du FN, Marine Le Pen. Du côté de l’UMP, un sympathisant sur cinq (21 %) dit à son chef : « Pour éviter qu’une région soit présidée par une personnalité socialiste, nous lui préférons une personnalité estampillée FN. » Autrement dit, et c’est une information inédite issue du sondage Harris Interactive, une part significative des électeurs proches de l’UMP se disent prêts à voter, par exemple, pour Marine Le Pen si d’aventure la liste qu’elle conduirait dans la région Nord - Pas-de-Calais était en position de gagner les élections.
« Dans l’électorat de l’UMP, l’idée que le FN puisse accéder au pouvoir n’est plus absurde »
Une marche est en passe d’être franchie dans l’électorat de l’UMP qui, lentement mais sûrement, glisse du souhait d’alliances avec les frontistes pour faire élire quelques conseillers départementaux ou régionaux vers une acceptation d’une présidence confiée à l’extrême droite. « Dans l’électorat de l’UMP, l’idée que le FN puisse accéder au pouvoir n’est plus absurde », analyse Jean-Daniel Lévy. Et l’hypothèse consistant à envisager qu’une et même plusieurs régions puissent être gagnées par le FN prend consistance. A la condition cependant de battre, ensemble, une personnalité socialiste. « Les 72 % de sympathisants UMP préférant qu’une région ne soit présidée ni par un socialiste ni par un frontiste montre qu’ils ne sont pas prêts à donner les clés du pouvoir à une personne d’un parti concurrent », poursuit le directeur d’Harris Interactive. Les stratèges du parti de Nicolas Sarkozy n’ont pas fini de se déchirer sur l’adaptation à cette nouvelle donne.
De façon symétrique, les sympathisants du parti lepéniste interpellent vigoureusement la stratégie de leur chef, en particulier celle qui consiste à renvoyer dos à dos l’UMP et le PS. S’ils rejettent encore majoritairement (53 %) l’idée qu’une région soit dirigée par un président issu de l’UMP comme du PS, ils sont désormais 44 % à se dire prêts à gagner avec l’UMP. Comme s’ils voulaient faire voler en éclats la ligne de dénonciation de l’« UMPS » dont leur vice-président Florian Philippot s’est fait le stratège.
En réalité, ce qu’indique notre sondage devrait peser sur les divergences d’appréciation chaque jour plus visibles existant entre deux courants du bureau politique du Front national : d’un côté, Florian Philippot donc et, de l’autre, Marion Maréchal-Le Pen. D’un côté, le républicain souverainiste se prévalant d’un passage par la gauche, fervent propagandiste de la sortie de l’euro ; de l’autre, une nationale-conservatrice, se réclamant du Front national canal historique, celui de son grand-père, bien plus réservée sur le rôle de l’Etat dans les questions économiques que son rival. Dans les faits, le premier, au nom du refus de l’« UMPS », défend l’idée que son parti peut gagner des scrutins par la seule force de ses propres électeurs, sur ses seules idées, quand la seconde accepte depuis quelque temps déjà le principe des alliances locales. Le premier compte sur un large rassemblement des électeurs venus de la gauche comme de la droite, quand la seconde parie davantage sur des gains parmi les électeurs et les abstentionnistes de droite.
Mais à elle seule, la question des alliances ne suffit pas à révéler la proximité des sympathisants de l’UMP et de ceux du FN. Nous avons donc cherché à mesurer s’ils partageaient les mêmes valeurs et s’il leur semblait que leurs dirigeants mettaient en avant des propositions identiques. Sur le terrain des valeurs, les électeurs proches de l’UMP maintiennent à distance le FN (près des deux tiers mettent en avant des différences), alors que ceux du FN admettent davantage de communauté de vue (un sur deux reconnaît des valeurs communes, confirmant le sentiment des sympathisants du FN d’être dans le même camp que l’UMP).
En revanche, dans le détail des propositions, ils avouent réciproquement une forte proximité. Ainsi en matière de sécurité, de famille, d’immigration, d’impôts et de pouvoir d’achat. Un sentiment de proximité qui au demeurant est partagé par une majorité de Français. Seules les questions qui touchent à l’Europe et à la place de la France dans le monde font la différence.
Une marche est en passe d’être franchie dans l’électorat de l’UMP qui, lentement mais sûrement, glisse du souhait d’alliances avec les frontistes pour faire élire quelques conseillers départementaux ou régionaux vers une acceptation d’une présidence confiée à l’extrême droite. « Dans l’électorat de l’UMP, l’idée que le FN puisse accéder au pouvoir n’est plus absurde », analyse Jean-Daniel Lévy. Et l’hypothèse consistant à envisager qu’une et même plusieurs régions puissent être gagnées par le FN prend consistance. A la condition cependant de battre, ensemble, une personnalité socialiste. « Les 72 % de sympathisants UMP préférant qu’une région ne soit présidée ni par un socialiste ni par un frontiste montre qu’ils ne sont pas prêts à donner les clés du pouvoir à une personne d’un parti concurrent », poursuit le directeur d’Harris Interactive. Les stratèges du parti de Nicolas Sarkozy n’ont pas fini de se déchirer sur l’adaptation à cette nouvelle donne.
De façon symétrique, les sympathisants du parti lepéniste interpellent vigoureusement la stratégie de leur chef, en particulier celle qui consiste à renvoyer dos à dos l’UMP et le PS. S’ils rejettent encore majoritairement (53 %) l’idée qu’une région soit dirigée par un président issu de l’UMP comme du PS, ils sont désormais 44 % à se dire prêts à gagner avec l’UMP. Comme s’ils voulaient faire voler en éclats la ligne de dénonciation de l’« UMPS » dont leur vice-président Florian Philippot s’est fait le stratège.
En réalité, ce qu’indique notre sondage devrait peser sur les divergences d’appréciation chaque jour plus visibles existant entre deux courants du bureau politique du Front national : d’un côté, Florian Philippot donc et, de l’autre, Marion Maréchal-Le Pen. D’un côté, le républicain souverainiste se prévalant d’un passage par la gauche, fervent propagandiste de la sortie de l’euro ; de l’autre, une nationale-conservatrice, se réclamant du Front national canal historique, celui de son grand-père, bien plus réservée sur le rôle de l’Etat dans les questions économiques que son rival. Dans les faits, le premier, au nom du refus de l’« UMPS », défend l’idée que son parti peut gagner des scrutins par la seule force de ses propres électeurs, sur ses seules idées, quand la seconde accepte depuis quelque temps déjà le principe des alliances locales. Le premier compte sur un large rassemblement des électeurs venus de la gauche comme de la droite, quand la seconde parie davantage sur des gains parmi les électeurs et les abstentionnistes de droite.
Mais à elle seule, la question des alliances ne suffit pas à révéler la proximité des sympathisants de l’UMP et de ceux du FN. Nous avons donc cherché à mesurer s’ils partageaient les mêmes valeurs et s’il leur semblait que leurs dirigeants mettaient en avant des propositions identiques. Sur le terrain des valeurs, les électeurs proches de l’UMP maintiennent à distance le FN (près des deux tiers mettent en avant des différences), alors que ceux du FN admettent davantage de communauté de vue (un sur deux reconnaît des valeurs communes, confirmant le sentiment des sympathisants du FN d’être dans le même camp que l’UMP).
En revanche, dans le détail des propositions, ils avouent réciproquement une forte proximité. Ainsi en matière de sécurité, de famille, d’immigration, d’impôts et de pouvoir d’achat. Un sentiment de proximité qui au demeurant est partagé par une majorité de Français. Seules les questions qui touchent à l’Europe et à la place de la France dans le monde font la différence.
* Enquête réalisée en ligne du 21 au 24 novembre 2014 auprès d’un échantillon de 1 561 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Pour la consulter dans son intégralité, vous pouvez la télécharger en cliquant ici.
>>> Retrouvez notre sondage, l'intégralité de l'analyse que nous en faisons, ainsi que notre dossier complet sur « Le big bang de la droite », dans notre numéro en vente en kiosques à partir de demain, vendredi 28 novembre, jusqu'au 4 décembre inclus au prix de 3 €. Vous pouvez le consulter dès aujourd'hui, jeudi midi, sur notre liseuse Web, iOS et Androïd, en découvrant nos offres d'abonnement numérique et intégral.
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