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lundi 3 novembre 2014

La SNCM annonce son dépôt de bilan: quel avenir pour la compagnie maritime?


Le Huffington Post


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La SNCM annonce son dépôt de bilan: quel avenir pour la compagnie maritime?

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ECONOMIE - Ce n'est pas une surprise, mais c'est désormais officiel. La direction de la SNCM a confirmé lundi 3 novembre en comité d'entreprise qu'elle allait déposer le bilan, a annoncé une source syndicale au sein de la compagnie maritime.
La direction n'a pas précisé la date formelle du dépôt, qui pourrait toutefois intervenir dès ce lundi, a indiqué à l'AFP Pierre Maupoint de Vandeul, l'un des représentants de la CFE-CGC.
"La direction engage un dépôt de bilan, alors même qu'elle reconnaît que +le chemin est étroit+ entre le redressement judiciaire et la liquidation", a-t-il indiqué au sortir du CE, déplorant "une procédure collective pouvant se révéler irréversible".
Une simple étape "technique"?
Les actionnaires majoritaires de la SNCM, Transdev et Veolia (66% du capital), souhaitaient depuis plusieurs mois déposer le bilan, puis placer l'entreprise en redressement judiciaire, ce qui, selon ses dirigeants, constitue la seule solution pour "empêcher (sa) disparition pure et simple".
L'Etat, actionnaire à 25% via la Caisse des dépôts, ainsi que Veolia et Transdev estiment que ce redressement judiciaire est une étape "technique" qui va permettre à la compagnie d'annuler les condamnations européennes à rembourser des aides publiques jugées illégales, pour un total supérieur à 400 millions d'euros, et de trouver un nouvel actionnaire à cette société chroniquement déficitaire.
Techniquement, Transdev avait annoncé vendredi 31 octobre à l'issue d'un conseil de surveillance qu'il exigerait de la SNCM le remboursement de 103 millions d'euros de prêts, et de 14 millions d'euros de Veolia. Des créances que la compagnie ne peut honorer, au vu de sa situation financière, ce qui laissait augurer le dépôt de bilan, lançant un processus de redressement judiciaire.
Transdev et Veolia engagent cette procédure alors que prend tout juste fin le moratoire, signé en juillet pour sortir de 17 jours de grève, et qui stipulait que la compagnie maritime ne pouvait pas être placée en redressement judiciaire, jusqu'au 31 octobre.
Craintes pour l'emploi
Le Premier ministre Manuel Valls s'était exprimé, en juillet, en faveur du redressement judiciaire. Et le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies a évoqué mardi une "probabilité forte dans un proche avenir", et rappelé que la SNCM "a connu neuf exercices déficitaires sur les dix dernières années".
L'analyse des actionnaires est donc partagée par l'Etat, mais elle est contestée par les syndicats. Ils estiment qu'une telle opération ne prémunira pas la société contre des condamnations européennes, mais permettra en revanche à ces actionnaires de faire un plan social à moindre frais.
Selon la CFE-CGC, les actionnaires placent "délibérément leur filiale dans une position de cessation de paiement organisée alors que cette dernière dispose actuellement de 35 millions d'euros disponibles en banque et possède un actif naval évalué à dire d'expert avant saison à 220 millions d'euros".
Le syndicat constate que Transdev prend "cette décision en toute connaissance des risques", citant notamment le fait que le contrat de DSP, qui court jusqu'en 2023, pourrait ne pas être transmis au repreneur. Pierre Maupoint de Vandeul, délégué CFE-CGC, avait déploré, à la sortie du conseil de surveillance du 31 octobre, n'avoir pas "eu plus de garanties données sur le volet social", soulignant qu'"il appartiendra au président du tribunal de commerce d'analyser la situation".
Une compagnie aux difficultés chroniques
La SNCM fait face à des difficultés chroniques depuis sa naissance officielle en 1976, après la signature d'une convention entre la compagnie et l'Etat pour assurer la continuité territoriale entre la Corse et le continent. A partir de 1996, elle doit faire face à l'implantation à Nice d'un concurrent privé, Corsica Ferries, qui lance également une ligne à partir de Toulon en 1999.
En 2003, l'Etat recapitalise la compagnie à hauteur de 66 millions d'euros, conditionnée par la suppression de 182 postes de marins et de 92 postes de sédentaires, ainsi qu'une augmentation de la productivité. L'année suivante, la SNCM est marquée par un conflit qui dure au total 4 semaines. Elle est aussi dépassée pour la première fois par Corsica ferries en nombre de passagers transportés vers la Corse (1.080.000 contre 974.000).
Privatisée à partir de 2006 avec l'entrée au capital de Veolia et Butler Capital Partners, la SNCM a alterné ces dernières années entre mouvement sociaux, longs de parfois plusieurs semaines, recapitalisations et plans de sauvetage, à l'image de celui de juin 2013 prévoyant la suppression de plus de 500 postes sur un total de 2000.
Une fois la cessation de paiement de la SNCM actée, la justice devrait ouvrir la procédure de redressement judiciaire, habituellement assortie d'une période d'observation qui déterminera si la SNCM peut poursuivre son activité grâce à un étalement de sa dette, si la compagnie est reprise pour tout ou partie ou bien si elle fait l'objet d'une liquidation judiciaire, en l'absence de repreneur crédible.
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