Élections à l'Est de l'Ukraine: qui sont les futurs présidents des "Républiques" de Donetsk et Lougansk
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Qui sont les futurs présidents des "Républiques" de Donetsk et Lougansk / Alexandre Zakhartchenko à Donetsk le 31 octobre 2014 | AFP
INTERNATIONAL - Les bureaux de vote sont ouverts. Les élections qui se tiennent dans l'Est de l'Ukraine ce dimanche 2 novembre, sont un peu particulières. Elles ont lieu une semaine après la victoire écrasante des pro-occidentaux aux élections législatives organisées par Kiev.
Dimanche 2 novembre, les habitants des régions séparatistes pro-russes sont appelés aux urnes pour élire leurs présidents et leurs parlements. Soutenu par Moscou, les occidentaux rejettent massivement ce scrutin qui risque de compliquer encore un peu plus le processus de paix. De plus, ce vote entérine dans les faits la partition du pays.
Les "Républiques" concernées sont celles de Donetsk et Lougansk, non reconnues, et auto-proclamées. Ces élections les éloignent un peu plus de Kiev.
A Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, chef militaire indépendantiste
Contestées et sans suspens. Alexandre Zakhartchenko est assuré de devenir dimanche le premier président la "République de Donetsk". Cet homme d'affaires de 38 ans se présente déjà comme le "Premier ministre" de la-dite République.
Il souhaite "construire un nouvel Etat, qui deviendra légitime après les élections, et récupérer les territoires de l'Est, actuellement sous contrôle ukrainien." Fervent opposant de Kiev, Alexandre Zakhartchenko a joué un rôle important dans les combats qui ont opposé le pouvoir ukrainien aux séparatistes. Il a commandé les unités rebelles face aux Ukrainiens et a participé à l'assaut du siège de l'administration régionale à Donetsk le 16 avril. Cet événement fondateur de la révolte contre Kiev avait été suivi par la proclamation de l'indépendance de la "République de Donetsk" .
Alexandre Zakhartchenko a été nommé "Premier ministre" en août dernier quand plusieurs citoyens russes qui occupaient les principales fonctions au sein de la "République de Donetsk" ont été remplacés par des personnalités locales, dans un processus marquant apparemment un tournant dans la façon dont le Kremlin entendait voir des Russes impliqués officiellement dans la situation.
Avec la plus grande vigueur, Alexandre Zakhartchenko a toujours démenti la présence de soldats russes venus aider les rebelles de l'est de l'Ukraine. Il a aussi été l'un des participants aux négociations qui ont abouti aux accords de Minsk du 5 septembre, portant sur un cessez-le-feu et ouvrant théoriquement la voie à un processus de paix. "Nous respectons tout ce que nous avons signé à Minsk", a-t-il assuré vendredi 31 octobre devant des journalistes.
Dans le même temps, il a affirmé vouloir reprendre par la force plusieurs villes de l'est et du sud de l'Ukraine, dont le grand port de Marioupol actuellement sous contrôle ukrainien: "Nous devons récupérer tous les territoires qui nous appartiennent, par la négociation ou autrement", a-t-il insisté en affirmant "se préparer à la guerre" et s'attendre à la reprise "de combats de grande intensité".
A Lougansk, un nostalgique de Lénine
A Lougansk, le président de la "République" rebelle, Igor Plotnitski a lui aussi toutes les chances d'être élu, face à des candidats quasi-inconnus. Cet ancien militaire de 50 ans à la carrure massive s'est reconverti dans les affaires après la chute de l'URSS puis dans la défense des consommateurs. Après avoir occupé le poste de "ministre de la Défense" du territoire séparatiste, il a été nommé à la tête de la "République de Lougansk" en août dernier pour remplacer le leader séparatiste Valeri Bolotov, blessé dans un attentat.
Igor Plotnitski a été accusé jeudi par la justice de Kiev d'avoir transféré en Russie la pilote militaire ukrainienne, Nadia Savtchenko, capturée au cours de combats. La jeune femme est accusée par Moscou d'avoir participé à une opération ayant provoqué la mort de deux journalistes russes en juin dans l'est de l'Ukraine.
Très attaché au passé soviétique et à l'héritage communiste, comme la plupart des responsables rebelles, Igor Plotnitski a qualifié de "génocide moral" le démontage d'une statue de Lénine à Kharkov, grande ville de l'est de l'Ukraine restée sous contrôle de Kiev.
"Des terroristes et des bandits"
Alexandre Zakhartchenko ne se fait pas trop d'illusions sur la reconnaissance de sa république autoproclamée: "Très vraisemblablement, nous n'allons pas être reconnus. D'un côté, c’est mal. De l'autre, c'est très bien. Ne pas être reconnu signifie gagner plus et n’avoir aucune obligation internationale", a-t-il affirmé sans autre précision.
Le président ukrainien Petro Porochenko a dénoncé "les pseudo-élections que les terroristes et les bandits veulent organiser sur les territoires occupés" et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, à l'instar de Bruxelles, a estimé que le scrutin allait "sérieusement ébranler les accords de Minsk". Ces accords devaient être une première étape dans le processus de paix. Si la Russie a d'ores et déjà annoncé qu'elle reconnaîtrait le résultat de ces élections, Kiev, l'Union européenne et les Etats-Unis ont affirmé que ce scrutin n'avait pour eux aucune valeur.
Mais l'optimisme de Zakhartchenko sur le succès de ces élections, tout comme les accords de paix, n'empêchent pas la situation dans l'est ukrainien d'être explosive. Ces élections se déroulent alors que des combats meurtriers ont repris entre rebelles et forces ukrainiennes, faisant plus de 300 morts au cours des dix derniers jours et les autorités de Kiev ont annoncé samedi que sept soldats ukrainiens avaient été tués en 24 heures.
Aucune organisation internationale n'a envoyé d'observateurs pour ces élections qui se déroulent sans réelle campagne électorale, sans taux minimum de participation requis, et avec des candidats à peu près inconnus face aux leaders en place, tous défendant par ailleurs la même ligne politique: rejet du pouvoir de Kiev, indépendance et rapprochement avec la Russie. Le nombre de votants est incertain: sur les quelque cinq millions d'électeurs inscrits sur les listes électorales ukrainiennes avant le conflit, nombreux sont ceux qui ont quitté la région en raison des combats.
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