Burkina Faso : après la chute du président, deux militaires se déclarent chef de l'Etat
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Le colonel Isaac Zida se prononce chef de l'Etat de transition au Burkina Faso | AFP
INTERNATIONAL - Deux militaires se sont proclamés "nouveau chef de l'Etat du Burkina Faso", ajoutant de la confusion à la situation politique du pays africain au lendemain de la chute du président Blaise Compaoré, après 27 années d'un règne sans partage.
Vendredi 31 octobre dans l'après-midi, le chef d'état-major des armées, le général Nabéré Honoré Traoré, avait fait savoir qu'il assumerait les "responsabilités de chef de l'Etat", "conformément aux dispositions constitutionnelles", quand bien même l'intérim revient au président de l'Assemblée nationale en cas de "vacance" du pouvoir, selon les termes de la Loi fondamentale burkinabè. L'annonce, qui a provoqué la colère dans les rues de Ougadougou - le général Traoré étant considéré comme trop proche de l'ancien chef de l'Etat - a également provoqué des dissensions dans l'armée.
Le colonel Isaac Zida, à la tête d'un groupe de jeunes officiers, a multiplié les interventions, décidant dans un premier temps de la "suspension" de la Constitution. Puis il a annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes, confirmée par une source française, ainsi que la "prise du pouvoir" par "les forces vives de la nation et les forces armées nationales" qu'il représente. Fort du soutien d'importantes composantes de la société civile, dont le "Balai citoyen", organisation en pointe dans la mobilisation anti-Compaoré, le groupe a également déclaré qu'il mettrait prochainement en place un nouvel "organe de transition" favorisant un "retour rapide" à l'ordre constitutionnel.
L'espoir d'une "transition démocratique apaisée"
Dans la nuit de vendredi à samedi 1er novembre, le colonel Zida, devant les caméras d'une télévision privée, a à son tour déclaré qu'il "assumait" les responsabilités de "chef de la transition" et de "chef de l'Etat", invitant "l'ensemble des partis politiques et des organisations de la société civile" à définir les "contours" et "contenus" d'une "transition démocratique apaisée". Plus tard, lors d'une interview, il a qualifié de "caduques" les déclarations de son concurrent.
Ces deux hommes, au discours identique, prétendant au même poste, ont supplanté un troisième homme, le général en retraite Kouamé Lougué, pourtant favori de la foule. Les deux hommes devraient se rencontrer samedi 1er novembre, a-t-on appris auprès de leur entourage. Isaac Zida s'entretiendra également avec d'autres militaires, des diplomates et des responsables politiques, a-t-on ajouté de même source.
L'opposition ne s'est pas ouvertement positionnée. "C'est à eux de s'organiser. J'espère qu'ils vont s'entendre", a observé son chef, Zéphirin Diabré, interrogé par l'AFP au sujet de ces divisions entre militaires. "On s'attend à ce que l'armée nous dise ce qu'elle compte faire de la transition, nous leur dirons ce que nous pensons", a-t-il ajouté, espérant que cette transition vers un régime civil durerait moins d'un an.
Les partenaires du Burkina -- France, Etats-Unis, Union européenne -- ont exprimé leur attachement à une transition conforme à la légalité constitutionnelle. Le Burkina Faso n'a connu qu'un seul président ces 27 dernières années. Blaise Compaoré, arrivé en 1987 au pouvoir par un coup d'Etat, avait ensuite effectué deux septennats et s'apprêtait à achever son deuxième quinquennat.
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