Manuel Valls dénonce l'Europe : Paris pourrait repartir en guerre contre l'austérité à la rentrée
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Valls: "le risque de déflation est réel" par BFMTV
ECONOMIE - Une pique avant de prendre congé. Pour sa dernière interventionavant de partir en vacances, Manuel Valls n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. Sa cible: les instances européennes contre lesquelles la France pourrait bien repartir en guerre à la rentrée. Celle-ci "s'annonce difficile" sur le plan économique, a-t-il également reconnu.
A l'issue du séminaire gouvernemental qui s'est tenu ce vendredi 1er août à l'Elysée, le premier ministre a estimé que "les politiques économiques en zone euro ne sont pas efficaces". Il a pris pour exemple une croissance et une inflation plus basses que prévu, telles qu'Eurostat l'a mis en évidence jeudi.
Le chef du gouvernement a bien constaté une "certaine prise de conscience quant aux attentes des peuples en matière de croissance et d'emploi" mais elle "se traduit malheureusement par une terrible lenteur dans les faits". Manuel Valls a surtout déploré "l'absence de politique de change" ou encore une Banque centrale européenne (BCE) "impuissante" face à la faible inflation. Chose inédite de sa part, il a même évoqué le risque de déflation dans la zone euro (voir la vidéo ci-dessus).
C'est la deuxième fois en deux jours que la France pointe du doigt un tel danger. Jeudi, c'est le ministre des Finances Michel Sapin qui avait fait part d'une telle inquiétude. "La situation de la croissance en Europe n'est pas à la hauteur des espoirs que nous pouvions avoir. La situation en termes d'inflation est préoccupante", avait-il jugé.
La France compte sur la présidence italienne de l'UE
En déplacement à Rome, Michel Sapin avait assuré être "100% d'accord" avec les dirigeants transalpins, au moment où les deux pays peinent à relancer leur croissance. "Il ne peut être question de tourner le dos à l'effort de réduction des déficits et de la dette (et) nous avons besoin de réformes de structure en profondeur", a-t-il déclaré tout en réclamant des "politiques au niveau européen qui soutiennent la croissance".
Au cours d'une conférence de presse commune avec son homologue italien, le ministre des Finances a ajouté que "la France partage les priorités de la présidence italienne (de l'Union européenne). Il s'agit de trouver un meilleur équilibre entre le sérieux budgétaire et le soutien à la croissance. Nous avons une convergence totale dans le discours que nous devons traduire concrètement", a-t-il affirmé.
Par cette visite, Paris a confirmé chercher en Rome un allié de poids pour les prochains mois alors que les économistes sont très sceptiques sur les chances des deux pays de tenir leurs engagements budgétaires. Les chiffres pour la croissance 2014 en France qui seront annoncés à la mi-août devraient d'ailleurs confirmer les craintes. Mais pas question pour les deux parties de s'opposer trop frontalement à l'Allemagne.
Un pacte négocié avec les socialistes allemands?
Dans son allocution de vendredi, Manuel Valls s'est adressé à Angela Merkel dont on sait qu'elle est une apôtre du sérieux budgétaire. "Il ne s'agit pas de demander quelque chose aux Européens" sur la trajectoire budgétaire de la France, a répété le premier ministre, assurant que Paris avait déjà engagé un "effort colossal" d'économies, de 50 milliards d'euros. "Je me refuse à annoncer un effort supplémentaire", a-t-il ajouté. Implicitement, il confirme donc que le pays ne fera pas davantage pour revenir à tout prix sous les 3% de déficit, seuil imposé par les traités.
De quoi apporter du grain à moudre à ceux qui évoquent depuis jeudi un éventuel arrangement des dirigeants français avec les socialistes allemands qui sont membres de la coalition au pouvoir. Selon des médias outre-Rhin, François Hollande et Manuel Valls ont discuté avec Sigmard Gabriel (vice-chancelier allemand) d'un possible "pacte": Paris met tout en oeuvre pour appliquer strictement son plan de 50 milliards d'euros d'économie déjà annoncé, mais il s'en contente, y compris si cela ne suffit pas à entrer dans les clous des critères de Maastricht.
C'est dans ce contexte que la France négocie toujours un poste important pour Pierre Moscovici à la Commission européenne. Mais ses déclarations pourraient ne pas arranger les desseins de l'ancien ministre de l'Economie. En effet, Angela Merkel est réticente à l'idée de confier à Paris les clés de l'orthodoxie budgétaire européenne. Cette dernière allocution de Manuel Valls risque de ne pas la rassurer.
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