Sommet de la Celac à Cuba: un message aux Etats-Unis contre leur politique d'hostilité
Par Jean-Hervé DEILLER | AFP – il y a 7 minutesAFP/Pool/AFP - Les 33 pays de la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac) devraient envoyer un message fort aux Etats-Unis pour les enjoindre de réviser leur politique d'hostilité
Les 33 pays de la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac) devraient envoyer un message fort aux Etats-Unis pour les enjoindre de réviser leur politique d'hostilité à l'égard de Cuba, lors de leur 2e sommet mardi et mercredi à La Havane, estiment les analystes.
"Jamais depuis
1959 (l'avènement de la Révolution cubaine, NDLR) Cuba n'a reçu un soutien
régional aussi clair", souligne auprès de l'AFP l'analyste Arturo
Lopez-Levy, de l'université de Denver, aux Etats-Unis.
"La présence des
chefs d'Etats et de gouvernements d'Amérique latine et des Caraïbes réaffirme
le message continental de rejet de la politique des Etats-Unis d'isolement de
Cuba", estime-t-il.
La Celac, lancée en
décembre 2011 par l'ex-président vénézuélien Hugo Chavez décédé en mars 2013,
regroupe tous les pays du continent américain, à l'exception des Etats-Unis et
du Canada.
Le message devrait
pourtant rester vraisemblablement sans effet sur le sévère embargo imposé
depuis plus d'un demi-siècle par Washington au régime communiste cubain.
"Le message de la
Celac va être fort, clair et sûrement critique, mais il n'aura que peu d'effet
sur la direction américaine qui reste, malheureusement, conduite par des
intérêts domestiques", estime Michael Shifter, président du think-tank
Inter American Dialogue.
"La Celac a été
créée pour s'opposer aux Etats-Unis, mais les organisations régionales sont
nombreuses en Amérique latine" et "la réalité, c'est que la plupart
de ces pays ont des ambitions économiques qui sont très différentes de celles
de Cuba", selon Paul Webster Hare, ancien ambassadeur de Grande-Bretagne à
Cuba et professeur de relations internationales à l'Université de Boston, aux
Etats-Unis.
Deux des plus
importants pays d'Amérique latine, le Brésil et le Mexique, "restent des
partenaires commerciaux de premier plan pour les Etats-Unis",
souligne-t-il.
En fait, remarque Paul
Webster Hare, "l'intérêt viendra peut-être de la modération de la
rhétorique des Cubains contre les Etats-Unis, ce qui pourrait signaler un
intérêt de La Havane à élargir le dialogue avec Washington".
Le président cubain
"Raul Castro sait qu'il ne peut pas compter éternellement sur le soutien
économique du Venezuela et que la relation avec les Etats-Unis doit prendre une
nouvelle dimension", ajoute-t-il.
Reconnaissance
diplomatique
Dernière née de
nombreuses organisations régionales, la Celac est la dernière étape d'un
processus d'affirmation politique de l'Amérique latine face à l'influence des
Etats-Unis, en rassemblant des gouvernements de tous horizons politiques.
"Nous continuons
à tendre, malgré les difficultés, avec beaucoup d'efforts, vers un idéal d'une
Amérique latine et des Caraïbes diverses, mais unies", a affirmé le
président cubain Raul Castro, qui remettra mercredi la présidence temporaire de
la Celac à son homologue du Costa Rica, Laura Chinchilla.
Pour Raul Castro, qui
a hérité du pouvoir en 2006 à la faveur des problèmes de santé de son frère
aîné Fidel, ce sera non seulement le premier sommet régional de cette
importance qu'il organise, mais aussi une large reconnaissance diplomatique,
au-delà de ses alliés traditionnels, le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua et
l'Equateur, qui prendra la présidence de l'organisation en 2015.
Et aucun des
responsables régionaux n'a encore prévu de rencontrer de dissidents cubains,
malgré quelques appels de ces derniers à leur accorder une rencontre.
Lors du précédent
grand rendez-vous régional à Cuba, le sommet ibéro-américain de 1999, les
représentants de sept pays - dont l'Espagnol José Maria Aznar - avaient
provoqué l'ire des autorités cubaines en rencontrant des dissidents.
Plus de cent
dissidents ont été arrêtés par les autorités cubaines, à la veille de ce
sommet, ont dénoncé dimanche des mouvements d'opposition. Le dissident
Guillermo Fariñas a ainsi affirmé à l'AFP être assigné à domicile.
Le sommet sera aussi
l'occasion pour le président cubain d'inaugurer le "mégaport" de
Mariel, à 45 km à l'ouest de La Havane, en présence de son homologue
brésilienne Dilma Roussef dont le pays en a financé la construction, symbole de
l'ouverture de Cuba vers la modernité.
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