Centrafrique: manifestation à Bangui de plusieurs milliers de musulmans contre l'opération française
Le HuffPost/AFP | Publication: 22/12/2013 18h40 CET | Mis à jour: 22/12/2013 20h53 CET
CENTRAFRIQUE - Plusieurs milliers de musulmans, sympathisants de l'ex-rébellion Séléka, ont manifesté dimanche 22 décembre à Bangui contre l'opération militaire française Sangaris, après la mort le matin même de trois combattants Séléka dans un accrochage avec des soldats français lors d'une opération de désarmement.
Dans l'après-midi, les manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville de la capitale centrafricaine et ont ensuite marché pacifiquement sur une grande avenue vers le quartier musulman PK5, a constaté un vidéaste de l'AFP. La marche s'est déroulée sans incident.
Mise à jour :L'état major de l'armée française a confirmé dimanche soir qu'un accrochage a opposé dans la journée à Bangui un détachement de la force Sangaris à un groupe sans doute constitué d'ex-Séléka (groupe armé musulman), mais a refusé de donner un bilan chiffré du nombre de morts.La force Sangaris "a été amené à ouvrir le feu deux fois au cours de la journée, contre un groupe d'une demi-douzaine de personnes soupçonnés d'être des ex-Séléka, et contre un tireur isolé", a indiqué le colonel Pascal Georgin, adjoint au porte-parole de l'état-major. Dans le premier cas, les membres du groupe "allaient faire usage de leurs armes, qui étaient pointés contre nos troupes", a-t-il précisé.
"Non à la France", "Hollande criminel!", scandaient notamment les protestataires, qui entendaient dénoncer "la partialité" des militaires français déployés depuis début décembre en République centrafricaine (RCA), où ils tentent de mettre fin à des violences interreligieuses à grande échelle.
Dimanche matin, trois combattants Séléka avaient été tués dans un accrochage avec des soldats français, au cours d'une opération de désarmement des groupes armés dans un quartier nord de la ville, selon des sources concordantes. L'état-major français a refusé de s'exprimer sur le sujet jusqu'à présent.
Une première manifestation dispersée par des policiers congolais
L'incident avait provoqué une première manifestation de quelques dizaines de personnes, des sympathisants de l'ex-Séléka qui avaient bloqué une grande avenue allant à l'aéroport avant d'être dispersés par des policiers congolais de la force africaine en Centrafrique (Misca).
Près de 1600 soldats français sont déployés en RCA, dont un millier à Bangui, dans le cadre de l'opération Sangaris, déclenchée le 5 décembre au plus fort d'une vague de violences entre chrétiens et musulmans qui a fait près d'un millier de morts.
Les militaires français tentent depuis lors de désarmer les belligérants. Ils ont neutralisé en priorité les combattants de l'ex-Séléka, aujourd'hui pour la plupart désarmés et cantonnés.
Privés de la protection de ces Séléka dans la rue, de nombreux musulmans sont furieux de l'action des soldats français, s'estimant laissés à la merci des atrocités des milices chrétiennes "anti-balaka" et des exactions des chrétiens, très majoritaires dans la capitale.