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mercredi 4 septembre 2013

Oradour:Hollande et Gauck, main dans la main dans l'église avec un rescapé

Oradour:Hollande et Gauck, main dans la main dans l'église avec un rescapé




Les présidents allemand Joachim Gauck et français François Hollande, se sont reccueillis main dans la main mercredi dans l'église à Oradour-sur-Glane, théâtre du pire massacre nazi en France occupée, en compagnie d'un survivant, geste fort symbolique de cette première visite officielle d'un dirigeant allemand sur le site.
Un peu plus tard, au cimetière de la ville, où M. Gauck a écrit dans le livre d'or son "horreur" et son "dégoût" de ce qui s'est passé, les deux présidents se sont aussi longuement étreints.
Les deux hommes et leurs compagnes, vêtus de couleurs sobres, sont arrivés vers 14h30 sur les lieux où une unité de la division SS "Das Reich" a massacré 642 villageois, le 10 juin 1944, ne laissant que six survivants dont trois encore en vie.
En petit comité, guidé par l'un de ces derniers, Robert Hébras, 88 ans, du maire d'Oradour Raymond Frugier, ou de Claude Milord, président de l'association des familles de victimes, le groupe a entamé une visite du site.
Leur premier arrêt a été pour l'église, où ont été massacrés les femmes et les enfants, avant que leurs corps ne soient brûlés, les hommes étant exécutés par groupes ailleurs dans le village.
Dans l'église, les deux présidents se sont d'abord pris la main discrètement, tout en écoutant les explications de M. Hébras, qui a perdu là sa mère et ses s?urs. Quelques instants plus tard, devant l'émotion de M. Hébras, M. Hollande lui a pris la main, et M. Gauck lui a entouré les épaules avec son bras, puis les trois hommes se sont tenus main dans la main et épaule contre épaule quelques instants devant l'autel, M. Hébras entre les deux chefs d'Etat, dans un moment de très forte émotion.
Ce geste très symbolique, notamment entre MM Hollande et Gauck, fait écho à la poignée de mains entre le président François Mitterrand et le chancelier Helmut Kohl, en 1984, à Douaumont, près de Verdun, où se déroulèrent les combats les plus meurtriers de la première guerre mondiale.
Un peu plus tard, après avoir symboliquement parlé à des jeunes gens français et allemands, et avoir signé les livres d'or dans le cimetière, les deux présidents se sont donné une longue accolade, un autre geste fort. Les deux hommes devaient ensuite prononcer des allocutions, au Centre de la Mémoire d'Oradour.
"Horreur et dégoût"
Dans les livres d'or, François Hollande témoigne "respect, hommage, mémoire" à la commune d'Oradour. M. Gauck évoque "humilité et profonde reconnaissance pour l'invistation", et fait part de son "horreur, émotion et dégoût" devant "ce qui s'est passé sous commandement allemand" dans ce petit village de la Haute-Vienne. Il parle aussi de "la nouvelle Allemagne, pacifique et solidaire", assurant que "les choses resteront ainsi".
M. Gauck avait considéré mardi ce rendez-vous comme "le point culminant" d'une visite d'Etat de "dimension historique" en France et il avait déclaré avoir accepté l'invitation de François Hollande "avec un mélange de reconnaissance et d'humilité".
"Je voudrais tendre la main aux victimes en leur disant: je suis à côté de vous", a indiqué mercredi à Europe 1 le président allemand, né en 1940. "J'ai 73 ans, je suis né pendant la guerre, j'ai été imprégné de cette discussion sur notre culpabilité (...). Je dirai aux victimes et leurs familles: nous savons ce qui a été fait".
Le calendrier se prête particulièrement à une telle visite, à l'approche du 70ème anniversaire de la Libération, du centenaire de la guerre 1914-1918, et pendant l'année franco-allemande, sur le point de s'achever, qui marquait le cinquantenaire du traité de l'Elysée signé entre le président Charles de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer en 1963.
François Hollande avait rendu mardi un hommage appuyé à la décision de Joachim Gauck de se rendre à Oradour. Cette visite "sera un symbole, le symbole d'une histoire, d'un passé qui se regarde en face, d'une vérité qui doit être dite, prononcée, proclamée, reconnue", mais elle "nous oblige à aller, une fois reconnu le passé, dans la préparation audacieuse de l'avenir", a déclaré le président français.
Le président allemand s'est déjà rendu sur plusieurs sites de massacres nazis, notamment en octobre 2012 à Lidice, près de Prague, puis en mars 2013 en Toscane, demandant le pardon pour les fautes de l'Allemagne hitlérienne.
Parmi les invités, mercredi, figure aussi le maire PS de Strasbourg, Roland Ries, alors que 13 Malgré-nous, les Alsaciens enrôlés de force dans l'armée hitlérienne, figuraient dans la division SS qui a commis le massacre. M. Ries, dont le père a été lui-même incorporé de force, a déclaré sur France Bleu Alsace mercredi "penser que François Hollande s'exprimera sur le drame des Malgré-Nous".
"L'idéal, a-t-il espéré, serait que (M. Gauck) fasse la même chose". Pour lui, "il s'agit d'une forme de négation du droit des peuples lorsqu'on les oblige à revêtir un uniforme qui n'est pas le leur et à combattre contre leur mère-patrie. C'est un crime de guerre sous une autre forme".


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