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mercredi 16 mai 2018

L'UE désunie sur la reconnaissance de Jérusalem


16 mai 2018

L'UE désunie sur la reconnaissance de Jérusalem

Des diplomates européens étaient présents à l'inauguration de l'ambassade américaine

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ERDOGAN DÉNONCE UN " GÉNOCIDE "
" Israël sème le terrorisme d'Etat. Israël est un Etat terroriste ", a accusé le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lundi 14 mai. " Je condamne ce drame humanitaire, ce génocide, d'où qu'il vienne, d'Israël ou d'Amérique ", a poursuivi le chef de l'Etat, qui a décrété trois jours de deuil national et annoncé pour vendredi un vaste rassemblement de protestation. La Turquie a, dans le même temps, rappelé pour consultation ses ambassadeurs à Tel-Aviv et à Washington. -L'Afrique du Sud a, par ailleurs, pris une décision similaire, rapatriant son représentant en Israël " jusqu'à nouvel ordre ".
Agir " avec la plus grande retenue " : c'est le même appel qui a été lancé, lundi 14  mai, dans la plupart des capitales européennes après la répression sanglante des manifestations dans la bande de Gaza. Après Emmanuel Macron, qui a réaffirmé " la désapprobation de la France à l'encontre de la décision américaine d'ouvrir une ambassade à Jérusalem " et " condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants ", la Grande-Bretagne exprimait son " inquiétude " etfaisait savoir qu'elle désapprouvait toujours l'initiative des Etats-Unis. En Irlande, le ministre des affaires étrangères, Simon Coveney, estimait que ce déménagement avait " enflammé une situation déjà très tendue ".
A Bruxelles, la haute représentante de l'UE pour la diplomatie, Federica Mogherini, demandait " à toutes les parties d'agir avec la plus grande retenue afin d'éviter des pertes de vies humaines supplémentaires "" En ce moment, nous aurions besoin de sagesse et de courage pour retourner à des négociations en vue d'une solution politique, dans l'intérêt mutuel des Israéliens, des Palestiniens et de toute la région ", ajoutait Mme  Mogherini. Celle-ci avait, au début de son mandat européen, fait d'un plan de paix avec une solution à deux Etats son principal objectif. Lundi, elle estimait encore que c'était le seul moyen pour les deux parties de " réaliser leurs aspirations et faire cesser le conflit ", et répétait la volonté de l'Union à travailler " avec les deux parties et ses partenaires au sein de la -communauté internationale ".
Le texte ne mentionnait pas le rôle des Etats-Unis dans la crise actuelle, soulignant seulement que l'UE continuerait, elle, à respecter la résolution de l'ONU sur le statut de Jérusalem et la " localisation des représentations diplomatiques ". Le ministre luxembourgeois des affaires étrangères, Jean Asselborn, était plus explicite en soulignant sur Twitter que Washington – qui a par ailleurs bloqué lundi l'adoption d'un communiqué du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à une enquête indépendante sur les événements à Gaza – avait enfreint cette résolution.
ConséquencesComme dans bien d'autres domaines, l'Europe n'était toutefois pas unanime, comme l'a illustré la présence, lors de l'inauguration de la nouvelle ambassade américaine à Jérusalem, de diplomates de certains pays membres de l'Union. Trois d'entre eux, la Roumanie, la Hongrie et la République tchèque, s'étaient opposés à la publication d'un communiqué commun condamnant le transfert de l'ambassade américaine.
En avril déjà, alors que l'UE s'efforçait de relancer un processus de paix et s'inquiétait des conséquences de la décision de l'administration Trump, certaines capitales évoquaient l'hypothèse d'un transfert de leurs propres services diplomatiques vers Jérusalem. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait plaidé à Bruxelles, en février, pour une telle décision qui, disait-il, rendrait la paix " possible ". Mme  Mogherini parlait plutôt d'un projet qui ne ferait qu'encourager l'extrémisme dans les deux camps. Outre des pays de l'Est, Chypre, la Grèce et la Lituanie ont semblé contester ce point de vue, sans émettre officiellement une opinion divergente.
Jean-Pierre Stroobants
© Le Monde

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