Dans un monde qui glisse vers un contrôle technologique croissant, BitChat, une messagerie sans internet, sans serveur, sans identité et impossible à étouffer, joue les trouble-fêtes. L'app de Jack Dorsey, open source et reproductible à l'infini, a déjà servi d'outil de communication clandestine lors de la crise au Népal. Une démonstration que le contrôle total reste un horizon impossible. Depuis plusieurs mois, nous documentons la montée d'un régime de contrôle numérique porté par les institutions européennes : extension de la censure par des règlements successifs, arrivée de l'identité et de l'euro numérique, multiplication des organes supranationaux de normalisation idéologique... Pour nombre d'observateurs, ces dynamiques révèlent un glissement où la maîtrise technologique sert et accroît un pouvoir toujours plus intrusif, au point d'évoquer d'éventuelles dérives autoritaires. Mais la technologie garde une longueur d'avance et certaines innovations finissent par ouvrir des brèches. BitChat est un bon exemple. Cette application de messagerie créée, en un week-end, par Jack Dorsey (entre autres cofondateur de Twitter), fonctionne sans internet, sans réseau, sans serveur et garantit un anonymat total. Dans une UE où le smartphone deviendra de facto obligatoire (juridiquement, l'UE n'impose pas le smartphone ; mais techniquement, elle conçoit un système qui ne peut fonctionner qu'avec), cette densité d'appareils pourrait, ironiquement, créer les conditions d'un réseau d'échanges hors de contrôle, offrant des marges de liberté que les systèmes centralisés voudraient justement éliminer. Concrètement, chaque téléphone qui installe BitChat devient à la fois émetteur et relais. Deux appareils proches physiquement (rayon de 15m, mais potentiellement plus) se connectent via Bluetooth et peuvent échanger des messages directement. Pour joindre quelqu'un plus loin, les autres téléphones servent de relais jusqu'au destinataire. L'ensemble forme un « réseau maillé », un tissu où la portée dépend du nombre de personnes physiquement présentes. Tout est chiffré de bout en bout, les téléphones qui servent de relais ne lisent rien, ils ne font que contribuer à la transmission du message. Une sorte de téléphone arabe moderne où le message ne se déforme pas et reste confidentiel. En théorie, car si des mét… Raphaël Lepilleur |
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