Vous croyez être un « bon papa » d’aujourd’hui (ou être en couple avec un « bon papa » d’aujourd’hui), sensible, attentionné, hyperinvesti auprès de ses enfants ? Avoir largement passé notre test de « nouveaupapaïtude » ? Alors il y a des chances que « Etre un père féministe, mission impossible ? » (Textuel), par Myriam Chatot et Marine Quennehen pique un peu là où ça fait mal. Recommandé dans notre guide d’idées de cadeaux de Noël, cet essai démontre, statistiques et enquêtes de sciences humaines à l’appui, que l’implication des « nouveaux pères » est encore largement verbale et fort peu concrète, même dans les couples qui se proclament « à égalité ».
Les deux autrices, sociologues, ne cherchent pas à accabler les hommes ni à leur faire la morale. Simplement à regarder la réalité en face : si ces messieurs agissent globalement en tire-au-flanc, c’est évidemment parce que c’est commode, mais aussi parce que tout dans le patriarcat les y encourage, et ce dès la première grossesse.
Et puis, devenir un « père féministe » réclame de s’investir là où ça compte, pas forcément là où c’est valorisant : il s’agit de prendre en charge son lot de tâches routinières peu gratifiantes (pas juste donner le biberon, mais le laver ensuite), plutôt que de s’investir selon ses disponibilités – ce que les autrices appellent la « paternité conditionnelle ». Il s’agit aussi d’anticiper échéances et corvées plutôt que de se réfugier dans un « on verra sur le moment » très masculin. Et même, oui, de mettre peut-être sa carrière professionnelle entre parenthèses. En somme, de faire comme la plupart des mamans.
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