Vendredi 5 décembre – #88 : Pourquoi le solde naturel est une bonne nouvelle pour votre solde bancaire ?
BONJOUR ! Ras le bol des rapports de la Cour des comptes consacrés aux hausses d’impôts ? Moi aussi ! Ce n’est pas une raison pour bouder toute la littérature des sages – pas toujours éclairés... – de la rue Cambon. Prenez leur étude dédiée à l’impact de la démographie sur les finances publiques : passionnant (et effrayant). Pour les abonnés à l’Opinion, je conseille l’article de Marc Vignaud : Comment le tsunami du vieillissement s’apprête à submerger les finances publiques françaises...
Freak. A la manière de Freakonomics, cet ouvrage d'économie très sérieux qui répond à des questions foutraques (quel est le point commun entre une prostituée et un Père noël de grand magasin ?, pourquoi les kangourous sont plus efficaces qu’Al Gore pour sauver la planète ?, en quoi le Ku Klux Klan ressemble-t-il à un groupe d’agents immobiliers ?...), je vous propose, chers xoomers, de répondre à cette question clé (à partir des données de la Cour des comptes donc) : pourquoi le solde naturel devenu négatif est une bonne nouvelle pour votre solde bancaire ?
1–La France, beau et vieux pays : le solde naturel (naissances – décès) est devenu négatif en mai 2025, amorçant un déclin démographique inédit. La part des 65 ans et plus est passée de 16,3 % en 2005 à 21,8 % en 2024, et atteindra 28,9 % en 2070. Les 75 ans et plus passeront de 7,3 à 11,2 millions d’ici à 2040. Temps de débat à l’Assemblée nationale sur cet automne démographique : proche de zéro...
2–Le vieillissement est un naufrage... budgétaire : les dépenses liées au vieillissement représentent déjà plus de 40 % des dépenses publiques (+11 points depuis 1998). Les retraites pèsent 14 % du PIB (contre 11,5 % en zone euro), et continueront d’exploser. Sans ajustement, les dépenses publiques grimperont à 60,8 % du PIB en 2070, niveau jamais vu en temps de paix (hors Covid). Serons-nous toujours dans la même société d’initiative et de responsabilité (car il faudra bien que la pression fiscale croisse au même rythme) ? Sans action, dit la Cour des comptes, les recettes publiques décrocheront face aux dépenses retraites/santé/dépendance, en hausse de 20 % – un crash budgétaire.
3–Une croissance molle, molle, molle : la population en âge de travailler (20-64 ans) chutera de 38 à 34,6 millions, érodant les recettes fiscales de 10 % du PIB potentiel. Le repli démographique freine la croissance, via un tassement de la productivité et de l’innovation, dû au manque de travailleurs. L’immigration n’est « pas une solution miracle », assure la Cour des Comptes : ses effets nets sur les recettes sont limités et ambigus. Vous le savez, mais voilà un autre chiffre incroyable : le ratio actifs/retraités se dégrade, un actif pour un retraité en 2070, contre deux aujourd’hui. Les jeunes actifs se préparent une vie de misère.
4–L’expérience est une opportunité : c’est la base line de GenXO, mais la Cour des Comptes dit la même chose, en des termes plus technos... La décennie 60-70 ans devient cruciale. Son activité pro reporte les ajustements budgétaires de plusieurs points de PIB. Rien n’est perdu : le taux d’emploi des seniors a progressé de près de 30 points depuis 2000, avec un bond spectaculaire chez les 60-64 ans (11% à 42% – merci les réformes des retraites!). Malgré cela, la France reste 17e en Europe en termes de taux d’emploi des seniors. Calcul effectué par le Sénat : en 2024, 60 % des 55-64 avaient un emploi en France (75 % en Allemagne) ; réintégrer 590 000 personnes de cette tranche d'âge, c’est un gain budgétaire net de 5,8 milliards d’euros !
5–La Cour des comptes alerte : l’inaction reporte les ajustements, menant à une « situation critique » d’ici 2040 – un horizon proche. Le maintien dans l’emploi des seniors contribue fortement à la croissance du PIB par habitant, freinée sinon par le vieillissement. Vous voulez d’autres phrases du même type, relevées dans le rapport ? En voilà une : l’embauche des seniors est un levier efficace contre la pénurie de talents constatée dans de nombreux secteurs. Une autre : leur valeur sociétale dépasse l’économie, renforçant la solidarité sociale et combattant l’isolement. Et la classique : encourager leur activité, même partielle, est une clé pour équilibrer durablement les régimes de retraite et la protection sociale.
6–Passez à l’attaque : dans l’Opinion, Pierre-André de Chalendar, président de l’Institut de l’entreprise, interrogé par Sarah Spitz, est lucide, mais aussi optimiste : « Après avoir fait partir trop de seniors dans les trente dernières années et perdu des savoir-faire et des compétences, les entreprises s’aperçoivent que la diversité d’âge est une grande richesse ». Je ne cesse de l'écrire : les salariés expérimentés sont la solution. Il y a les xoomers qu’il faut réintégrer dans l’activité. Ceux à qui il faut permettre d’organiser un passage vers la retraite « à la carte ». Et ceux qui, en entreprise ou à leur compte, doivent être valorisés, dorlotés. Le déclin démographique est une opportunité de carrière...
GénXO. GénXO, c’est un X comme eXpérience et un O comme Opportunité, pour les actifs suractifs de plus de 55 ans, qui ont envie de vivre une vie professionnelle sans fin ou presque. Et puisque on appelle désormais les membres de la Génération Z les zoomers, je propose de baptiser notre communauté les xoomers. Partagez X’O, suivez-nous sur LinkedIn !
Rémi Godeau, rédacteur en chef de l’Opinion
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