4 novembre 2025
Zohran Mamdani, jeune démocrate socialiste et musulman de 34 ans, est élu maire de New York, aux États-Unis d’Amérique.
Ce triomphe, indépendamment du fait qu’il redonne pas mal d’énergie dans une époque très – très - lourdement plombée par l’extrême droitisation des esprits, est remarquable à de multiples titres.
Il l’est d’abord parce que Mamdani est littéralement parti de rien - puisque lorsqu’il s’est lancé dans sa campagne municipale il y a un an, les sondages lui promettaient une défaite écrasante face à des concurrents disposant des ressources financières à peu près illimitées que leur garantissait leur étroite proximité avec le grand capitalisme.
Ce succès est aussi notable parce que Mamdani a gagné en assumant jusqu’au bout un programme qui prévoyait notamment de faciliter l’accès de tous les New Yorkais à un logement décent et à une nourriture correcte et abordable, et qui n’avait donc strictement rien de révolutionnaire, mais qui le situait de fait à gauche de la gauche démocrate américaine ; et parce qu’il a mené avec le soutien de sa base une campagne de terrain absolument extraordinaire, qui a notamment démontré qu’il était encore possible de gagner une élection en faisant de la politique de façon intelligente et respectueuse des électeurs – on espère au passage, même si on y croit très modérément, que le Parti socialiste français a pris bonne note de cette instructive leçon.
Mais la victoire de Mamdani est surtout remarquable parce qu’au fur et à mesure qu’il progressait dans les sondages et qu’il devenait de plus en plus évident que ce jeune socialiste musulman qui a toujours revendiqué sa complète solidarité avec les Palestiniens serait le prochain maire de New York, il est devenu la cible d’une campagne d’invectives et de menaces racistes d’une violence ahurissante des droites étasuniennes, qui l’ont présenté comme un « communiste », comme un « islamiste » - et bien sûr comme un « antisémite », puisque cette accusation est, de nos jours, systématiquement instrumentalisée des deux côtés de l’Atlantique pour dénigrer la gauche.
De fait : en France aussi, Mamdani a été accablé de calomnies et de diffamations par la droite radicalisée et par ses journalistes d’accompagnement - et par exemple par l’hebdomadaire Le Point, propriété du groupe Pinault, qui a publié quelques jours avant l’élection new yorkaise une chronique parfaitement dégueulasse de l’éditocrate Bernard-Henri Lévy, alias BHL, expliquant très sérieusement que si Mamdani remportait cette élection il y aurait « un maire antisémite à New York ».
Dans le monde réel, Mamdani, qui a notamment recueilli les suffrages de très nombreux Juifs new yorkais, n’est bien sûr pas antisémite : l’une de ses premières priorités, après sa victoire, a d’ailleurs été de rappeler très fermement et très nettement que l’antisémitisme n’avait pas sa place dans sa ville.
Mais il reste constant dans son soutien aux Palestiniens et dans sa dénonciation des immenses crimes perpétrés par l’armée israélienne à Gaza, et c’est ce que ne lui pardonnent pas les truqueurs qui minimisent ou qui nient la gravité de ces crimes - et qui sont toujours prêts, pour mieux justifier leur soutien à l’État génocidaire israélien, à instrumentaliser le combat contre la haine raciste.
5 novembre
24 heures après l’élection de Mamdani, Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste français, dont la principale contribution à l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens consiste depuis plus d’un an à sauver des gouvernements illégitimes qui prennent l’argent des pauvres pour le distribuer aux riches, déclare très sérieusement qu’« en France, Mamdani serait socialiste ».
Cette extravagance n’appelle aucun commentaire particulier – sinon celui-ci : par les temps qui courent, ça fait toujours du bien de rigoler un peu.
5 novembre
Le journal Libération et le site Mediapart diffusent des vidéos inédites, filmées par les forces de l’ordre, de l’abominable répression qui s’était abattue en mars 2023 sur les manifestants réunis à Sainte-Soline pour protester contre la construction illégale d’une mégabassine catastrophique pour l’environnement et la biodiversité.
Il y a bien sûr beaucoup à dire de ces images révoltantes, qui montrent des gendarmes surexcités se délectant bruyamment des blessures et mutilations infligées à des militants qu’ils agonissent par ailleurs d’injures abjectes.
On peut notamment relever ceci : petit un, l’ordre donné à ces gendarmes de procéder à des tirs tendus de grenades lacrymogènes ou explosives est venu d’en haut - alors que de tels tirs, en raison de leur extrême dangerosité, sont, en principe, formellement interdits.
Petit deux : le ministre macroniste de l’Intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, qui avait promis vingt-quatre heures avant le rassemblement de Sainte-Soline des « images extrêmement dures », devrait d’urgence être convoqué devant la justice, afin d’être interrogé notamment sur ce qu’il savait de ces instructions, et d’un déchaînement de violence qu’il avait donc annoncé avec deux jours d’avance.
Petit trois : cette convocation devrait être grandement facilitée par le fait que par une heureuse coïncidence, ce même Gérald Darmanin est aujourd’hui ministre de la Justice.
On ne doute évidemment pas qu’il va donc très rapidement s’autoconvoquer, pour s’autodemander de s’autoexpliquer sur les gravissimes manquements relevés il y a deux ans à Sainte-Soline, car on n’imagine bien sûr pas que ce haut personnage puisse ne pas vouloir faire toute la lumière sur cet énorme scandale.
6 novembre
L’orchestre national d’Israël donne à la Philharmonie de Paris un concert qui est brièvement interrompu par des défenseurs du droit international qui brandissent quelques fumigènes, et qui rappellent pacifiquement que l’armée israélienne extermine depuis deux ans les Palestiniens de Gaza.
Immédiatement : des spectateurs dont le moins qui se puisse dire est que la musique n’adoucit pas leurs mœurs se ruent vers ces protestataires pacifiques pour les rouer de coups - sous les encouragements haineux d’une partie du public.
Mais dans les heures qui suivent, la presse et les médias mainstream installent un récit complètement truqué de cette soirée, pour imputer ces violences à leurs victimes – et l’éditocrate Bernard-Henri Lévy s’illustre une nouvelle fois par un surcroît indécence, en postant ceci sur X (ex-Twitter) : « Jusqu’où ira la mise au ban des artistes juifs et, en général des Juifs ? Jusqu’à la violence ultime ? Le Lynchage ? »
Ce message est intéressant, parce qu’il constitue un exemple parfait de la manière dont les souteneurs du gouvernement israélien réécrivent désormais la réalité en temps presque réel.
Car tout est faux et mensonger, dans ces trois phrases de BHL - puisque dans le vrai monde, répétons-le : les artistes de l’orchestre national d’Israël, loin d’être mis au ban, ont au contraire été invités à se produire à la Philharmonie de Paris, et les seules violences qui ont été perpétrées lors de ce concert l’ont été par les spectateurs ayant effectivement essayé de lyncher les militants venus rappeler pacifiquement que l’État hébreu commet des atrocités à Gaza.
7 novembre
Claire Hédon, Défenseure des droits, publie un avis retenant le caractère « raciste » de l’agression ultraviolente du producteur de musique Michel Zecler, qui avait été passé à tabac par des policiers au mois de novembre 2020.
Claire Hédon souligne qu’alors que l’Inspection générale de la police nationale a mené une « remarquable » enquête administrative sur ces violences et a proposé dès le mois de juillet 2021 au préfet de police de Paris de faire comparaître leurs auteurs devant un conseil de discipline, ce même conseil, cinq ans plus tard, ne s’est toujours pas réuni.
Question : qui était préfet de police de Paris, entre 2022 et 2025 ?
Réponse : un certain Laurent Nunez, qui est aujourd’hui ministre de l’Intérieur, et dont on devine évidemment qu’un peu comme Darmanin avec le scandale de Sainte-Soline, il ne va plus tarder à se demander à lui-même pourquoi il est resté si longtemps inerte, face à des violences racistes désormais caractérisées.
7 novembre
L’éditocrate réactionnaire Franz-Olivier Giesbert est invité sur Franceinfo, média d’état, dans le cadre de sa tournée de promotion de son dernier livre - qui raconte en substance que la France était quand même beaucoup plus agréable à vivre à l’époque où il y avait moins d’immigrés incontrôlés et plus de jolies chansons de Michel Sardou célébrant la peine de mort ou le temps des colonies.
Profitant de la tribune qui lui est ainsi offerte par une radio publique, Giesbert, qui ne reste jamais plus de quelques jours sans répéter qu’il faut absolument réduire la dépense publique, fustige une nouvelle fois ce qu’il a appelle « l’État-nounou » - qui selon lui « ne peut pas fonctionner indéfiniment », car il est beaucoup trop dépensier, et devrait donc urgemment revoir à la baisse ses distributions d’aides sociales.
À ce moment-là, bien sûr : l’intervieweuse de cet imprécateur droitiste pourrait faire le choix judicieux de lui rappeler que lui-même a littéralement fait toute sa carrière dans des journaux et magazines gavés d’aides publiques à la presse - et qu’il est par conséquent l’un des plus constants profiteurs de cet État-providence dont il répète en boucle qu’il est trop généreux.
Mais plutôt que d’importuner son invité avec ce genre de détail inutile, cette prévenante journaliste préfère lui poser cette question qui nous renseigne très utilement sur le niveau moyen et les croyances profondes de certains collaborateurs et collaboratrices de Franceinfo : « Qui aura le courage de dire : "L’État Providence, ce n’est plus possible, il va falloir l’adapter" ? »
12 novembre
Le Figaro, le journal ultraréactionnaire du groupe Dassault, publie un article quelque peu alarmiste dont le titre annonce que « l’élargissement de la suspension de la réforme » des retraites va coûter « 200 millions d’euros en 2026 puis 500 millions en 2027 ».
Dit comme ça, évidemment : c’est très impressionnant. Et ça tombe très bien, puisque précisément, l’objectif du Figaro est de persuader son lectorat que la simple suspension de cette réforme - dont une large majorité de Français réclame en réalité l’abrogation pure et simple - serait une « abomination » horriblement onéreuse, puisqu’elle coûterait donc 200 à 500 millions d’euros par an à la collectivité.
Mais ces montants, qui paraissent donc très considérables à première vue, sont tout à fait modiques, si on les compare à d’autres dépenses publiques, incomparablement plus coûteuses.
En 2011, par exemple : deux sénateurs avaient relevé, dans un avis parlementaire passé relativement inaperçu, que cette année-là, le développement du Rafale, le nouvel avion de combat du groupe Dassault, avait déjà coûté à l’État français la bagatelle de 43,56 milliards d’euros – une fort coquette somme.
Pour le dire autrement : cet avion, qui a ensuite été vendu par le groupe Dassault à quelques acheteurs très moyennement recommandables, comme l’Égypte du maréchal Sissi, avait déjà coûté à ce moment-là 215 fois plus cher que la suspension de la réforme des retraites.
Mais bien sûr : à aucun moment Le Figaro du groupe Dassault n’avait considéré qu’une telle dépense était abominable.
13 novembre
Le très recommandable média en ligne Orient XXI publie une remarquable tribune du sociologue franco-palestinien Sali Hanafi consacrée au « lendemain de la guerre à Gaza ».
Son auteur explique, dans un paragraphe introductif, que cette tribune lui a été commandée quinze jours plus tôt par le journal Le Monde, qui a finalement refusé de la publier, au motif qu’elle évoquait le « droit des Palestiniens à la résistance armée » et que cela ne correspondait pas à « la manière d’aborder les choses » de ce vénérable quotidien dit « de référence ».
Pour stupéfiant que cela puisse paraître, Le Monde semble donc toujours ignorer, en cette fin d’automne 2025, qu’il y a fort longtemps, comme le rappelle Sali Hanafi, que le droit international reconnaît précisément ce droit aux Palestiniens à la résistance armée.
14 novembre
Après avoir donc retoqué la tribune commandée à Sali Hanafi, Le Monde publie en revanche une étonnante harangue de la sociologue militante Nathalie Heinich justifiant la censure d’un colloque sur la Palestine qui devait se tenir aujourd’hui au Collège de France - mais qui a été annulé après l’intervention de plusieurs groupes de pression et de Philippe Baptiste, ministre de l’Enseignement supérieur.
En l’espace de deux semaines, donc, Le Monde a d’abord refusé de publier une excellente tribune sur le devenir des Palestiniens, mais a ensuite accepté d’en publier une autre qui approuvait l’interdiction d’un colloque universitaire consacré à la Palestine : vu de loin, ça pourrait presque commencer à ressembler à quelque chose comme une ligne éditoriale assez surprenante.
15 novembre
Avertissement au lecteur : dans ce bloc-notes, on s’attarde un peu plus longuement que d’habitude sur la façon dont la presse et les médias mainstream traitent – ou maltraitent – l’actualité, parce que, comme l’ont relevé les camarades de l’association Acrimed dans le dernier numéro de leur excellente revue trimestrielle de critique des médias, la façon dont le journalisme dominant organise le « débat public » est « un symptôme » toujours plus inquiétant « de la radicalisation de la classe dirigeante et de ses relais », qui nous rappelle, comme le dit aussi Acrimed, « l’urgence » d’inscrire « la question des médias » dans le champ politique.
Bien sûr, quand ce sont des journaux et magazines réactionnaires qui entortillent les faits et qui usent régulièrement d’un vocabulaire destiné à biaiser leur présentation et leur interprétation : on est très moyennement surpris – puisque qu’il y a pas mal de temps déjà que ces titres lourdement subventionnés ne font même plus semblant de ne pas être des organes de propagande droitistes.
Mais il est plus préoccupant que des rédactions qui sont généralement considérées comme moins partiales fassent elles aussi preuve, pour le dire gentiment, d’une légèreté qui a évidemment des effets politiques très concrets.
En ce 15 novembre, par exemple, et pour revenir à ce quotidien qui est toujours considéré comme l’arbitre des élégances journalistiques, l’éditorialiste anonyme du Monde, reprenant l’une des rengaines préférées du bavardage dominant, écrit que La France insoumise « instrumentalise les défilés dénonçant la passivité de la France et de l’Union européenne devant l’hécatombe à Gaza ».
Bien évidemment, et comme toujours en de tels cas : ce commentateur ne produit aucun élément susceptible d’étayer cette affirmation rocambolesque, dont le lectorat du Monde était donc prié de croire qu’elle se suffit à elle-même - comme s’il s’agissait d’une vérité révélée.
Mais il est vrai aussi que de tels raccourcis épargnent à ce lectorat la fatigue d’avoir à se poser quelques questions relativement basiques, et de se demander par exemple si le fait que la gauche insoumise dénonce depuis deux ans les gigantesques massacres perpétrés à Gaza par l’armée israélienne ne signifie pas, tout simplement, que cette gauche fait preuve d’une sensibilité relativement ordinaire aux souffrances des Palestiniens…
…Ou de se demander pourquoi la presse et les médias mainstream réservent ce genre d’attaques fielleuses à cette seule gauche – et ne prétendent jamais, par exemple, que les partis de droite instrumentalisent les manifestations de soutien à l’État israélien ?
15 novembre
Une messe en hommage au maréchal Pétain, autorisée par le très serviable archevêque de Metz, est célébrée à Verdun.
À l’issue cette émouvante cérémonie, l’un des organisateurs explique que Pétain, collaborateur actif du Troisième Reich et ordonnateur de la déportation de plusieurs dizaines de milliers de Juifs vers les camps d’extermination nazis, a été « le premier résistant de France ».
Cette profération révisionniste soulève une assez vive indignation, et le parquet de Metz ouvre aussitôt une enquête pour contestation de crimes contre l’humanité – mais la vérité oblige à rappeler que la sanction de ce type d’obscénités n’expose aujourd’hui à aucune réprobation particulière, puisqu’Éric Zemmour, condamné en appel à 10 000 euros d’amende au mois d’avril dernier pour avoir quant à lui soutenu que Pétain avait « sauvé les Juifs français », est toujours considéré comme un hôte de choix par la plupart des rédactions parisiennes, comme par exemple celle du Figaro, qui manque rarement une occasion de lui ouvrir ses pages.
18 novembre
Une obscure revue publie un sondage réalisé par l’Ifop, qui met en évidence, selon ses commanditaires, une radicalisation « des jeunes musulmans ».
Ce sondage, dont plusieurs organisations musulmanes considèrent qu’il « viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d’opinion », qu’il « se fonde sur des questions orientées » et qu’il « se focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques », est, comme de juste, chaudement acclamé par la presse réactionnaire, qui ne rate jamais une occasion d’entretenir dans l’époque un climat de défiance et d’hostilité à l’égard de la religion musulmane.
Dans ce concert de louanges, un journal, une fois de plus, s’illustre par une extravagance particulière : c’est Le Figaro du groupe Dassault, qui publie pour l’occasion un éditorial appelant à résister à ce qu’il nomme « l’islam conquérant ».
L’auteur de cet édito - Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction -, affirme notamment que La France insoumise a « pris le parti de l’islam radical », et que cela se voit notamment dans le fait que Jean-Luc Mélenchon a « appelé la jeunesse étudiante à « poser “des drapeaux palestiniens partout où c’est possible“ ».
Dans le monde réel : il n’y a bien sûr aucun rapport entre l’islam et la dénonciation du massacre des Palestiniens, qui mobilise des militants de toute appartenance et de toute confession.
Mais le raccourci emprunté par cet éditorialiste du Figaro, qui passe donc en l’espace de quelques lignes de la stigmatisation des musulmans à celle des Palestiniens, offre un édifiant aperçu de l’imaginaire de la presse réactionnaire, qui, donc, n’en finit jamais d’entretenir dans l’opinion le fantasme d’un danger arabo-musulman.
18 novembre
La Cour des comptes publie un rapport consacré au pacte Dutreil – un dispositif fiscal qui allège très considérablement l’impôt sur la transmission de certaines entreprises familiales.
Comme le relève le très estimable journal L’Humanité, ce mécanisme coûte à la collectivité la bagatelle 5 à 8 milliards d’euros par an – et il profite principalement à une minuscule minorité de 1% des héritiers.
Concrètement : 110 personnes se sont ainsi partagé la coquette somme de trois milliards et demi d’euros d’exonérations fiscales en 2024.
Plus généralement, et comme l’a montré une note récemment publiée par la Fondation Jean Jaurès - qui n’est pas exactement un repaire de gauchistes énervés - ce sont 9 000 milliards d’euros qui vont être transmis par les Français les plus âgés à leurs enfants dans le cours des quinze prochaines années, pour le plus grand bénéfice, là encore, d’une minorité de privilégiés.
9 000 milliards d’euros, c’est à peu près trois fois le montant de la dette publique française, dont la droite ne cesse de brailler qu’il faut absolument la réduire pour éviter un désastre économique et financier.
Et bien sûr, ces chiffres pourraient inspirer quelques idées simples et de bon goût, comme celle de prélever une petite partie de ces héritages pour combler le déficit public qui nous est quotidiennement présenté comme catastrophique.
Mais pour les idéologues qui prospèrent dans le creusement des inégalités, il n’est évidemment pas question de taxer les héritiers – quand il est si facile de ponctionner plutôt les pauvres pour maintenir les privilèges des riches.
20 novembre
Yaël Braun-Pivet, la présidente macroniste de l’Assemblée nationale, prie très sérieusement les députés d’arrêter de publier des photos des bancs de leurs adversaires politiques au sein de cette assemblée lorsque ces bancs sont vides - pour éviter de « stigmatiser » ces élus qui ne sont pas présents à leur poste de travail.
En d’autres termes, quand ces parlementaires grassement rémunérés qui pratiquent l’absentéisme sèchent les séances auxquelles ils sont en principe tenus de participer : il ne faut surtout pas le dire, parce que ça nuirait à leur image.
Et c’est très aimable, mais il peut arriver que Yaël Braun-Pivet fasse preuve de beaucoup moins de compassion : elle ne s’est, par exemple, jamais élevée contre le renforcement constant du contrôle des chômeurs, dont les macronistes ne cessent de suggérer avec beaucoup d’insistance qu’ils ne s’acquittent pas de leurs obligations, ou contre le déremboursement des arrêts maladie des salariés, dont ils suggèrent donc avec la même insistance que leurs absences seraient injustifiées.
En résumé, le macronisme est encore et toujours une gigantesque tartuferie, où les chômeurs et les salariés sont systématiquement présentés comme des fainéants et des profiteurs - mais où les députés du parti présidentiel qui ne font pas leur boulot sont très gentiment et très promptement excusés.
21 novembre
Nicolas Sarkozy, ancien chef de l’État français condamné notamment à cinq ans de prison ferme pour « association de malfaiteurs », annonce qu’il a écrit un nouveau livre, consacré à ses trois petites semaines d’incarcération à la prison de la Santé, à Paris.
Il publie sur ses réseaux sociaux un court extrait de cet ouvrage, dans lequel il explique qu’« à l’image du désert, la vie intérieure se fortifie en prison ».
Et ça paraît très profond, mais on est tout de même bien obligé de remarquer que dans la vraie vie, il est très rare, pour ne pas dire tout à fait rarissime, que le désert se fortifie en prison – pour la simple et bonne raison qu’il est très rare, pour ne pas dire tout à fait rarissime, que le désert écope d’une peine de prison, pour association de malfaiteurs, par exemple.
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