Pourquoi m’obstiner à acheter des plantes ? A chaque printemps, à mesure que le temps s’adoucit et que le soleil se fait de moins en moins rare, je suis prise d’une pulsion d’achat végétale. Une envie irrésistible d’accueillir de nouveaux locataires chez moi m’envahit. Et me voilà, errant dans les allées d’un magasin de jardinage, à hésiter entre un Pilea peperomioides, une Maranta Lemon lime ou une Calathe « blanc fusion » – on notera la touche poétique de ces appellations. Ma passion : le Ceropegia woodii. Avec ses petites feuilles gris argenté en forme de cœur, cette plante tombante me fascine.
Il y a quelques jours, alors que je déambulais dans la rédaction du « Nouvel Obs », j’ai croisé quelques collègues qui semblaient eux aussi pris de cette frénésie. L’une d’entre elles portait carrément un sachet de terreau sous le bras. Selon l’angle de vue (et avec un peu d’exagération), le service vidéo prendrait même des allures de jungle luxuriante. Quant aux journalistes des rubriques Eco et Etranger, ils ont un mur végétal en garde partagée.
Outre leur esthétique et leur qualité purificatrice d’air (« Lorsque vous êtes entouré de fleurs, vous respirez mieux », s’enflamme Cristiano Ronaldo), les plantes auraient des effets bénéfiques sur notre moral. En open space, elles accroîtraient même notre productivité ainsi que notre créativité de 15 %. Peut-être est-ce pour ces raisons que des plantes factices sont disséminées un peu partout.
Le souci, c’est qu’à chaque printemps, le bilan est lourd. Cette année, j’ai laissé mourir au moins trois plantes et, à l’heure où j’écris ces mots, j’en soupçonne une d’être en fin de vie. Par crainte de la désillusion, je lui lance souvent un regard furtif, mais sans jamais m’en approcher. Trop déprimant de devoir jeter le pot d’une plante séchée à la poubelle.
A chaque printemps, pourtant, j’ai l’espoir que ma main verdisse. J’ai même tenté de me servir d’une application afin d’avoir des rappels « arrosage », « engrais » et « rempotage », mais j’ai fini par me délester de cette charge mentale. Alors, ce printemps, parce que moi aussi je veux ma dose de chlorophylle, je crois bien que je vais investir… dans un cactus.
Louise Auvitu
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