A La Tour-du-Pin, le grand débat national autour de la transition écologique entre espoirs et réalité
Le grand débat national se poursuit normalement jusqu’au 15 mars. C’est d’ailleurs la date de la dernière réunion (fiscalité et dépenses publiques) prévue dans le secteur : elle se déroulera de 19 à 22 heures, à la salle des fêtes de Ciers, aux Avenières Veyrins-Thuellin. Photos Le DL/Aurélie SOLEGER
Marjolaine Meynier-Millefert a animé le débat.
À l’initiative de Marjolaine Meynier-Millefert, députée de la 10e circonscription de l’Isère, les habitants de La Tour-du-Pin étaient invités à venir débattre de la transition écologique pour une étape du grand débat national, face à un plateau de 15 intervenants, lundi soir, à la salle Equinoxe.
Yannick a 30 ans. Résidant à Saint-Victor-de-Cessieu, il vient d’acheter une maison. Lundi soir, il s’est déplacé à La Tour-du-Pin pour participer au grand débat national, organisé par la députée de la 10e circonscription, Marjolaine Meynier-Millefert, autour de la transition écologique. Et son intervention a fait mouche.
« Moralité, faut que je continue avec mon poêle à mazout »
« J’aimerais faire plus et mieux pour notre planète. Donc j’envisage de faire des travaux de rénovation énergétique. Mais je gagne un Smic. Je me suis vite rendu compte que, pour bénéficier d’aides comme l’éco-prêt à taux zéro ou le crédit d’impôt “transition énergétique”, il faut passer par des professionnels RGE [reconnus garants de l’environnement, N.D.L.R.]. Et là, ils éclatent leurs tarifs, demandent 40 000 € pour des travaux qui en coûteraient 5 000 € si je les faisais seul. Bref, on ne sait pas trop vers qui se tourner, le parcours est complexe. Moralité, faut que je continue avec mon poêle à mazout. »
Le grand débat national se poursuit normalement jusqu’au 15 mars. C’est d’ailleurs la date de la dernière réunion (fiscalité et dépenses publiques) prévue dans le secteur : elle se déroulera de 19 à 22 heures, à la salle des fêtes de Ciers, aux Avenières Veyrins-Thuellin. Photos Le DL/Aurélie SOLEGER
Le grand débat national libère toutes les paroles
Voilà comment la transition écologique est aussi vécue dans la vraie vie. Entre espoirs, envies, mais aussi arcanes réglementaires et obligations techniques.
Salle Équinoxe, lundi soir, face aux 15 intervenants réunis par Marjolaine Meynier-Millefert, certains sont venus faire entendre leur précarité énergétique. Symboliquement, d’autres ont navigué bien plus loin. Du Venezuela au racisme, en passant par les climatosceptiques. Le grand débat national libère toutes les paroles.
« Le débat contradictoire n’est toujours pas à l’ordre du jour »
Au sortir d’une soirée qui a duré deux heures, les avis sont partagés. À l’instar de cette gilet jaune turripinoise, qui fut parmi les premières à descendre dans la rue, le 17 novembre 2018, pour dénoncer la hausse des carburants : « Oui, on a appris qu’il existe des mesures pour se faire aider à rénover sa maison. Mais la question des transports n’a pas été abordée. Quid des moteurs à eau ou des amendes pour ceux qui font tourner leur voiture avec de l’huile ? »
Et qui déplore : « Au final, on a assisté à un colloque. Mais le débat contradictoire n’est toujours pas à l’ordre du jour. »
Marjolaine Meynier-Millefert a animé le débat.
1 FRANÇAIS SUR 7
« Se trouve en situation de précarité énergétique, ne parvenant plus à payer ses factures d’énergie », a déclaré Nicolas Garnier, représentant d’Amorce (un réseau d’information et d’accompagnement des collectivités et acteurs locaux en matière de transition énergétique, de gestion territoriale des déchets et du cycle de l’eau).
Une représentante des centrales villageoises.
Deux interventions remarquées
« Passons aussi aux choses positives »
« Il faut arrêter de parler uniquement de ce qui ne va pas. Passons aux choses positives. Je suis présidente d’une association qui s’occupe des centrales villageoises du côté de Chèzeneuve. Chacun d’entre nous peut œuvrer pour la transition énergétique. C’est une occasion à ne pas rater. J’encourage tout le monde à passer dans le camp de ceux qui font avancer les choses. »
Un représentant des gilets jaunes de L’Isle-d’Abeau.
« Que les élites montrent l’exemple »
« Je viens prendre la parole au nom des Gilets jaunes du rond-point de L’Isle-d’Abeau. Et vous transmettre leurs revendications sur le plan de la transition énergétique. Notamment favoriser l’agriculture vivrière et les circuits courts, le ferroutage, les transports en commun et le covoiturage, taxer les suremballages, éduquer à l’écologie. Et demander à ce que les élites montrent l’exemple. »
ILS ONT DIT...
Jean Papadopulo, président de la Capi
« Quand on a des difficultés à vivre, on peut évoquer les tonnes de CO2 ou la pollution de l’eau, ça ne parlera à personne. On doit sensibiliser les gens et donner du sens. C’est la somme des petits pas qui fera la transition énergétique. »
Fabien Rajon, maire de La Tour-du-Pin
« L’écologie ne doit pas être punitive et déclencher l’augmentation des impôts. »
Magali Guillot, présidente des Vals du Dauphiné
« Le développement durable est le socle de notre projet de territoire. »
Alors qu’elle était en déplacement en Nord-Isère, la secrétaire d’État aurait dû participer à cette soirée turripinoise du grand débat national. Photos Le DL/A. S.
Elle était attendue. Mais elle n’est pas venue. En déplacement en Nord-Isère ce lundi, Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État à la transition écologique et coanimatrice, au niveau national, du Grand débat lancé par le Président de la République, devait participer au rendez-vous turripinois avec les habitants.
Rappelée en urgence à Paris pour une entrevue avec le Premier ministre
Pour l’occasion, Marjolaine Meynier-Millefert avait vu les choses en grand. La députée de la 10e circonscription de l’Isère avait réuni pas moins de 15 intervenants autour d’elle : élus (le maire de La Tour-du-Pin, les présidents des Vals du Dauphiné et de la Capi), représentants de Qualibat, de la Fondation abbé Pierre, de l’Ademe, de Soliha, d’Habitat et Humanisme, de l’Espace info énergie, de la chaire Hope, de l’association Amorce…
Alors qu’elle était en déplacement en Nord-Isère, la secrétaire d’État aurait dû participer à cette soirée turripinoise du grand débat national. Photos Le DL/A. S.
Un plateau Ès-qualités dont la ministre n’aura finalement rien vu : cette dernière a été rappelée en urgence à Paris, pour une entrevue avec Édouard Philippe, Premier ministre. Et a dû, par le fait, écourter sa présence sur le territoire.
Une absence qui n’a pas manqué de faire réagir la salle, plusieurs personnes étant venues de loin pour espérer rencontrer Emmanuelle Wargon et lui faire passer des messages. Comme cette habitante de l’Isère rhôdanienne, pointant « la catastrophe écologique que représente le Center Parc de Roybon ».
Par Aurélie SOLEGER | Publié le 05/03/2019 à 17:30
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