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samedi 6 octobre 2018

Macron : " J'observe, j'écoute, j'entends "......


2 octobre 2018

Macron : " J'observe, j'écoute, j'entends "

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 Le chef de l'Etat
explique au " Monde " vouloir plus de proximité avec les Français. " Je ne suis pas parfait, il faut parfois corriger ", affirme- t-il, au retour d'un voyage aux Antilles
 Il réfute les accusations d'arrogance : " Si j'étais méprisant, je n'irais pas parler aux gens "
 Le président de la République affirme, en revanche, son souhait de poursuivre les réformes. " J'ai été élu sur une mission, un devoir de faire "
Pages 8-9


2 octobre 2018

Du chef de l'Etat " jupitérien " au président du quotidien

Confronté à l'absence de résultats économiques, affaibli par des sondages en  berne et accusé d'être trop distant, Emmanuel Macron s'est affiché au contact des Français lors d'un voyage aux Antilles

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Libérez Macron ! Lâchez président ! " Une quarantaine de badauds martiniquais patientent sous les averses tropicales, devant l'ancien théâtre de Saint-Pierre, ville rasée en  1902 par une éruption de la montagne Pelée. A peine sorti du bâtiment, Emmanuel Macron tombe la veste et part en courant rejoindre l'attroupement de l'autre côté de la rue. Le chef de l'Etat ne veut plus faire attendre ceux qui le réclament.
Cela fait des heures que le président ronge son frein, obligé depuis la veille d'adapter son programme à cause de la tempête Kirk, qui a entraîné la fermeture des écoles et -l'interdiction des rassemblements en public. " Je suis venu pour être au contact et pour -répondre de manière très directe aux questions ", justifie Emmanuel Macron, main sur la tête des enfants hilares. Et d'ajouter, comme si cela n'allait pas de soi : " Je suis bien avec mes concitoyens. "
Fini le chef d'Etat " jupitérien ", place au président du " quotidien ". Mis sur le reculoir par les mauvais sondages et l'absence de -résultats de sa politique, critiqué pour sa supposée arrogance et sa trop grande distance, Emmanuel Macron a profité de son séjour aux Antilles du 26 au 30  septembre (il a visité la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy) pour tenter de retisser le fil avec les Français. Avec une stratégie : puisque les effets de ses réformes tardent à venir, " il faut que les gens voient des changements dans leur quotidien, des petits signaux qui leur permettent de se dire qu'avec Macron, leur vie change malgré tout ", résumait un proche conseiller.
" Trop de connivence "A peine arrivé en Guadeloupe, vendredi, le chef de l'Etat s'est ainsi rendu au domicile d'une famille touchée par les coupures d'eau potable, un problème récurrent sur l'île. " Je veux que dans notre pays, sur tous les territoires, l'accès à l'eau courante de qualité soit une réalité. Aujourd'hui, cela n'est pas le cas et ce n'est pas tolérable ! "
Il n'y aura plus de " tours d'eau ", c'est-à-dire de coupures de l'alimentation, " dans les deux ans ", a-t-il promis. " L'Etat sera au rendez-vous. (…) Nos concitoyens l'attendent et nous leur devons ! " Tant pis si cette -responsabilité ne relève pas de l'Etat mais des collectivités locales. " On va mettre la pression sur les élus ", assurait un -conseiller de la délégation.
A Saint-Martin, île ravagée par l'ouragan Irma il y a un an et où il avait promis de revenir pour surveiller l'avancement de la reconstruction, Emmanuel Macron s'en est pris aux élus locaux, accusés de ne pas faire assez et trop lentement. " Il y a eu trop de connivence, trop d'ententes, parfois même de la corruption, il faut que cela cesse ", s'est-il plaint lors d'une visite de près de quatre heures à Quartier d'Orléans, ville parmi les plus pauvres du territoire, où il s'est dit " en colère " devant les fenêtres -toujours brisées des HLM et les toitures pas encore remplacées.
" Dans un an, il y aura des toits dans ce quartier ", a promis le président de la République aux habitants, qui l'ont littéralement pris par la main pour lui faire visiter leurs logements, malgré les réticences des officiers de sécurité de l'Elysée et du protocole, qui lui avait balisé un parcours sur des trottoirs repeints à neuf et dégagés des débris qui les jonchaient il y a encore quelques semaines.
" On va mettre plus de contrôles parce que je ne peux pas accepter ce que j'ai vu aujourd'hui ", a  cinglé le chef de l'Etat. La -collectivité territoriale de Saint-Martin dispose d'un statut d'autonomie depuis 2007, qui lui octroie des compétences supplémentaires. Emmanuel Macron a quand même promis d'envoyer des brigades d'inspecteurs pour accélérer les choses.
Même engagement pour les sargasses, ces algues brunes dont la prolifération est devenue un fléau dans les Antilles et une menace tant pour la santé des habitants des zones côtières que pour le tourisme. " Nul ne -découvre le sujet depuis un an. Mais on avait aussi un peu tardé à  régler le problème, comme souvent ", s'est ému le chef de l'Etat, rappelant qu'il n'était pas comptable des errements de ses prédécesseurs.
Désireux d'apporter une réponse -concrète, il s'est engagé à ce que ces algues soient évacuées au maximum deux jours après leur arrivée sur les plages, c'est-à-dire avant qu'elles se  décomposent et dégagent des gaz nauséabonds (hydrogène sulfuré et ammoniac), responsables de maux de tête et de vomissements. " L'Etat participera au fonctionnement des barges de collecte en voie d'acquisition par la région Guadeloupe à hauteur de 500 000  euros par an pendant trois ans ", a promis Emmanuel Macron. " Ce n'est plus Jupiter, c'est le président des réunions de quartier ", commentait un membre de la délégation.
" Simplifier sans abêtir "L'hôte de l'Elysée n'a pas réellement le choix. " Il faut qu'on retrouve l'esprit des cars -Macron, plaide un proche, en référence à la libéralisation du marché du transport par autocars lancée en août  2015 par Emmanuel Macron lorsqu'il était ministre de l'éco-nomie. Cette mesure n'a permis de créer que quelques milliers d'emplois, mais elle a changé le quotidien des Français, tous s'en souviennent. C'est ce libéralisme de gauche, qui libère et protège en même temps, qu'on doit retrouver. "
Signe de cette implication, Emmanuel  -Macron n'a laissé aucun des cinq ministres qui l'accompagnaient prendre la parole lors des différentes étapes de son périple antillais, se  réservant à chaque fois les annonces et les réponses aux questions posées.
Côté communication, mot d'ordre avait été aussi passé de se montrer plus accessible. Tout au long de son voyage, le président de la République a évité les grands discours qu'il affectionne – l'Elysée a  calculé qu'il en avait prononcé 250 la première année du mandat –, pour privilégier les échanges directs, notamment avec les journalistes. " Il faut qu'on simplifie notre discours, notre expression, notre rapport aux médias, reconnaissait un conseiller. Le mot émancipation, par exemple, ne parle pas aux gens, il faut l'illustrer, simplifier sans abêtir. "
Mais cette stratégie de proximité comporte aussi des risques. Lors de sa visite à Quartier d'Orléans, Emmanuel Macron a été invité par deux jeunes, dont un ex-braqueur sorti de prison, à visiter l'appartement de leur mère.
Sur un selfie avec le président de la République, posté sur les réseaux sociaux, on voit l'un d'eux, torse nu, faire un doigt d'honneur. " On ne trouve même plus de mots pour exprimer notre indignation. La France ne -mérite certainement pas cela. C'est impardonnable ", a immédiatement réagi Marine Le Pen sur Twitter.
" Je vais au contact des gens, ce n'est pas préparé ", s'est défendu le chef de l'Etat depuis Saint-Martin, avant d'ajouter : " Il faut arrêter de penser que notre jeunesse, parce qu'elle est d'une certaine couleur, parce qu'à un moment elle a fait des bêtises, il n'y a rien à en tirer, c'est l'inverse. (…)  Marine Le Pen, c'est l'extrême droite, et l'extrême droite ce n'est pas le -peuple. Je suis président de la République et je ne laisserai à personne le peuple. "
" J'essaie d'être juste "Séduisante sur la forme, la stratégie concoctée par l'Elysée ne s'accompagnera d'aucun changement de fond. Emmanuel Macron le répète, il n'a pas l'intention de changer de politique. " Je veux qu'on aille encore plus vite, encore plus fort ", a-t-il répondu à des  habitants du bourg martiniquais de Saint-Pierre.
La preuve, s'il regrette d'avoir été mal compris après avoir conseillé à un jeune horticulteur de " traverser la rue " pour trouver du travail dans l'hôtellerie-restauration, une phrase " sortie de son contexte " selon lui, Emmanuel Macron a assumé le fond de son propos.
A un jeune de Goyave (Guadeloupe) qui l'interpellait sur ce sujet, le chef de l'Etat a répondu qu'il attendait que chacun " prenne ses responsabilités (…). Et donc, quand il y a des offres d'emploi qui existent, même si ce n'est pas exactement ce que l'on veut, peut-être au début accepter pendant quelques mois pour se mettre le pied à l'étrier ".
Même chose sur l'immigration et la supposée inhumanité de la politique du gouvernement face aux drames à répétition de l'Aquarius, le navire humanitaire qui se porte au secours des migrants en Méditerranée. Interpellé par une Martiniquaise qui évoquait le sort d'une famille déboutée du droit d'asile, Emmanuel Macron a assumé de distinguer réfugiés politiques et migrants économiques. " Je pense que c'est le seul équilibre qui évite que notre nation ne bascule dans la xénophobie, a-t-il plaidé. Regardez autour de nous ce qu'il se passe. Je parais trop dur aux uns, parfois trop tendre aux autres. J'essaie d'être juste. Croyez-moi. J'essaie d'être juste. " Du Alain Juppé droit dans ses bottes, diront ses détracteurs. Une inflexibilité que le chef de l'Etat tente désormais de mâtiner en affichant l'attitude chaleureuse d'un Jacques Chirac.
Cédric Pietralunga
© Le Monde


2 octobre 2018

" Je ne suis pas parfait, il y a des choses qu'il faut corriger "

De retour des Antilles, le chef de l'Etat s'est confié au " Monde ". Il revendique un " parler vrai ", mais nie toute arrogance vis-à-vis des Français

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Je suis régénéré ! " Dans l'Airbus présidentiel qui file vers Paris dans la nuit du 30  septembre, assis derrière son bureau en cuir, Emmanuel Macron savoure le moment. Les quatre jours qu'il vient de passer aux Antilles l'ont " conforté dans le combat " qu'il mène à la tête du pays, assure-t-il au Monde" Nous avons vu, dans les territoires français qu'on vient de parcourir, les symptômes et les conséquences du changement climatique et des inégalités dans la mondialisation, deux sujets qui étaient au cœur de mon intervention à New York en début de semaine ", explique-t-il.
Mais le chef de l'Etat n'est pas là pour défendre sa politique climatique. Il veut faire passer un -message. Il le sait, son action est contestée, les sondages ne sont pas bons, son image est en berne. Alors il veut rassurer les Français comme ses propres troupes. A l'entendre, Emmanuel Macron n'est pas surpris par les difficultés. " C'est normal parce que nous sommes à un moment du quinquennat où le changement immédiat n'est pas automatiquement perceptible pour tous les Français ", estime-t-il. C'est pour cela qu'il doit faire de la pédagogie, -encore et toujours. " Si on n'explique pas, les gens ne voient pas ce qui est en train d'être fait. "
Mais le président de la République veut aussi montrer qu'il " observe, écoute, entend ", qu'il n'est pas isolé dans sa tour d'ivoire de l'Elysée, comme certains le dépeignent y compris parmi ses soutiens. " Je l'ai dit, je ne suis pas parfait, il y a des choses qu'il faut corriger, qu'il faut expliquer différemment parce que quand il y a des choses que les gens ne comprennent pas, c'est de notre faute ", veut-il convaincre.
" Je ne fais rien de calculé "On le dit trop à droite ? " Je place la lutte contre la pauvreté au cœur de mon engagement et de mon -combat ", assure au contraire le chef de l'Etat, qui refusait jusqu'ici de parler de virage social. Inhabituel signe de contrition de la part du président jupitérien, il reconnaît n'avoir peut-être pas suffisamment pris la mesure du sujet au début de son mandat. " Je ne l'avais pas vue avec cette acuité-là au moment où j'ai été élu, mais la lutte contre la pauvreté est au cœur de la transformation économique et sociale que je suis en train de conduire. "
Autre sujet de crispation, Emmanuel Macron tient à se défendre du procès en mépris que lui dresse l'opposition. " Si j'étais méprisant, je n'irais pas parler aux gens. C'est très facile quand on est président de ne pas parler aux gens, de se contenter de serrer les mains, de dire bonjour, d'être protégé de tout vrai contact avec les Français. J'ai le respect d'être à hauteur d'homme, de parler à quelqu'un qui m'interpelle, de ne pas lui répondre avec facilité : on va voir votre dossier, on vous répondra. Mais d'aller au fond du sujet et de prendre du temps. C'est exactement le contraire du mépris. "
Mais alors, comment entendre ses petites phrases, comme " traverser la rue " ou " pognon de dingue " ? " Je ne fais rien de calculé, se défend-il. Les petites phrases, c'est l'objectif des réseaux sociaux et de l'information en continu, pas le mien, parce qu'ils veulent trouver la phrase qui fera choc, qui provoquera la polémique. "" Ce dont j'essaie de convaincre nos concitoyens, c'est que ce parler vrai, c'est un parler vrai avec eux et pas contre eux. Ce n'est pas du mépris, c'est au contraire de la vraie considération. Je le fais parce que je veux convaincre les gens et aussi parce que je suis attaché à être avec eux dans leur détresse, à essayer d'apporter une réponse et des solutions. "
Voilà pour l'exercice du pouvoir. Mais le président a aussi des choses à exprimer sur le fond. Sa relation avec les collectivités locales et les élus s'est dégradée au fil des mois. Il en a conscience et ne veut pas que cela continue. " Je ne crois pas au gouvernement contre les collectivités. Le gouvernement ne peut pas réussir sans les collectivités et aucune collectivité ne peut réussir sans le gouvernement ", affirme-t-il dans une sentence très girondine. " Je veux associer beaucoup plus les élus, associer la société civile, non pas essayer de réconcilier tout le monde de manière artificielle quand il y a des désaccords, mais associer le plus grand nombre parce que nous avons besoin d'eux pour mener les transformations. "" Si les collectivités ne nous accompagnent pas, on n'y arrivera pas ", va-t-il même jusqu'à affirmer, regrettant les " postures " de certaines associations d'élus.
" On ne change pas le chemin "Pour autant, Emmanuel Macron dit ne pas vivre dans la crainte d'être un jour empêché politiquement s'il continue à dégringoler dans les sondages. " Je crois au mandat démocratique ", explique-t-il, refusant de voir les prochaines élections européennes ou municipales comme autant de référendums pour ou contre sa politique, comme tente de les dépeindre l'opposition et notamment Jean-Luc Mélenchon.
" Ma mission est portée par le mandat. J'ai été élu sur une mission, un devoir de faire, et ce mandat est pour cinq ans pour -répondre à une exigence, une impatience, un mécontentement ", affirme-t-il.
Fort de ce mandat donné par les Français, le chef de l'Etat n'entend pas modifier le cap. Ce serait une funeste erreur, selon lui. " On ne s'arrête pas au milieu du gué, Descartes dans ses Méditations dit que lorsqu'on est au milieu de la forêt, il faut choisir un chemin et s'y tenir. Bien sûr, il faut expliquer aux gens où on va et pourquoi on le fait, accompagner chacun quand il ne comprend pas cette route ou qu'il trébuche sur un caillou. Mais on ne change pas le chemin. Revenir en arrière, c'est être sûr de se perdre. "
Quant à savoir s'il se sent découragé par les avanies, lui qui n'a jamais exercé de mandat politique avant celui qui l'a porté à l'Elysée, Emmanuel Macron affirme qu'il n'a " pas le droit d'être découragé quand on voit ce que certains vivent, l'urgence et la détresse ressenties par tant de nos concitoyens. Je ne peux pas avoir d'état d'âme, parce que le président de la République est celui qui fixe le cap ". Capitaine au milieu de la tempête, alors ? " Oui, répond le chef de l'Etat, soudain solennel. Oui ! "
C. Pi.
© Le Monde


2 octobre 2018

Macron-Le Pen, duel sur les ruines du " vieux système "

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Ils sont à des milliers de kilomètres l'un de l'autre et pourtant leur face-à-face a commencé. Ou plutôt recommencé. Emmanuel Macron face à Marine Le Pen. Marine Le Pen face à  Emmanuel Macron.
Le match retour, comme si personne d'autre n'existait entre eux deux. Pas de gauche, pas de droite. Juste lui et elle dans un combat sans merci où se joueraient l'avenir de la France et celui de l'Europe sur fond de crise identitaire, de poussée populiste et de fragilisation des démocraties.
" Progressistes contre conser-vateurs ", théorise le premier. " Nationaux contre mondialistes ", rétorque la seconde que l'on disait sonnée après son quasi K.-O. lors du débat télévisé de -l'entre-deux-tours de la présidentielle de 2017, par ailleurs assaillie par les difficultés financières, et qui, pourtant, remonte sur le ring comme si de rien n'était.
A peine le président de la République avait-il confirmé, depuis les Antilles, son intention de s'impliquer dans la campagne des Européennes de mai  2019, que la patronne du Rassemblement national (ex-FN) appelait, dimanche 30  septembre sur France Inter, à un large ralliement des mécontents sous sa bannière.
A peine Emmanuel Macron -précisait-il dans des confidences au Monde et au Journal du dimanche qu'en aucun cas " il ne chan-gerait de politique ", que Marine Le Pen ripostait : ces élections sont " la seule manière " pour les Français de " se faire entendre " du président de la République qui ne " veut pas les entendre ".
Ni l'un ni l'autre ne conduira de liste, personne ne sait à ce jour s'ils parviendront à constituer le large rassemblement qu'ils -appellent de leurs vœux – " progressiste et démocrate " d'un côté, " patriote " de l'autre – et pourtant on n'entend qu'eux. Comme si le fait d'avoir été les rescapés du premier tour de l'élection présidentielle leur offrait un quasi-duopole sur les -ruines du vieux système.
Vaincue en mai sur la question de l'euro, Marine Le Pen ajuste le tir de façon tonitruante : cap sur la " submersion migratoire " et " l'ensauvagement de la société ", dans la foulée du succès électoral de Matteo Salvini (Ligue, extrême droite) en Italie et comme le faisait naguère son père, Jean-Marie Le Pen.
Avec, en plus, un zeste appuyé de social pour tenter d'attirer dans ses filets ceux qui, à droite comme à gauche, se sentent victimes du macronisme ou fragilisés par son ode à la -mobilité : retraités, chômeurs, fonctionnaires, etc.
Lui, au plus bas dans les son-dages et en difficulté sur la question du pouvoir d'achat, entame une séquence mea culpa et pédagogie pour essayer de renouer le lien avec les Français, élargir sa base électorale et gommer l'étiquette trop libérale qui lui colle au front. Parce que le scrutin européen sert souvent d'exutoire, il ne lui suffit pas de récupérer les déçus du macronisme, il lui faut surtout éviter la grande rupture avec l'électorat populaire.
" Mon mandat, c'est cinq ans "Dans Le Journal du dimanche, Emmanuel Macron se défend d'être " européiste ", assure " croire au retour des peuples ", affirme " vouloir tourner la page d'une Europe ultralibérale ".
Comme s'il se souvenait de la cassure engendrée par le traité de Maastricht, puis de celle suscitée par le traité constitutionnel européen ; comme s'il se souvenait de cette opposition entre les bénéficiaires de la mondialisation et les autres, de cette fracture entre le peuple et l'élite qui, d'élection en élection, n'a cessé de se  creuser.
Avec cependant pour l'hôte de l'Elysée cette corde de rappel : si les élections européennes peuvent bien prendre la forme d'un sévère d'avertissement, elles changent rarement le cours de la vie politique. " J'ai été élu sur une mission, un devoir de faire,et ce mandat est pour cinq ans ", rappelle Emmanuel Macron dans Le Monde. Une façon de signifier à Marine Le Pen que le match retour dont elle rêve en  2019 n'en sera pas vraiment un.
par Françoise Fressoz
© Le Monde

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