Translate

vendredi 29 juin 2018

Parcoursup accusé de freiner la mobilité des élèves


27 juin 2018

Parcoursup accusé de freiner la mobilité des élèves

Les taux maximum de candidats recrutés hors de leur académie d'origine varient d'une université à l'autre

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
Ce mardi 26  juin, les épreuves du bac à peine terminées, les lycéens sans réponse la veille du début des épreuves – ils étaient 21,5  % – vont de nouveau scruter leur compte avec angoisse. Une attente compliquée, d'autant plus quand ils ne comprennent pas toujours les critères qui ont pu les faire dégringoler dans les listes d'attente des universités.
Outre le dossier scolaire, le fait de ne pas être originaire de -l'académie de la licence demandée peut jouer en défaveur du candidat. C'est une nouveauté de la réforme de l'accès à l'université : désormais, les rectorats fixent, pour chaque licence, un taux maximum de candidats " extra-académiques ".
Frédérique Vidal, la ministre de l'enseignement supérieur, a régulièrement martelé cette nouveauté. " Contrairement à Parcoursup, APB n'autorisait pas le changement d'académie et les jeunes étudiant à Créteil étaient priés de rester à Créteil. Parcoursup autorise ce changement ", avait-elle déclaré sur LCI, le 4  juin.
" Concurrence déloyale "Pourtant, ces quotas géographiques sont à l'origine d'accusations de discrimination lancées par des lycéens de banlieue parisienne contre Parcoursup, dès la fin du mois de mai : la plate-forme les aurait évincés des filières de Paris intra-muros. L'opacité autour des règles de définition de ces pourcentages, qui varient selon les académies, n'a pas aidé à contredire ces craintes. 70  % de candidats extra-académiques en licence de sciences du langage à Paris-Descartes, 25  % en sociologie à Chambéry, mais seulement 1  % en droit à Nanterre…
Derrière ces chiffres, il faut décrypter les choix politiques des rectorats – et les ambitions des formations. Comment assurer une place à tous les lycéens de son territoire ? Comment leur permettre d'accéder aussi aux licences qui n'existent pas dans leur académie ? Jusqu'où ouvrir les portes sans risquer de déposséder les autres académies de leurs meilleurs bacheliers ?
En Ile-de-France, les discussions ont été ardues. " Nous demandions un taux de 50  %, on nous a donné 15  %, c'est insatisfaisant, estime François-Guy Trébulle, à la tête de l'école de droit de la prestigieuse Paris-I-Panthéon-Sorbonne, dont la moitié des 14 000 candidatures venaient de l'extérieur de l'académie parisienne. On a dit aux jeunes qu'avec cette réforme, ils pourraient sortir plus facilement de leur académie, mais pour assurer la place aux lycéens parisiens, on a préféré jouer la prudence. "
Un taux qui paraît néanmoins particulièrement élevé pour -certains de ses collègues des universités situées de l'autre côté du périphérique. " C'est de la concurrence déloyale, Paris peut évi-demment aspirer les meilleures candidatures ", regrette Aurore Chaigneau, enseignante-chercheuse à Nanterre en droit, où le taux de 1  % d'étudiants " hors -académie " a été fixé, alors même que 36  % de ses candidatures -venaient de l'extérieur.
Officiellement, les taux des trois académies franciliennes (Paris, Versailles, Créteil) ont été déterminés selon les candidatures reçues par chaque licence, et en fonction des taux de pression. Une explication qui donne du grain à moudre à ceux qui accusent la réforme de renforcer la concurrence entre universités.
Si l'Ile-de-France catalyse les problématiques de concurrence, du fait de la concentration des établissements et des étudiants, la question n'est pas loin de se poser dans les mêmes termes en régions. " L'aspiration des meilleurs par les universités qui ont largement ouvert leur porte est aussi une crainte chez un certain nombre d'universités de province ", -témoigne Joël Alexandre, à la tête de l'université de Rouen. Ici comme ailleurs, les quotas de candidats extérieurs ont été fixés le plus bas possible, afin d'assurer prioritairement une place à ceux de l'académie.
Frontière adaptéeLa mesure ne sera pas inutile, car la promesse de mobilité semble avoir été bien entendue chez les lycéens : l'université normande a reçu plus de 40  % de candidatures venant de l'extérieur – entre autres de jeunes Franciliens – en première année commune aux études de santé (Paces) ou encore en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps). Dans d'autres universités, on admet aussi une autre " utilité " à ces taux très bas, moins avouable : celle de ne pas avoir à " récupérer " les moins bons bacheliers, évincés de leur académie dans les formations en tension.
Dans certains établissements, il a parfois fallu " faire avec " ces taux basés sur un découpage -administratif éloigné des réalités du territoire. A défaut de pouvoir jouer finement avec le pourcentage d'extra-académiques pour accueillir des étudiants situés juste derrière la frontière de -l'académie, la définition de celle-ci a été adaptée. " Pour les universités lyonnaises, le secteur de recrutement de plusieurs -for-mations dépasse l'académie ", rapporte ainsi la rectrice, -Marie-Danièle Campion. " Dans un souci de proximité ", l'Isère et la Savoie, deux départements limitrophes de l'académie de Grenoble, ont été intégrés comme cela était le cas sur APB.
Chaque académie, université, voire formation, utilise ainsi comme elle le peut, ou le veut, ces nouveaux taux de candidats hors académie arrêtés par les rectorats. Cette diversité des pratiques apparaît, de plus en plus, comme une caractéristique de la nouvelle procédure Parcoursup, mais elle ne fait pas l'unanimité. " Nous attendons une politique de régulation nationale ", dit Virginie Laval, vice-présidente chargée des formations à l'université de Poitiers.
Séverin Graveleau, et Camille Stromboni
© Le Monde



27 juin 2018

Près de 500 parcours de remise à niveau pour réussir en licence

Certaines universités ont joué le jeu en proposant des cours de soutien ou étalés sur deux ans. D'autres ont refusé faute de moyens suffisants

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
C'est l'une des promesses phares du gouvernement avec la loi orientation et réussite des étudiants promulguée début mars : faire diminuer l'échec en licence. Pour y parvenir, les nouvelles règles de sélection à l'entrée de l'université doivent s'accompagner de dispositifs pédagogiques adaptés, surtout pour les étudiants fragiles.
Là est tout l'enjeu du " oui si ", cette nouvelle réponse que les universités peuvent faire sur Parcoursup aux candidats qu'elles ont jugés, au regard de leur dossier, comme ne remplissant pas les prérequis – des critères pour entrer à l'université – nécessaires. Résultat : le lycéen sera accepté à condition de suivre une remise à niveau. Une enveloppe de huit millions d'euros pour mettre en place ces dispositifs a été annoncée par le ministère. Difficile pour l'instant d'en connaître l'ampleur : le ministère n'ayant communiqué qu'un seul chiffre : 135 000 propositions ont été faites avec la condition " oui si " par les universités, sans que l'on sache si ceux qui ont reçu une telle offre sont encore sur liste d'attente. Sur l'ensemble des universités, 466 initiatives de ce type pour la prochaine rentrée ont été recensées par le ministère. Ce chiffre regroupe aussi des dispositifs pédagogiques proposés par les facs en dehors du " oui si ", qui interviennent après la rentrée.
Certains établissements comme Poitiers ou Paris-2 Panthéon-Assas admettent ne pas avoir émis de " oui si " sur Parcoursup. Délai trop court, moyens financiers jugés non pérennes ou insuffisants, autres dispositifs déjà existants… les raisons avancées sont multiples. Ainsi à Assas, Guillaume Leyte, son président, reconnaît avoir préféré " dire oui à tout le monde ", tout en se dédouanant d'avoir voulu éviter d'accepter des candidats plus faibles, dans une logique élitiste. La faculté propose, depuis 2008, un  parcours avec des enseignements renforcés pour plusieurs centaines d'étudiants au profil plus fragile.
Pour celles qui ont, à l'inverse, joué le jeu du " oui si ", une palette de formules très diverses a été apportée. A Toulon, où 300 places sont prévues dans ce cadre, dont un tiers pour des étudiants en droit, une nouvelle année tremplin, qui va de pair avec une licence en quatre ans, a été conçue. Planning de cours allégé dans les matières juridiques, enseignements de renforcement en petit groupe liés à la discipline (maîtrise de l'écrit, compréhension de texte, méthodologie juridique) et généraux (méthodologie universitaire, de recherche documentaire, -projet professionnel)… ceux-ci ne chômeront pas pour suivre leur première année, en deux ans.
Obligation crucialeToutefois, " cette réponse n'a pas rencontré un grand succès chez les candidats, reconnaît volontiers Thierry di Manno, doyen de la faculté de droit. A tel point, qu'il n'est pas certain de remplir les places prévues. Ici comme ailleurs, l'information n'a pas été très claire pour de nombreux lycéens, qui ne savaient pas à quoi s'attendre. " On peut le comprendre aussi car c'est rarement de gaieté de cœur qu'on va dans un cursus renforcé, rallongé, analyse-t-il. Mais il faut nous faire confiance : ce sont des profils qui vont à l'échec sans cette aide. "
Pour lui comme pour son confrère lillois, Guillaume Penel, l'obligation faite à ces futurs étudiants de suivre ces parcours apparaît cruciale. " Le contrat pédagogique, que nous allons signer avec l'étudiant, va permettre que chacun joue le jeu ", estime ainsi ledoyen de la fac de sciences du sport et de l'éducation physique de Lille, où 105 places de " oui si " sont prévues, avec deux formules possibles – une première année avec des cours de soutien, ou bien étalée sur deux ans. Avec ce contrat pédagogique, l'idée est aussi de s'assurer de leur engagement à -venir à ces modules en plus, car depuis des années, les dispositifs de remédiation font face à une difficulté, ce sont souvent les étudiants qui en ont le moins besoin qui y participent.
A Nanterre, les enseignants sont allés jusqu'à imaginer une formule à la carte, pour coller au mieux aux besoins de chacun. Ces étudiants verront leurs parcours et les modules de renforcement qu'ils devront suivre pendant leur première année, définis avec un enseignant référent durant la semaine de prérentrée. " Il n'y a pas de profil standard avec une solution toute faite, mais une grande diversité de points de fragilité, auquel il faut répondre différemment ", estime Christophe Bréchet, vice-président formation.
L'université a joué à fond le jeu du " oui si ", puisque 25 000 candidats – sur 68 000 – pourraient recevoir une telle réponse au fil de la procédure Parcoursup. " Au début, il y avait pourtant des réticences, avec la crainte que les candidats préféreraient aller ailleurs, plutôt que d'accepter un oui si”, reconnaît M. Bréchet. Il est rassuré : chez lui les candidats ont accepté tout autant les " oui " que les " oui si ".
C. st.
© Le Monde

27 juin 2018

La nouvelle licence pourrait mettre fin à la compensation des notes

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
A quoi la future licence ressemblera-t-elle ? Le projet d'arrêté, qui dessine les grandes -lignes de la future licence, a été examiné par le comité de suivi licence, master, doctorat, vendredi 22  juin, avant son passage devant les élus de la communauté universitaire, prévu début juillet.
Le texte réglementaire met en musique l'une des pierres angulaires de la loi orientation et réussite des étudiants : la personnalisation des parcours des étudiants et les dispositifs d'accompagnement pédagogiques, promis par la ministre Frédérique -Vidal, pour lutter contre l'échec en licence. Avec un outil nouveau : chaque étudiant devrait désormais conclure un -" contrat pédagogique " avec son établissement, afin de préciser " son parcours de formation et les mesures d'accompagnement -destinées à favoriser sa réussite ".
L'idée est de faire émergerdesparcours " différenciés " et adaptés au rythme de chacun. De quoi proposer par exemple une licence étalée sur quatre ans, format qui pourrait servir aux lycéens auxquels les universités ont répondu " oui-si " sur Parcoursup, signifiant qu'ils n'étaient acceptés que s'ils suivaient une remise à niveau.
" Seconde chance "Le projet d'arrêté s'attaque également au sujet très sensible des règles d'évaluation des étudiants à l'université, qui touchent près d'un million de jeunes en premier -cycle universitaire. Il met fin à un totem, chez certains syndicats étudiants : celui du principe national de compensation des notes (un 8/20 rattrapé par un 12/20) qui prévalait jusqu'ici entre unités -d'enseignement d'un semestre, et entre deux semestres d'une année. Ce qui peut permettre aujourd'hui à un étudiant d'obtenir une -licence en validant seulement trois semestres… Désormais, chaque -université fixera son propre régime en la matière. De la même manière, -l'obligation d'une seconde session d'examen – plus communément appelée rattrapages – disparaît au profit d'une " seconde chance " garantie à l'étudiant, celle-ci pouvant intervenir soit avec des rattrapages, soit au sein d'un système de " contrôle continu ", tout au long de l'année.
Des choix qui font bondir l'UNEF, seconde organisation étudiante, opposée à la réforme. " Depuis des mois, le gouvernement affirme que nous mentons quand nous affirmons qu'il brade les droits des -étudiants, mais désormais, c'est très clair, affirme Lilâ Le Bas, sa présidente. D'une licence à l'autre, on n'aura plus les mêmes -règles. "Avec d'autres syndicats de personnels (FSU, CGT, FO), l'UNEF demande le -retrait du texte. Les universités auront -jusqu'à 2019 pour le mettre en œuvre.
C. St.
© Le Monde

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire