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ALBERT LONDRES 1884-1932
Ce journaliste et écrivain français avait pour maxime «Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ». Cette maxime demeure encore une référence pour beaucoup de journalistes, pas forcément les plus connus… Chaque année, depuis 1933, avec une interruption de 1940 à 1945, le prix Albert-Londres récompense les meilleurs journalistes francophones. Albert Londres commença comme comptable, puis publia un recueil de poèmes, devint journaliste régional, puis journaliste parlementaire au « Matin ». Lors du premier conflit mondial, il est correspondant de guerre. « Le Petit Journal », pour lequel il travaille alors, l’envoie dans le sud-est de l’Europe : Serbie, Grèce, Turquie, Albanie… En 1919, il écrit que « les Italiens sont très mécontents des conditions de paix concoctées par Clemenceau, Lloyd George et Wilson ». Clemenceau le prend très mal et ordonne au journal de licencier l’impertinent journaliste. Ce qui fut fait. Employé par l’ « Excelsior », il réussit à entrer en Russie soviétique et relate les souffrances du peuple russe. Puis il se rend au Japon, en Chine et en Inde. En 1923, ses reportages commencent à être publiés sous forme de livres. Il travaille alors pour le « Petit Parisien ». En Guyane, il décrit les horreurs dont il est témoin « Je n'avais encore jamais vu d'hommes en cage par cinquantaine. [...] Ils se préparaient pour leur nuit. Cela grouillait dans le local. De cinq heures du soir à cinq heures du matin ils sont libres – dans leur cage ». Il dénonce également le « doublage », ou la double peine, si vous voulez. Sa peine achevée, un détenu doit rester encore un même nombre d’années en Guyane. Et s’il est condamné à plus de sept ans, eh bien, il doit se considérer en résidence perpétuelle ! Il enquête également sur les conditions de vie des prisonniers des bagnes militaires en Afrique du Nord. Ce sont là des condamnés par les conseils de guerre. Ses investigations font du bruit. L’opinion s’émeut. Les autorités fulminent contre le journaliste, mais sont obligées de réagir. Elles traînent les pieds pour supprimer le cachot, améliorer la nourriture, réduire les peines de cellules, séparer les forçats compte-tenu de la gravité de la peine, etc. Enfin, en 1937, un « décret-loi sonne le glas du bagne ». En fait, ce décret porte sur la suppression de la transportation en Guyane. La fermeture définitive du bagne n’aura lieu qu’en 1946. Albert Londres se démène pour obtenir la révision du procès d’un certain Dieudonné, condamné sans preuve en tant que membre de la bande à Bonnot. Finalement, Dieudonné reviendra en France et sera gracié… A propos du Tour de France, le journaliste dénonce la démente exigence physique imposée aux coureurs (déjà !). A propos des asiles psychiatriques, il dénonce les mauvais traitements, les lacunes alimentaires et sanitaires dont sont victimes les internés «notre devoir n'est pas de nous débarrasser du fou, mais de débarrasser le fou de sa folie ». Sa bête noire est la loi de 1838 «La loi de 38 n'a pas pour base l'idée de soigner et de guérir des hommes atteints d'une maladie mentale, mais la crainte que ces hommes inspirent à la société. C'est une loi de débarras. La loi de 1838, en déclarant le psychiatre infaillible et tout-puissant, permet les internements arbitraires et en facilite les tentatives. (...) Sous la loi de 1838, les deux tiers des internés ne sont pas de véritables aliénés. D'êtres inoffensifs, on fait des prisonniers à la peine illimitée ». Albert Londres est révolté par le sort des Françaises conduites en Argentine pour y être prostituées. Il dénonce une responsabilité collective dans un trafic qui prospère sur la misère des femmes. En 1928, il voyage du Sénégal au Congo et dénonce les effroyables conditions de vie des travailleurs africains, tant sur la construction des voies ferrées que dans les exploitations forestières « Ce sont les nègres des nègres. Les maîtres n'ont plus le droit de les vendre. Ils les échangent. Surtout ils leur font faire des fils. L'esclave ne s'achète plus, il se reproduit. C'est la couveuse à domicile ». Dans les Balkans, il enquête sur les Comitadjis, nationalistes macédoniens n’acceptant pas la division de leur territoire entre la Bulgarie, la Serbie et la Grèce. Le journaliste trouve la mort dans l’incendie du « Georges Philippar », le navire qui le ramenait de Chine en France. Son reportage brûle dans l’incendie… Voilà une existence bien remplie ! Albert Londres est certainement l’un des premiers journalistes d’investigation. Ci-dessous : Albert Londres en 1923. Récits d’Albert Londres : La Chine en folie, 1922. Au Bagne, 1923. Les Forçats de la route, 1924. Chez les fous, 1925. Le chemin de Buenos Aires, 1927. Terre d'Ebène, 1929. Les Comitadjis ou le Terrorisme dans les Balkans, 1932. |
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