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« De Macron à la droite » : vraiment ?
Editorial de la Tribune des travailleurs du 30 novembre 2016
Par Daniel Gluckstein« De Macron à la droite en passant par le Front national, ils sont tous pour accentuer les politiques d’austérité », a déclaré le 22 novembre Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. S’agissant de François Fillon, il a précisé : « C’est la continuité de ce qui existe déjà, mais de façon accélérée », ajoutant que Fillon élu, « la mobilisation sera d’actualité ».Le programme du candidat des « Républicains » à l’élection présidentielle est en effet d’une grande clarté anti-ouvrière. Dans le résumé qu’en publie Le Figaro on lit, au chapitre « social » : « Le Code du travail sera recentré sur les normes sociales fondamentales et le reste sera renvoyé aux accords d’entreprise » ; et aussi : « Les salariés et chefs d’entreprise pourront négocier librement la durée du travail hebdomadaire », et encore : « En cas de blocage du dialogue social, le dernier mot sera donné aux salariés grâce au référendum d’entreprise. » Au chapitre « fonctionnaires » : « Les automatismes de déroulement de carrière seront revus. Une véritable politique salariale plus motivante sera appliquée. » Ces mesures sont ultra-réactionnaires. La vérité oblige toutefois à dire qu’elles n’attendront pas 2017… puisque leur application est déjà en route, conséquence de la réforme El Khomri et du protocole PPCR imposés par le gouvernement Hollande-Valls.Dès lors, comment comprendre que l’éventail politique dénoncé par Philippe Martinez se limite à aller « de Macron à la droite en passant par le Front national » ? Toutes ces mesures ne sont-elles pas déjà mises en œuvre par le gouvernement de « gauche » actuel ?Un tel discours risque d’apparaître comme un soutien de fait aux candidats supposés se situer « à gauche » de Macron. Un soutien qui « passe » de plus en plus mal auprès des travailleurs et des militants qui, depuis trente ans, font l’expérience de gouvernements successifs, de droite comme de gauche, s’inscrivant chacun dans la foulée du précédent et poursuivant les mêmes attaques et réformes anti-ouvrières, toutes dictées par les exigences des capitalistes et de l’Union européenne.Le mouvement ouvrier n’aurait rien à gagner à se ranger derrière tel ou tel « homme providentiel ». Les « sauveurs suprêmes » n’ont jamais sauvé que les intérêts des banquiers et des exploiteurs, et cela quelle que soit leur étiquette.Pour qu’une autre politique soit possible, il faudra abroger toutes les contre-réformes et rompre avec les institutions de la Ve République et de l’Union européenne. Cela, aucun homme providentiel ne l’octroiera. « Il n’est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César, ni tribun, producteurs sauvons-nous nous-mêmes » : rarement les paroles deL’Internationale auront été d’une telle actualité.Les travailleurs ne peuvent avoir confiance qu’en leur propre force organisée dans leur lutte de classe, appuyée sur des organisations – syndicats et partis – défendant leurs seuls intérêts, en toute indépendance. C’est de là que viendra l’issue, celle de la rupture avec des institutions politiques en décomposition et un régime capitaliste failli.
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