Graciée par Hollande, Jacqueline Sauvage est libre |
Le militant Jean-Baptiste Reddé, dit Voltuan, tient une pancarte lors d’une manifestation pour la libération de Jacqueline Sauvage, sur l’esplanade du Trocadéro, à Paris, le 10 décembre 2016. FRANCOIS GUILLOT / AFP
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Jacqueline Sauvage, qui avait passé mardi son 69e anniversaire à la prison de Réau, où elle était détenue pour le meurtre de son mari violent, n’y passera pas le Nouvel An. Elle est sortie libre, peu avant 18 h 30, de ce centre pénitentiaire de Seine-et-Marne, sis au sud-est de Paris. Elle devait passer la soirée « avec ses filles, vraisemblablement en région parisienne », a dit l’une de ses avocates, Nathalie Tomasini, saluant une« décision humaine » du président François Hollande. La grâce totale avait été annoncée par l’Elysée dans l’après-midi, par le biais d’un communiqué : « Le président de la République a estimé que la place de Mme Sauvage n’était plus aujourd’hui en prison, mais auprès de sa famille. » « J’en pleure, c’est merveilleux », a réagi Carole Marot, l’une des filles de cette femme condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent, tué de trois coups de fusil dans le dos en 2012. François Hollande l’avait déjà graciée partiellement le 31 janvier, lui permettant de demander sa libération conditionnelle. Mais cette demande avait été rejetée en première instance, puis en appel. Après le tribunal d’application des peines de Melun, qui avait reproché à Jacqueline Sauvage « de ne pas assez s’interroger sur son acte », la cour d’appel de Paris avait estimé qu’elle peinait à accéder à un « authentique sentiment de culpabilité » et qu’elle continuait « à se poser en victime ». Après ces deux rejets, les filles de Jacqueline Sauvage avaient déposé au début de décembre une demande de grâce. Lors des procès, en octobre 2014 puis en décembre 2015, les trois filles de Jacqueline Sauvage avaient témoigné à charge contre leur père, expliquant avoir été violées et battues, comme l’avait été leur mère.
« C’est le fruit de l’union de toutes les associations féministes et, plus largement, de la mobilisation massive qui a eu lieu », s’est félicité Osez le féminisme. La demande de grâce avait été relayée par un comité de soutien présidé par la comédienne Eva Darlan, mais aussi par plusieurs responsables politiques, dont le candidat à la primaire socialiste Benoît Hamon. Valérie Boyer, porte-parole du parti Les Républicains et membre du comité de soutien, a renouvelé son souhait qu’aboutisse sa proposition de loi, déposée au printemps et qui vise à ce que les situations d’emprise soient prises en compte. Selon elle, Jacqueline Sauvage subissait l’emprise « physique », « économique », « sexuelle » et « morale » de son mari et « c’est le cas de bien des femmes ». Le geste présidentiel a fait consensus dans la classe politique, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, en passant par Manuel Valls ou le camp de François Fillon, qui ont tous salué la nouvelle.
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