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samedi 31 décembre 2016

HISTOIRE et MEMOIRE - PAUL TOUVIER : L’arrestation, enfin ! suivi par le procès et les obsèques.

HISTOIRE et MEMOIRE


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PAUL TOUVIER
Saison 3
L’arrestation, enfin !
La grâce accordée à Touvier par Georges Pompidou ne passa pas du tout comme « lettre à la poste » ! L’Express s’en mêle. Les articles du journaliste d’investigation, Jacques Derogy, contribuent à vaincre l’oubli espéré en haut lieu. Les associations de résistants prennent très mal cette grâce présidentielle et, en novembre 1973, portent plainte contre le chef milicien pour crimes contre l’humanité. Cela peut faire fait mal car ces types de crimes sont IMPRESCRIPTIBLES ! L’assassinat de Monsieur et Madame Basch ainsi que les fusillades de Juifs à Rilleux-la-Pape entrent justement dans ces catégories. Les chambres d’accusation saisies se déclarent incompétentes. Faut-il y voir une pression de l’Elysée ? Mais la Cour de cassation ne suit pas et valide l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité reprochés à Touvier. Ouf !
Craignant pour sa précieuse personne, Touvier s’éclipse. Et derechef c’est la tournée des monastères et abbayes où l’on trouve toujours un argument pour justifier l’accueil de Touvier et sa famille : Solesmes, Fongombault, Hautecombe…Ah bon ? Mais non, on ne sait rien, on ne savait pas, on n’a jamais vu…Pitoyable ! En outre, il ne semble pas que les pouvoirs publics aient fait preuve d’une célérité absolue puisque l’instruction officielle ne commence qu’en 1979. Il faudra attendre encore novembre 1981 pour que la juge d’instruction Martine Anzani lance contre le milicien des mandats d’arrêt. Touvier use alors d’une ruse de sioux pour que les dossiers soient refermés une fois pour toutes. Il se déclare décédé ! Aussi fait-il paraître en 1984, dans Le Dauphiné libéré, des remerciements nécrologiques pour son pseudo-décès. La ficelle est un peu grosse et ça ne marche pas. Les poursuites restent ouvertes.
De plus, les mauvaises nouvelles se succèdent pour le tortionnaire. Deux grains de sable vont en effet enrayer la belle mécanique d’impunité de Touvier. Le juge d’instruction Claude Grellier se rend bien compte qu’il ne peut compter sur la police pour mettre la main sur le meurtrier. Fuites d’origine policière, incompétence de cette même police, ou les deux ? Toujours est-il que le magistrat confie à la gendarmerie le soin de mettre la main sur le fugitif. Et là, deuxième malchance de taille pour Touvier, c’est l’officier Jean-Louis Recordon qui est désigné. Or ce personnage est passionné par l’Histoire et par cette traque singulière. Dès lors, il n’aura plus qu’un but en tête « Présenter Touvier à la justice ! ». Nous sommes déjà début 1988.
Mars 1989, le Canard enchaîné fait un rapprochement entre l’ordre des « chevaliers de Notre-Dame » et la troupe scoute de Vautherin, une vieille connaissance de Touvier. Cet ordre, ou plutôt cette secte, a été fondé(e) par un certain dom Gérard Lafond dont le père a été accusé de collaboration à la Libération. Par contre, l’autre fils de l’accusé, Etienne Lafond, est un rescapé des camps nazis.
Cette secte d’illuminés, apolitique mais proche des milieux d’extrême-droite, a créé la « Fraternité Notre-Dame de la Merci » dont le président Jean-Pierre Lefebvre est un ancien Waffen-SS de la division Charlemagne. Ce dernier prend en charge l’aide financière de Touvier et de sa famille. Il déclarera « Nous avons subi récemment des tracasseries au sujet de l'aide apportée à une famille en détresse qui nous a valu une publicité de mauvais aloi dans une certaine presse ». 
Recordon place sur écoutes téléphoniques les principaux dirigeants de l’ordre, ou des gourous de la secte si vous voulez, la gendarmerie a engrangé suffisamment d’informations pour agir. Mai 1989, les gendarmes investissent en vain l’abbaye de Wisques (Pas-de-Calais), fief de Lafond. Puis ils remontent à une certaine Geneviève Penou, ex secrétaire de l’abbé Duben, celui qui a marié jadis Touvier à Paris. Puis, les voilà dans l’abbaye traditionaliste de Saint-Michel-en-Brenne. Ils trouvent une partie des bagages de Touvier, mais sans Touvier. Cependant, l’aumônier du cru se met à table et dit où se trouve son ex- pensionnaire. 
Et c’est au prieuré Saint-Joseph à Nice que Touvier est arrêté le 24 mai 1989, au terme d’une cavale ou plutôt de cavales qui ont duré près de 45 ans, si l’on considère le point de départ de la cavalcade en septembre 1944, mois de la libération de Lyon.
Saint-Michel-en-Brenne et Saint-Joseph de Nice font partie de la galaxie du mouvement intégriste de Mgr Lefebvre, la fraternité sacerdotale Saint-Pie-X.
Le chef milicien est donc aux mains de la justice. Mais il y aura encore bien des aléas avant que ce sinistre personnage se retrouve pour de bon derrière les barreaux.
A suivre…
Ci-dessous :
Jacques Derogy (1925-1997), journaliste à L’express.
Touvier, mai 1972, demeure familiale de Chambéry. Photo de L’Express.
L'abbaye de Fongombault (Indre), l’un des pied- à-terre de Touvier.
L’abbaye de Saint-Michel-en-Brenne (Indre), les bagages sans Touvier.
La porte du prieuré Saint-Joseph, Nice, fin des cavales de Touvier.
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Jean-Yves HSurprenante, cette décision de Georges Pompidou. exemple typique de la promotion sociale par l'instruction publique. Ses parents sont tous deux instituteurs républicains publics, issus de familles paysannes cantaliennes très modestes.Son père, admirateur de Jean Jaurès milite à la SFIO. Lui-même, après avoir un temps milité à la LAURS (Ligue d’action universitaire républicaine et socialiste), s'inscrit au début de 1930 à une société secrète d'inspiration trotskiste « Le Front unique ». Il se passionne pour la littérature et la politique, en particulier pour la SFIO ... Voici l'explication qu'il donne le 21 septembre 1972 lors de sa 7ème conférence de presse de président de la République sur les raisons qui ont motivé sa grâce : http://www.ina.fr/video/I00000105
xtraits de la 7ème conférence de presse du président Georges POMPIDOU, consacrée essentiellement aux…
INA.FR|PAR INSTITUT NATIONAL DE L’AUDIOVISUEL – INA.FR

PAUL TOUVIER
Saison 4
Le procès et les obsèques.
Aux mains de la justice, Touvier confie sa défense à maître Jacques Trémolet de Villers, proche de Tixier-Vignancour, des milieux royalistes, catholiques et d’extrême-droite.
Le 13 avril 1992, la chambre d’accusation de Paris prononce un non-lieu. Le prétexte ? Mauvaise interprétation de la définition du crime contre l’humanité. Mais encore ? Eh bien, le crime doit avoir été commis au nom d’un Etat pratiquant une politique d’hégémonie idéologique. Et selon la Cour, Vichy ne pratiquait pas une telle politique. Ah bon ? Et d’ajouter que Vichy ne définissait pas les Juifs comme des ennemis de l’Etat. Second : ah bon ! Autrement dit, les fonctionnaires de Pétain ne sauraient être jugés comme les sommités du Troisième Reich.
Vif soulagement chez les nostalgiques du régime de Vichy et vive émotion dans les milieux de la Résistance et dans une grande partie du peuple de France. D’autant plus que les trois juges de la chambre d’accusation étaient connus pour leurs sympathies envers tous ceux qui entendaient réhabiliter Vichy et Pétain.
Mais voilà qu’intervient Pierre Truche, procureur général près la Cour d’appel de Paris. Truche présente alors, avec succès, un pourvoi contre cette décision. La Cour de cassation, considérant Touvier comme COMPLICE de la Gestapo, casse l’arrêt de non-lieu.
Ainsi, Paul Touvier comparaît, du 17 mars au 20 avril 1994, pour complicité de crime contre l’humanité, devant la Cour d’assises des Yvelines à Versailles. Mais de suite intervient une argutie juridique. En effet, si on peut poursuivre un Français qui a commis des crimes pour le compte de l’Allemagne, pour autant on ne peut pas le poursuivre, pour les mêmes crimes, s’il n’a fait qu’obéir à Vichy. Si bien que pour Touvier, l’absolution pointe son museau. Sauf que Touvier a eu le tort de prétendre qu’il avait agi uniquement sous la contrainte de la Gestapo. Et ce mensonge s’est retourné contre lui car il tombait ainsi sous le chef d’accusation de complicité de crimes contre l’humanité. En fait, Touvier agissait le plus souvent de son propre chef. Pourvu que les rapines soient au bout du chemin, qu’importent les crimes. D’autant plus qu’ils allaient dans le sens de son idéologie d’extrême-droite !
Au procès, Touvier ne se rappelle plus de rien. Dénégations, bafouilles et silences… 
Bref, Touvier fut condamné, en date du 19 avril 1994, à la réclusion criminelle à perpétuité.
Comme le disent très justement, Eric Conan et Henry Rousso, respectivement journaliste et historien « Paul Touvier a été condamné. Et c'est bien ainsi. La France aura eu son procès pour crime contre l'humanité : on ne l'accusera plus de fuir son passé, sauf à se montrer d'une mauvaise foi considérable. Il n'en reste pas moins que Paul Touvier a sans doute été condamné sur un mensonge. Il est vrai que c'était le sien ».
En vertu de la loi du 11 juillet 1985, le procès Touvier est l’un des quatre procès filmés, dans le cadre de la constitution d’archives audiovisuelles de la Justice.
Touvier est le premier et le seul Français condamné pour crimes contre l'humanité. Ce qui ne signifie pas pour autant que d’autres ne le méritaient pas.
Le pourvoi en cassation du criminel a été rejeté. Ses recours en grâce auprès du président de la République ont tous échoué. Il meurt à la prison de Fresnes, le 17 juillet 1996, d’un cancer de la prostate.
Touvier n’a jamais rien regretté. Fasciste, il est toujours resté. Un petit cahier vert, tenu par Touvier et présenté à l’audience, le confirme. Mais Touvier ânonne que ce carnet était un accroc, un accident…
Un nouveau coup sera porté aux milieux de la Résistance lors des obsèques en grande pompe du milicien, le 25 juillet 1996, en l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Le prélat Philippe Laguérie exprime sans vergogne son soutien au défunt en vouant aux gémonies la Cinquième République, les médias, la LICRA, et tout et tout. Et cerise sur le gâteau, ou plutôt comble de l’ignominie, Touvier est présenté comme une « âme délicate, sensible et nuancée ».
Ci-dessous :
Ouvrage : L’affaire Touvier.
Maître Jacques Trémolet de Villers.
Le procureur Pierre Truche. 
Touvier à son procès.
Manifestation pendant le procès, mars 1994.
L’abbé Philippe Laguérie.
Vidéo : Rétrospective sur Touvier. 
https://youtu.be/GIxaQMMVsC4…

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