24 mar2015
L’échec du Front de Gauche
Essai d’explication incomplet dont je tire les leçons
Ne nous leurrons pas : ce ne sont pas quelques succès d’estime ici ou là qui font une tendance générale. Force est de le constater, le Front de gauche est un échec. C’est un échec, puisqu’il a été incapable d’offrir une alternative à gauche aux politiques de recul démocratique, de destruction sociale et de dégradation écologique des libéraux de droite comme des libéraux qui osent encore se prétendre de gauche.
Alors que, comme jamais dans son histoire, le P$ s’affirme comme le parti du monde des affaires et de la finance ! Alors que comme jamais, un gouvernement issu et soutenu par le P$ pratique une politique de droite, une politique qui répond même aux attentes de l’extrême-droite lorsqu’il s’agit de stigmatiser une population Rom pour ce qu’elle est – comme d’autres stigmatisent les Juifs ou les Arabes pour ce qu’ils sont !
Dans un tel contexte où dès son arrivée au pouvoir, le gouvernement soutenu par le P$ a accumulé les raisons de désespérer (adoption du TSCG/ pacte budgétaire, ANI, cadeaux somptueux aux banques et au MEDEF au travers de pactes de ceci ou de cela, loi Macron, privatisations, obéissance aveugle aux logiques antidémocratiques et ultralibérales de l’UE, soutien au gouvernement grec de droite avant qu’il perde les élections, asservissement à l’OTAN, soutien aux violations du droit international par Israël, soutien aux accords UE-pays d’Afrique des Caraïbes et du Pacifique, UE-Canada et à la négociation du traité transatlantique, …), le désespoir ne se traduit pas par un vote positif pour les formations à la gauche du PS, mais par l’abstention ou le vote FN.
Cet échec a une explication : ces partis à la gauche du P$ sont autant coupés du peuple que les partis dits de gouvernement. Ils font partie du système autant que ces derniers. Alors que c’est le système politique et économique qui doit être remis en question.
Par leur mode d’organisation et de fonctionnement, par le fossé qu’ils incarnent eux aussi entre leur discours et leurs pratiques, par leur manque total de crédibilité lorsqu’ils s’affichent aux côtés de ceux qui souffrent et qui luttent, que ce soit sur le terrain social ou écologique, les partis à la gauche du P$ sont à l’image du système dominant.
Lors d’une de mes conférences contre le traité transatlantique, au moment du débat, une jeune intervenante m’a remercié pour les informations fournies et le décodage des enjeux en cause, mais ce qui m’a frappé, c’est ce qu’elle a ajouté ensuite, s’adressant aux organisateurs (le Front de Gauche). En substance, elle a déclaré « c’est bien, mais la solution ne viendra pas de vous ; vous n’êtes pas l’avenir, vous les partis ; le changement viendra de ceux qui ne se laissent pas récupérer. » Cette jeune femme qu’on retrouvera sans doute à Notre-Dame des Landes, sur les ZAD, devant des centrales nucléaires ou aux côtés des précaires et des discriminés victimes du système, cette jeune femme a raison.
Qui peut prendre au sérieux un député qui vient, une heure ou deux, s’afficher au premier rang d’une manif pour faire croitre qu’il est solidaire de ceux qui luttent dans des combats difficiles et de longue haleine ? C’est aussi risible et pitoyable que Sarkozy tentant de rejoindre le premier rang du cortège de dirigeants venus à Paris défendre une liberté d’expression qu’ils répriment violemment chez eux.
Alors que la fin se trouve déjà dans les moyens utilisés pour y parvenir, les partis à la gauche du P$ en sont toujours à pratiquer l’adage selon lequel « la fin justifie les moyens » et agissent en interne à l’inverse du discours et des propositions qu’ils avancent. Ils prônent un sursaut démocratique, une 6e République même, mais en interne, c’est toujours une oligarchie qui décide. Ils en appellent au peuple, mais rien, dans leurs pratiques, ne témoigne d’une confiance dans le peuple. Ils prétendent donner le pouvoir au peuple, mais c’est pour eux-mêmes qu’ils réclament le pouvoir. Leur autisme n’a d’égal que celui des partis dits de gouvernement.
Ils suscitent l’espoir (le NPA, le PG, et d’autres comme les Verts), et ils créent, par leurs pratiques, la déception. Or, pour la vie démocratique, rien n’est pire que l’espoir déçu. En décevant, les uns après les autres, les partis à la gauche du P$ ont autant contribué au succès de l’abstention et du FN que l’UMP ou le P$
Les partis à la gauche du P$ ne font pas partie de la solution ; ils font partie du problème. C’est la leçon que je tire d’une séquence de ma vie qui a commencé il y a dix ans, lorsque, dans la foulée de rassemblements citoyens comme ceux du Larzac (2000 et 2003), comme les forums sociaux, je combattais le TCE. Cette séquence se termine aujourd’hui.
Bourdieu avait raison.
Raoul M. Jennar
20 Réponses pour “L’échec du Front de Gauche”
La suite ici ----->http://www.jennar.fr
23 mar2015
Un parti qui trompe le peuple et qui refuse de l’entendre n’a aucune vocation à représenter le peuple. Le recul du P$ est insuffisant pour être de nature à créer l’indispensable espace pour reconstruire une gauche digne de Jaurès.
Ils brandissent la peur du FN alors que ce sont leurs politiques qui nourrissent le FN.
Ils appellent au front républicain, mais qu’est-ce donc que ce front si ce n’est l’alliance de ceux qui vident la République de tout contenu social ?
Ils appellent au vote utile, mais voter P$, c’est utile pour qui ? Les salariés, les précaires, les chômeurs ? Non ! Voter P$, c’est utile pour le MEDEF, les banquiers et les carriéristes de ce parti. Voter P$, c’est offrir nos pays à la dictature des multinationales appuyées par l’Union européenne.
Voter P$, c’est voter pour le nucléaire, pour les fabricants de pesticides, de produits chimiques, pour les exploitants des autoroutes, pour l’agriculture industrielle, pour tous ceux qui font du profit au détriment de l’intérêt général.
Dimanche, je vote blanc. Parce que voter, est un devoir civique. Pas question de voter P$ dont je souhaite la disparition.
rmj
\\ Mots Clés : PS
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