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Mar
2015
[Nos assassinats politiques] Retour sur l’assassinat de Jean de Broglie le 24 décembre 1976
Comme on aime apparemment bien les enquêtes “rapides” sur les assassinats politiques, peut-être que notre gouvernement pourrait du coup lever le secret-défense et communiquer l’ensemble des dossiers de police sur celui-ci ?
Qui est Jean de Broglie ?
Descendant du Duc de Berry, fils de Charles X, Jean de Broglie fut maître des requêtes au Conseil d’État. Il eut une riche carrière de grand serviteur de l’état, étrangement éclipsée par les circonstances de sa disparition.
Il fut élu conseiller général de l’Eure pour la canton de Rugles en 1951 sous l’étiquette du Rassemblement du peuple français. En 1955, il fut élu maire de Broglie. Il conserva ces deux mandats jusqu’à sa mort.
En 1951, il avait été victime de la loi sur les apparentements. Tête de liste du RPF, il obtint 19 % des voix et ne fut pas élu. En 1956, tête de liste du Centre national des indépendants et paysans, il obtint un peu moins de 11 % et ne fut pas élu. La troisième tentative fut la bonne: en 1958, il fut élu député de la première circonscription de l’Eure avec plus de 62 % au 2e tour, face au député communiste sortant, Roland Plaisance, et à un candidat radical, A. Vincentelli. Il sera réélu à cinq reprises.
L’étrange histoire de son assassinat
Jean de Broglie fut assassiné le 24 décembre 1976 en sortant du domicile de Pierre de Varga, son conseiller fiscal (financier au passé sulfureux, il avait mêlé Jean de Broglie à plusieurs de ses investissements troubles), qui sera rapidement arrêté, soupçonné d’être le « personnage-clé » de l’affaire en compagnie de l’autre commanditaire, Patrick de Ribemont, qui fut défendu par Raymond de Geouffre de la Pradelle.
Quelques jours après l’assassinat, le ministre de l’Intérieur Michel Poniatowski organisa une conférence de presse dans laquelle il donne le mobile officiel, une histoire de prêt entre Jean de Broglie et de Varga. Le groupe Charles-Martel, « mystérieux groupe d’extrême-droite », revendique par ailleurs l’attentat, indiquant que « le prince de Broglie avait été liquidé en tant que responsable de l’invasion de la France par les hordes nord-africaines ».
Néanmoins, cette revendication semble plutôt constituer un leurre. En effet, deux rapports d’un inspecteur de la direction de la police judiciaire de Paris, datés des 1er avril 1976 et du 27 septembre 1976, avaient mentionné l’imminence de l’assassinat de Broglie pour un motif lié à une « indélicatesse commise par l’homme politique lors d’une affaire précédente portant sur plusieurs millions ».
Par ailleurs, le journaliste d’investigation Alain Laville affirma, qu’à la fin de mai 1976, le tueur à gages marseillais Roland Luperini, indicateur de police et familier du milieu de la fausse monnaie, recherchait un tueur pour exécuter un « contrat » sur la personne de Broglie, le budget de l’assassinat étant fixé à 70 000 francs par ses commanditaires.
Le tireur Gérard Frêche et Guy Simoné, ancien inspecteur de police et ami de Pierre de Varga, sont arrêtés et interrogés par la Criminelle. Ils passent aux aveux circonstanciés. À l’issue du procès le 23 décembre 1981, Varga fut condamné par la cour d’assises à dix années de réclusion pour « complicité d’assassinat ». Les débats ne permirent pas de mettre en lumière les responsabilités exactes, comme le déplora le président André Giresse, soulignant le manque de coopération complet des services de police avec la justice et le caractère manifestement mensonger de nombreux témoignages. Patrick de Ribemont fut mis hors de cause après avoir été publiquement présenté comme coupable par Michel Poniatowski, et fait condamner la France par la Cour européenne des droits de l’homme les 10 février 1995 et 7 août 1996.
Le tireur Gérard Frèche fut condamné à dix années de prison ; Serge Tessèdre, un complice sans épaisseur, à cinq ans. Guy Simoné, défendu par Roland Dumas, fut également condamné en 1981 à dix ans de prison pour complicité du meurtre en tant qu’organisateur bien que Dumas ait mis en évidence les liens du prince de Broglie avec la Matesa espagnole. Réhabilité en 1988, il se fut reconverti dans le conseil et la formation en gestion et clame depuis son innocence. Il s’efforce de reprendre l’enquête.L’affaire de Broglie étant encore classée « secret-défense », les archives de la police ne sont pas disponibles. Il avance que la mort de de Broglie pourrait être liée à un trafic d’armes. Jean de Broglie avait été le trésorier des républicains indépendants, chargé à ce titre de financer la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing en 1974.
Source : Wikipédia
Une affaire appartenant aux Grandes Affaires de la République
Le 24 décembre 1976, rue des Dardanelles, à Paris, le prince Jean de Broglie est abattu au sortir de chez Pierre de Varga, son conseiller juridique. Ancien ministre du général de Gaulle, ami personnel du président Giscard d’Estaing, Jean de Broglie a été l’un des négociateurs des Accords d’Évian qui ont mis un terme à la guerre d’Algérie.
Selon le ministre de l’Intérieur, Michel Poniatowski, le mobile serait une sombre affaire financière, un prêt de 4 millions de francs consenti par Patrick Allenet de Ribemont et Pierre de Varga pour l’acquisition d’un restaurant, la Rôtisserie de la reine Pédauque, près de la gare Saint-Lazare. L’instruction est close le 21 mars 1980, mais Le Canard enchaîné publie, le 2 avril, deux documents prouvant que la police avait suivi les principaux protagonistes de cette affaire et que ces filatures avaient cessé le 8 décembre 1976, soit une quinzaine de jours avant l’assassinat. Pourquoi? Aucune réponse n’a été apportée à cette question.
Source : L’Express, le 27 octobre 2009.
L’affaire est relancée en 2001
C’EST L’UNE des plus sombres affaires de la V e République, l’assassinat du prince Jean de Broglie en 1976, que la justice vient de ressortir des placards de l’Histoire. La commission de révision des condamnations pénales a jugé hier recevable la requête de Guy Simoné, ancien inspecteur de police, condamné en 1981 à dix ans de prison pour complicité du meurtre de l’ancien secrétaire d’Etat aux Affaires africaines du général de Gaulle.
« C’est une porte qui s’entrouvre vers la révision d’un procès », s’est félicité Emmanuel Ludot, avocat de Guy Simoné. La commission devrait prendre sa décision très rapidement, soit en rejetant cette demande, soit en saisissant la cour de révision. Dans le cadre d’un supplément d’information ordonné hier, les magistrats de cette instance devront se pencher sur les zones d’ombre d’une enquête éclair. L’assassinat de Jean de Broglie remonte au 24 décembre 1976. Vers 9 h 15, le député (républicain indépendant) de l’Eure est exécuté froidement d’une balle de revolver dans la nuque devant son domicile rue des Dardanelles à Paris (XVII e ). Cinq jours plus tard, Michel Poniatowski, ministre de l’Intérieur de Valéry Giscard d’Estaing, annonce que l’énigme est élucidée. Selon l’enquête, Pierre de Varga, conseiller juridique de Jean de Broglie, considéré à l’époque comme le commanditaire de ce contrat, aurait emprunté 4 millions de francs au député pour se rendre propriétaire du restaurant la Reine Pédauque. Un financement opaque qui aurait été à l’origine de la mort du prince de Broglie. Guy Simoné, proche de De Varga, est accusé d’être l’organisateur de cet assassinat, et Gérard Frêche, petit truand, est désigné comme le tueur.
Guy Simoné clame toujours son innocence
Vingt-cinq ans plus tard, Guy Simoné clame toujours son innocence. « C’est un flingage politique. Un an avant la mort de Jean de Broglie, Varga m’avait dit que des membres du gouvernement voulaient le tuer. De Broglie était mouillé dans un trafic d’armes et cela gênait beaucoup de monde. La police savait tout cela et n’est jamais intervenue », jure Guy Simoné. L’une des pièces remises par M e Ludot à la commission confirmerait que les autorités policières étaient au courant d’un contrat lancé sur la tête de De Broglie. Récemment, une historienne faisant des recherches sur la Seconde Guerre mondiale, a découvert par hasard un dossier classé aux Archives nationales qui contiendrait des documents relatifs à l’affaire de Broglie. « Ecoutes téléphoniques, filatures, photographies, ce dossier a dû réintégrer les archives de la police. Je ne peux en dévoiler le contenu », écrit l’historienne dans une attestation qu’a désormais en sa possession la justice. Selon nos informations, l’historienne, qui sera prochainement entendue par un membre de la commission de révision, serait tombée sur des comptes rendus d’écoutes téléphoniques entre un ancien haut personnage de l’Etat et Pierre de Varga, peu de temps avant le meurtre de De Broglie. Que se disaient ces deux hommes aujourd’hui décédés ? C’est ce que veut savoir la commission de révision. La teneur de cette conversation pourrait alors relancer cette affaire.
Source : Le Parisien
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Pour de plus amples informations sur cette affaire, vous pouvez consulter cette émission de RTL ici.
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Enfin, je vous recommande l’émission Rendez-vous avec M.X ici
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