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samedi 7 mars 2015

Grèce: premières réactions au “programme de réformes” validé par l’Eurogroupe

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Grèce: premières réactions au “programme de réformes” validé par l’Eurogroupe

solidarité grece 1
lu dans IO pictoPar Dominique Ferré (dans le n°341 d’Informations Ouvrières du 5 mars 2015) 

 
Au lendemain de la publication de la liste des « réformes » que le gouvernement a transmise aux créanciers de la Grèce, « validée » par ceux-ci, quelle est la situation ?
Dans la classe ouvrière, dans les couches de la population frappées par cinq années de destruction sociale imposée par les « mémorandums », les avis sont partagés. Nombreux sont les travailleurs qui, ayant voté Syriza, disent — à l’instar de ces ouvriers du bâtiment interrogés par un de nos correspondants : « Il faut laisser un peu de temps au gouvernement. Ce n’est pas si simple, il a tout le monde contre lui : BCE, FMI, gouvernements européens… »
Cela étant dit, comme le souligne Stathis Kouvelakis, membre du comité central de Syriza, l’accord signé n’est pas une victoire, puisqu’il « prévoit de rembourser intégralement et à temps les créditeurs » et admet « que le pays acceptera d’être mis sous tutelle par les “institutions” — le nouveau nom de la troïka », et que le gouvernement s’y engage à « ne prendre aucune mesure unilatérale, qui pourrait mettre en danger les objectifs budgétaires fixés par les créditeurs ».
Or « le rétablissement de la législation du travail (…), tout comme la réembauche de fonctionnaires licenciés, le rétablissement de l’électricité pour les foyers qui en étaient privés, ou la reconstitution de l’ERT (groupe de radio et télévision publiques) »… tous ces engagements se sont « rapidement heurtés aux exigences de l’Union européenne et de la troïka ».
Et de conclure : « Tout le problème est là. (…) On ne peut pas rompre avec les politiques d’austérité et les mécanismes de mémorandum sans entrer dans une confrontation avec l’Union européenne (…). Pour toute force qui veut s’inscrire en faux contre les choix dominants en matière de politique économique, la rupture est une condition indispensable » (1).

41 % des membres du comité central de Syriza vote pour une résolution intitulée: « Nous sommes en désaccord avec la liste des mesures signées avec l’Eurogroupe »

Or, s’ils veulent « laisser du temps au gouvernement », les travailleurs n’ont pas pour autant renoncé à leurs revendications. Jeudi 26 février, la direction du syndicat des enseignants (OLME) était reçue au ministère pour la réembauche des milliers d’enseignants « mis en disponibilité ». Un face-à-face entre un ministre Syriza et le président du syndicat, membre de Syriza et lui-même « mis en disponibilité »… Commentaire d’une de nos correspondantes : « A ce sujet, les syndicats ne semblent pas lâcher le morceau. »
C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l’importance du vote qui a eu lieu lors du comité central de Syriza le week-end dernier.
Alexis Tsipras, venu défendre les termes de l’accord, a été confronté au vote, par 41 % des membres du comité central (2), d’une résolution intitulée : « Nous sommes en désaccord avec la liste des mesures signées avec l’Eurogroupe » (contre 55 %, 4 % s’abstenant). Des mesures « en contradiction totale avec les engagements électoraux de Syriza. Dans l’immédiat, Syriza devrait prendre immédiatement et prioritairement les mesures conformes à ses engagements électoraux, quels que soient les engagements pris avec l’Eurogroupe. » C’est-à-dire rien de moins que ce pour quoi le peuple grec a voté le 25 janvier.
(1) A propos de l’attitude de Hollande, que certains, en France, appelaient à voler au secours de la Grèce, Stathis Kouvelakis répond : « On ne peut pas mettre en œuvre une politique d’austérité et voter la loi Macron d’un côté, et aider politiquement un pays qui veut rompre avec l’austérité. »
(2) C’est-à-dire au-delà des forces de la « Plate-forme de gauche » qui a proposé cette résolution.

                                                                          Parti Ouvrier indépendant

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