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dimanche 1 mars 2015

CULTURE et LOISIRS :Hervé Télémaque et la figuration narrative

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Hervé Télémaque et la figuration narrative

email dimanche Telemaque
« Les Haïtiens,
premier peuple de peintres »
(André Malraux)
Au moment où se déroulent à Haïti des manifestations quasi-insurrectionnelles pour chasser le dictateur Martelly, appuyé sur les baïonnettes de la Minustha, et qui fait tirer sur son peuple, comment ne pas évoquer le tableau du grand peintre haïtien Hervé Télémaque, Le Voyage d’Hector Hyppolite en Afrique (2000) ?
Hyppolite est le père de l’art naïf haïtien, et, dit Télémaque, « je lui présente tous les voleurs, tous les dictateurs africains que nous aimons, qui sont presque des haïtiens [allusion aux Duvalier]. C’est une petite leçon. Les noms sont écrits à la craie blanche sur un tableau…noir : Bokassa, Bongo, Mobutu, Kabila, Amin Dada ».
Banania
Banania n°3 (1964) 1,95m sur 1,30m – Hervé Télémaque
En 1785, son ancêtre a débarqué d’un bateau négrier dans le port des Cayes, et a reçu le nom de « Télémaque » (« celui qui s’est battu au loin [en Afrique] », selon les Grecs).
En 1957, quand le dictateur François Duvalier est installé par la CIA, lui-même quitte son pays pour rejoindre les surréalistes : il sera « pop-surréalisant », influencé par la publicité. Banania (1964) réunit le slogan « Y’a bon banania » et une matraque de CRS : contre-culture et anticolonialisme.
Il mêle les images et les mots, il associe des objets hétéroclites. C’est une peinture engagée dans le camp anti-impérialiste : il peint La Boina del Che (Le Béret de Guevara), en 2004.
En 1964, au Musée d’Art moderne de Paris, il est le sujet de l’exposition « Mythologies quotidiennes », que le critique Gérald Gassiot-Talabot baptise : exposition « de la Figuration narrative ».
En 1976, il peint La Poutre, qui supporte un bateau, signe que notre société est un chantier bien branlant.
En 1985, c’est La Terre couchée : un morceau de tôle est inséré dans le tableau. « J’ai fait cette composition pour faire parler cette tôle rouillée, qui est la voix de la misère humaine ».
La terre couchée / Hervé Télémaque (1,75 m sur 8 m)
En 1998, il dessine le timbre-poste commémorant le 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage : c’est un portrait de Toussaint-Louverture en général de la République.
Le mulâtre, devenu hémiplégique, travaille toujours, à Villejuif, appuyé sur sa canne, dont il a fait un motif récurrent de sa peinture : « On peint pour exister » (Hervé Télémaque)
 Rétrospective au Centre Pompidou, jusqu’au 18 mai.

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