Première guerre mondiale: François Hollande marathonien des commémorations
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HISTOIRE - Une de plus. François Hollande n'en finit pas avec les commémorations.Au lendemain des images fortes avec son homologue allemand Joachim Gauck en Alsace, voila le président de la République en Belgique. Il a répondu favorablement à l'invitation du roi des Belges à Liège pour rendre hommage aux populations locales victimes de l'invasion allemande il y a cent ans.
Dans la matinée, il participe à une cérémonie internationale en présence d'une dizaine de chefs d'Etat. Dans l'après-midi, c'est une cérémonie franco-belge qui sera organisée dans la ville, faite chevalier de la légion d'honneur dès le mois d'août 1914.
François Hollande avec Joachim Gauck et le roi d'Espagne Felipe VI.
Pour François Hollande c'est une dernière apparition publique avant de prendrequelques jours de repos à la Lanterne. Des vacances qui prendront fin le 15 août pour... une nouvelle cérémonie mémorielle. Le Président se rendra sur le porte-avions Charles-de-Gaulle afin de célébrer le 70e anniversaire du Débarquement en Provence.
Soigner une stature dans un moment consensuel
Au total, en six mois, de juin à novembre, c'est une quinzaine de cérémonies que le chef de l'Etat va présider, en espérant que toutes se passent aussi bien que celle du 6 juin dernier en Normandie. A l'occasion du 70e anniversaire du Débarquement, le gratin mondial était en France pour un moment sans fausse note durant lequel il avait accueilli Barack Obama, Vladimir Poutine ou la Reine d'Angleterre. Ce fut un coin de ciel bleu dans un quotidien morose pour François Hollande, englué dans une situation économique et sociale délicate avec une cote de popularité qui refuse de remonter.
Ces moments solennels sont le moyen pour ce Président féru d'histoire de prendre de la hauteur. De se présidentialiser et d'apparaître au-dessus de la mêlée. Et à chaque occasion, François Hollande en profite pour faire le pont entre l'Histoire et la situation d'aujourd'hui. "Les commémorations ne sont pas une nostalgie, elles sont un rappel des épreuves traversées par les peuples. Elles sont les leçons de l'histoire. Elles sont des appels à l'union, au rassemblement, à la mobilisation face à d'autres enjeux, d'autres menaces, d'autres défis. Les commémorations viennent donner du sens au monde d'aujourd'hui", explique-t-il.
Deux exemples ces derniers jours. Vendredi, pour le centenaire de la mobilisation générale, il a publié une tribune dans la presse régionale pour prôner le retour d'une "France forte capable de peser sur le destin du monde". Dimanche depuis l'Alsace c'est un cessez-le-feu à Gaza, qu'il appelait de ses voeux tout en faisant l'apologie d'une Europe, "aventure exceptionnelle de l'humanité".
Un Président de cohabitation?
Pour ses proches, ce type d’événements consensuels, qu'aucun adversaire politique ne lui reprochera de présider, peut aussi avoir le mérite de rassembler. "Montrer de la compassion après le crash de l'avion d'Air Algérie ou s'investir dans les commémorations des deux grandes guerres peuvent contribuer à rassembler les Français, à ressouder la société", veut croire son conseiller Bernard Poignant, cité parle Figaro.
Mais cette très longue séquence de commémorations qui s'étirera jusqu'à l'automne présente un risque pour François Hollande. Celui de lasser une opinion qui se perdrait dans le fil de l'Histoire. Alors que certains historiens déconseillaient au Président de mêler en 2014 le centenaire de la Première guerre mondial et le 70e anniversaire du Débarquement, il a choisi de célébrer les deux, doublant le nombre de cérémonies.
Bilan, François Hollande a en moyenne un événement historique à célébrer presque tous les quinze jours, donnant l'impression que son agenda n'est rempli qu'avec ces moments. C'est comme s'il n'avait plus le temps pour évoquer les préoccupations quotidiennes des Français et qu'il laissait son premier ministre en première ligne prendre les coups et annoncer les mauvaises nouvelles. Vendredi, c'est en effet Manuel Valls qui est venu s'adresser aux Français à l'issue du séminaire gouvernemental pour évoquer "la rentrée difficile" qui s'annonce.
Un Président qui célèbre et commémore avec un premier ministre chargé des affaires courantes. Voila une répartition des rôles qui rappellent à certains les périodes de cohabitation, à d'autres la IVe République. Pas sûr que ces deux comparaisons fassent très plaisir à François Hollande.
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