Casse humaine, sociale et politique : les coûts sous-estimés du chômage pour la société française
Par J. Bichot- F. Dubet- P. Crevel- M. Tandonnet- D. Bourguignon | Atlantico.frAtlantico.fr/J. Bichot- F. Dubet- P. Crevel- M. Tandonnet- D. Bourguignon - Des chomeurs qui attendent devant Pôle emploi
La confirmation de l'échec de François Hollande
s'inscrit dans une longue lignée de ratés politiques contre le chômage de
masse. Si l'on peut évidemment s'inquiéter des conséquences économiques qu'une
telle tendance peut avoir sur le pays, il ne faudrait pas oublier que le
sous-emploi se paye sur bien d'autres plans.
Un coût social et familial
Jacques Bichot : Le développement progressif du chômage de longue durée,
qui s'est particulièrement intensifié pendant l'après-crise (la durée moyenne
d'inscription à Pôle emploi ayant grimpé de plus de 100 jours en quatre ans
jusqu'à frôler 500 jours en juillet 2013) est évident. Il s'agit là d'un
phénomène hautement incapacitant pour les individus qui y sont confrontés, ces
derniers étant évidemment de moins en moins susceptibles de retourner sur le
marché du travail au fil des mois. S'il n'est généralement pas particulièrement
handicapant sur le plan social d'être confronté à des périodes d'inactivités de
3/4 mois, on note une véritable barrière à partir de 9/12 mois. A ce stade, ce
n'est plus seulement le chômeur mais une grande partie de son entourage
(famille, amis…) qui commence à verser dans la commisération, ce qui finit par
marginaliser de plus en plus le principal intéressé. Le département de la Santé
britannique a ainsi produit récemment une étude soulignant l'impact
insécurisant que peut avoir l'inactivité d'un père de famille sur la
psychologie de ses enfants, et ce même plusieurs années après qu'il ait
retrouvé un emploi. Est ainsi crée un climat insécurisant
qui peut entraîner des échecs scolaires, des difficultés caractérielles qui
auront clairement des conséquences sur ces futurs adultes. Par ailleurs, on
sait bien que le chômage est un facteur qui joue beaucoup sur les ruptures
conjugales (expérimentées par 43,5% des hommes au chômage depuis 2 ans, contre
18,9% pour ceux qui étaient actifs d'après une enquête du sociologue Serge
Paugam, NDLR).
On peut aussi évoquer le lien entre hausse du chômage et
de (...)lire la suite sur
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