Le FMI répond à l'appel d'une Ukraine financièrement exsangue
Reuters –
KIEV
(Reuters) - Le nouveau gouvernement ukrainien, confronté à une double crise
politique et économique, a adressé une demande d'aide au Fonds monétaire
international (FMI) qui enverra, a-t-on appris jeudi, une délégation dans
"les prochains jours".
La monnaie de
ce pays lourdement endetté, la hryvnia, a atteint un nouveau plus bas
historique jeudi, ce qui laisse craindre un risque de défaut de Kiev sur sa
dette.
Amorcée avec le
début des troubles politiques il y a trois mois, la chute de la devise s'est
accélérée depuis la destitution, samedi dernier, du président Viktor
Ianoukovitch par le Parlement.
Sur le plan
politique, le pays a connu de nouveaux soubresauts avec la prise de contrôle du
Parlement et du siège du gouvernement de Crimée, une région autonome du
sud-est, où des hommes en armes ont hissé le drapeau russe.
Sur le plan
économique, le nouveau gouvernement, avec à sa tête l'ancien ministre de
l'Economie Arseni Iatséniouk, a commencé à s'activer.
"Notre
pays est au bord de l'effondrement économique et politique", a déclaré le
nouveau Premier ministre devant la Rada, la chambre monocamérale ukrainienne,
qui venait de donner son feu vert à la formation du nouveau gouvernement.
"Il n'y
pas d'autre alternative pour nous que de prendre des mesures extrêmement
impopulaires", a-t-il ajouté sous les applaudissements nourris des
députés.
"Nous
avons besoin de signer immédiatement un accord avec le FMI", a-t-il
également dit. "Dès qu'un accord sur un programme du FMI sera signé, des
fonds seront débloqués pour nos réserves et nous serons en mesure de stabiliser
les taux de change."
UNE DÉLÉGATION
DU FMI "DANS LES PROCHAINS JOURS"
Le nouveau
ministre des Finances, Oleksander Chlapak, a précisé que Kiev avait sollicité
l'envoi rapide d'une délégation du FMI et allait lui demander "au moins 15
milliards de dollars".
Le FMI a
répondu favorablement à cette première demande, comme l'a annoncé sa directrice
générale, la Française Christine Lagarde, précisant que cette visite se ferait
"dans les prochains jours".
"Cela va
permettre au FMI (...) d'ouvrir des discussions avec les autorités sur les
réformes à entreprendre et qui pourraient servir de base à un programme soutenu
par le Fonds", a déclaré Christine Lagarde.
L'organisation,
a-t-elle précisé, a commencé à discuter avec ses partenaires internationaux des
modalités de l'aide à apporter à l'Ukraine.
Selon Gerry
Rice, porte-parole du Fonds, il est encore trop tôt pour dire à quel montant
s'élèverait un éventuel programme, ni dans quelles conditions il pourrait s'effectuer.
En déplacement
au Royaume-Uni, la chancelière allemande, Angela Merkel, a défendu le principe
d'une aide.
"Nous
devons offrir notre soutien aux gens qui se trouvent là-bas et dans de nombreux
autres pays, lorsque l'état de droit doit être protégé", a-t-elle plaidé
devant les parlementaires britanniques des deux chambres.
Moscou s'est
également dit, par la voix d'Andreï Bokarev, chef du service des relations
internationales au ministère russe des Finances, prêt à participer aux
discussions sur l'élaboration du plan d'aide.
Lundi, le
ministère des Finances avait estimé à 35 milliards de dollars (25,5 milliards
d'euros) les besoin du pays au cours des deux années à venir, dont une première
tranche devrait être versée en urgence.
Les réserves en
devises de l'Ukraine sont évaluées entre 12 et 14 milliards de dollars par
Goldman Sachs, contre un montant de 17,8 milliards à fin janvier qui
représentait un plus bas depuis 2006.
Kiev doit
rembourser pour six milliards de dollars de dette extérieure avant la fin 2014.
La Russie a
suspendu une aide financière de 15,5 milliards de dollars promise en décembre
en raison des troubles politiques.
Moscou avait
versé une première tranche de trois milliards de dollars avant de renoncer au
versement de la deuxième de deux milliards de dollars après la destitution de
Viktor Ianoukovitch.
(Simon Carraud
pour le service français, édité par Pierre Sérisier)
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