Des dizaines de milliers de manifestants en Espagne pour défendre le droit à l’IVG
Ce samedi 1er février, pour défendre le droit à l’IVG, des milliers de manifestants se sont rassemblés en Espagne, contre le projet du Gouvernement Rajoy dont la loi supprime quasiment ce droit à l’interruption de grossesse. «C’est une énorme mobilisation. Nous sommes venus dire au gouvernement que nous sommes nombreux à refuser que nous retournions 40 ans en arrière», a affirmé Begonia Piñero de l’association Las Comadres des Asturies, une des organisatrice de la manifestation et d’un «train pour la liberté» parti de Gijón pour rallier la manifestation de Madrid. «Ce train de la liberté va à Madrid pour dire au ministre conservateur Alberto Ruiz Gallardon que nous ne voulons pas qu’il touche à la loi de 2010».
De nombreux sondages ont été publiés en Espagne pendant le mois de Janvier et 73 à 76% des Espagnols considèrent que la loi actuelle ne devrait pas être modifiée.
Rajoy multiplie aujourd’hui les projets qui recueillent le soutien des partis ultra conservateurs, comme le projet de loi qui vise à restreindre le droit de manifestation, le durcissement du Code pénal ou le renforcement des cours de religion dans le cursus scolaire.
En Espagne, comme dans tous les pays d’Europe, la défense des droits démocratiques est une question essentielle : «Ce sont mes droits, c’est ma vie», proclamaient les manifestants de Madrid.
"Le POI condamne la régression en cours dans toute l’Europe concernant ce droit démocratique fondamental que constitue le droit des femmes à interrompre librement leur grossesse"
Communiqué des secrétaires nationaux du POI du 20 janvier
Le POI condamne la régression en cours dans toute l’Europe concernant ce droit démocratique fondamental que constitue le droit des femmes à interrompre librement leur grossesse.En Espagne, le gouvernement Rajoy, avec son projet de « loi de protection de la vie et des droits de la femme enceinte », se soumettant à l’Eglise catholique et aux groupes de pression anti-avortement, entend interdire le droit à l’IVG. Ainsi, il ne serait plus autorisé que dans deux cas : d’une part, en cas de viol, à condition que la femme ait porté plainte, et, d’autre part, si elle peut prouver — avec l’expertise de deux psychiatres — qu’il existe un danger pour sa santé physique ou psychique.En défendant son projet, le ministre espagnol de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardon, affirmait être« convaincu que cette initiative aura une suite, ailleurs en Europe ». Les faits lui donnent raison : c’est dans toute l’Europe que le droit à l’IVG est remis en cause, en particulier par les politiques de réduction des déficits publics mises en place par l’ensemble des gouvernements en Europe.Le 10 décembre 2013 déjà, le Parlement européen a rejeté l’amendement d’une euro-députée portugaise qui avait proposé la reconnaissance du droit à l’avortement et à la contraception dans l’ensemble des pays européens. Une nouvelle fois se confirme le caractère antidémocratique du Parlement européen et de l’ensemble des institutions européennes.En France aussi, cette conquête démocratique, arrachée par de puissantes mobilisations il y a quarante ans, est menacée, comme l’ensemble des acquis ouvriers et démocratiques. Et cela en conséquence de la fermeture des centres d’IVG, résultat du démantèlement de l’hôpital public, et de la suppression des crédits alloués aux établissements autonomes, au nom d’une politique de réduction des déficits publics menée depuis des années par les gouvernements qui se soumettent aux injonctions de l’Union européenne.Alors que le nombre moyen d’IVG en France est de 220 000 par an — nombre stable depuis 2006 — au cours des dix dernières années, plus de 130 établissements de santé pratiquant l’IVG ont fermé.De plus, la loi Bachelot, en instaurant la tarification à l’activité — loi qui n’a pas été abrogée par l’actuelle ministre de la Santé, Marisol Touraine —, frappe de plein fouet l’activité d’IVG décrétée« activité non rentable », alors qu’on demande de plus en plus aux hôpitaux d’être rentables.On connaît les conséquences : listes d’attente, non-respect des tarifs réglementaires, refus de prise en charge des mineures, multiplication des cas de détresse… Autant de restrictions qui font du recours à l’IVG un véritable parcours de combattante.Dans le même temps, la suppression des subventions aux centres de planning familial a entraîné la fermeture de nombre d’entre eux, alors qu’ils avaient une mission essentielle de diffusion de l’information sur la contraception auprès des jeunes.Sur un nouveau site dédié à l’information des femmes sur l’IVG, Marisol Touraine et Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, affirment : « Le gouvernement ne tolérera aucune entrave à ce droit essentiel des femmes, chèrement acquis. » Mais comment peuvent-elles avoir l’audace d’affirmer cela quand les centres IVG ferment les uns après les autres, menaçant précisément ce droit, chèrement acquis ?Le POI, membre de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples, assure de sa solidarité et de son soutien les mobilisations pour la défense de ce droit et toutes les femmes et les organisations du mouvement ouvrier et démocratique espagnol engagées dans cette action légitime.En France, le POI, qui se prononce pour l’abrogation de la loi Bachelot, exige la réouverture et l’ouverture de tous les centres IVG nécessaires pour répondre aux besoins des femmes et respecter le droit à l’IVG sans aucune restriction.Paris, le 20 janvier 2014Claude Jenet, Daniel Gluckstein, Gérard Schivardi, Jean Markun,secrétaires nationaux du POI
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