L'actualité du mardi 04/02/2014 La UNE Ambigu
C’est un
procès pour l’histoire qui s’ouvre aujourd’hui. Le premier en France pour
«crime contre l’humanité» depuis ceux de Klaus Barbie, Paul Touvier et
Maurice Papon, les complices zélés de la barbarie nazie. Les débats qui
débutent vont pourtant bien au-delà du parcours sanglant de Pascal
Simbikangwa, bourreau présumé dont il appartiendra aux jurés populaires de
dire le rôle qu’il a joué dans le génocide des Tutsis. Devant la cour
d’assises de Paris, c’est une page de l’histoire ambiguë entre la France
et le Rwanda qui s’écrit. Car quand la Belgique, la Norvège,
l’Allemagne et la plupart de ses voisins européens jugeaient
et condamnaient les génocidaires hutus, la justice française
s’employait à laisser s’enliser les procédures, à laisser courir les suspects
et à faire en sorte qu’aucun des dossiers n’aboutisse. Des manœuvres si
douteuses qu’elles lui valurent, en 2004, d’être condamnée par la Cour
européenne des droits de l’homme. En même temps que Simbikangwa, c’est
cette justice dévoyée, longtemps symbolisée par le juge Jean-Louis
Bruguière, l’inventeur odieux du double génocide, qui est en procès à Paris.
Mais si, avec vingt années de retard, la France rejoint la plupart
des grands pays occidentaux et le Rwanda lui-même dans le jugement
d’un des plus épouvantables massacres du siècle, ce procès ne suffit pas. Il
reste à aller au bout de toutes les procédures en cours.
Il reste surtout à faire la lumière sur le rôle de Paris au
début des années 90, avant et pendant le génocide rwandais.
Car si la justice n’a pas vocation à écrire l’histoire, elle doit pouvoir
l’éclairer.
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