"Révolution fiscale" : Mélenchon a marché sur Bercy
Selon le Front de gauche, les manifestants étaient 100.000 dimanche à Paris, pour "donner un contenu positif "au ras-le-bol de l'injustice fiscale". La préfecture de police parle de "7.000"' têtes.
La marche avait pour but "une révolution fiscale", afin de "donner un contenu positif à l'exaspération" et "au ras-le-bol de l'injustice fiscale". (PIERRE ANDRIEU / AFP)
Les organisateurs de la marche du Front de gauche "pour une révolution fiscale" à Paris ont annoncé avoir rassemblé 100.000 manifestants dimanche 1er décembre, tandis que la préfecture de police a comptabilisé 7.000 participants.
Le Front de Gauche a aussitôt dénoncé des chiffres "farfelus", affirmant qu'ils avaient été "dictés" par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls. "Il aurait pu dire 2, avec tout autant de crédibilité !", a ajouté le parti de Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué.
Le 5 mai 2013, une précédente manifestation du Front de gauche contre l'austérité avait réuni 180.000 personnes, selon le co-président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, mais seulement 30.000, selon la préfecture. Cette différence de chiffrage avait déjà provoqué une vive polémique entre MM. Mélenchon et Valls.
"Le 5 mai, Valls nous avait divisé par 6, cette fois il le fait par 14. C'est sans doute à la hauteur de la crainte que nous lui inspirons", a souligné le Front de Gauche.
La préfecture de police a assuré avoir "procédé à des estimations assez précises".
Dans un premier temps, une source à la préfecture de police avait indiqué qu'elle ne communiquerait aucun chiffre, s'agissant d'un rassemblement politique. Une position qu'elle avait observée durant la campagne présidentielle de 2012.
Dans un premier temps, une source à la préfecture de police avait indiqué qu'elle ne communiquerait aucun chiffre, s'agissant d'un rassemblement politique. Une position qu'elle avait observée durant la campagne présidentielle de 2012.
Fanions et balais
Le cortège, parti peu après 14 heures de la place d'Italie, s'est arrêté vers 16 heures à proximité du ministère des Finances à Bercy, qualifié par Jean-Luc Mélenchon de "portique aux mains des banques", alors que commençait un meeting avec ce dernier et le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent.
Les manifestants ont brandi des fanions aux couleurs du Parti de gauche, du PCF, ou du Front de gauche, et pour certains d'entre eux des balais.
La tête du défilé était arrivée à Bercy à 15h15 tandis que la queue de la manifestation se trouvait encore gare d'Austerlitz, à près d'un kilomètre de là.
Jean-Luc Mélenchon, à l'initiative de la manifestation, s'est tenu en tête de cortège, derrière une banderole proclamant "Contre l'injustice fiscale, taxer le capital, non à l'augmentation de la TVA", aux côtés de Martine Billard, le secrétaire national du PCF Pierre Laurent, ainsi que notamment Clémentine Autain, responsable d'une autre composante du Front de gauche.
Le Nouveau parti capitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot et Lutte ouvrière (LO), avec son ancienne candidate à la présidentielle, Nathalie Artaud, ont aussi participé au défilé.
Crédit impôt compétitvité emploi en ligne de mire
"Nous sommes des gens de gauche, nous sommes des partageux, et ça nous fait mal au coeur de voir, nous qui nous sommes toujours battus pour l'égalité, qu'on soit en quelque sorte marginalisés, et que des gens qui défendent des intérêts particuliers occupent tout le terrain", a dit Jean-Luc Mélenchon à TF1, peu avant le départ de la manifestation. Il faisait allusion aux Bonnets rouges qui ont défilé samedi à Carhaix (Finistère).
Le co-président de gauche a critiqué le Crédit impôt compétitivité emploi (CICE) consistant à "aller encore donner 20 milliards d'euros aux grandes entreprises". "Comme on faisait campagne contre le report de l'âge de la retraite, pour combattre la finance et que M.Sarkozy incarnait tout ça, on a fait tout ce qu'il fallait pour le sortir. Maintenant il faut sortir le suivant !", a-t-il dit en parlant de François Hollande, en appelant à "battre les listes gouvernementales" aux élections municipales et européennes de 2014.
Pierre Laurent, sans faire allusion aux municipales, a estimé qu'il fallait "construire une solution de gauche, une solution juste". "Nous discutons tous les jours sur les marchés, au porte à porte dans nos cités, avec des électeurs qui ont voté écologiste, qui ont voté socialiste et qui ne se reconnaissent absolument pas dans les choix du gouvernement actuel", a-t-il souligné.
"Nous sommes en 1788"
Dans une interview dans "Le Parisien-Aujourd'hui en France" Jean-Luc Mélenchon a aussi estimé, que face à l'injustice fiscale, "nous sommes en 1788" en référence à l'année précédant la Révolution française. L'ancien candidat à la présidentielle réclame en premier lieu "l'abolition de la hausse de la TVA en janvier".
Selon lui, "les gens ne se méfient pas car le chef de l'Etat les a embrouillés avec le taux à 20%. Il ne leur a pas parlé du taux qui va passer de 5,5 à 10% pour un tas de petites choses de la vie quotidienne. L'augmentation de la TVA va coûter en moyenne 428 euros par an pour une famille de quatre personnes. Cela va porter sur les médicaments non remboursables, les maisons de retraite, la consommation d'électricité, les transports".
"Le système de l'impôt est rejeté par tout le monde car tous savent qu'il protège les privilégiés fortunés. Pourtant, il n'y a pas d'alternative : sans impôt, il n'y a plus d'Etat". "Il faut donc établir un impôt universel et juste. Et abolir les privilèges. Tous les efforts reposent sur la classe moyenne. Les très riches et les très grandes entreprises ne contribuent pas à la hauteur de leurs moyens. Au contraire, ils se servent à pleines mains", juge le député européen.
"Nous serons très nombreux, j'en prends le pari"
"Nous serons très nombreux, j'en prends le pari", pronostiquait alors le leader du Front de gauche sur son blog.
Pierre Laurent veut aussi lancer des "états généraux de la justice fiscale". "Au printemps, on va proposer à tout le monde d'organiser des états généraux de la justice fiscale, on écrira ensemble avec le pays un projet de loi et on s'engagera à le déposer et à le défendre au Parlement", a assuré le sénateur de Paris.
"Le problème, c'est que la méthode choisie par Ayrault commence sérieusement à sentir l'embrouille. Il faut une autre méthode que la méthode Ayrault", a estimé Pierre Laurent. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a entamé lundi dernier des consultations avec les partenaires sociaux pour lancer le chantier de la réforme fiscale.
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