Russie : Il y a vingt ans, l’Octobre sanglant
Mondialisation.ca, 19 septembre 2013
Thème: Histoire, société et culture
Moscou 21 septembre-5 octobre 1993
Il y a des anniversaires d’exploits historiques que leurs acteurs eux-mêmes préfèrent taire, et que leurs sympathisants n’évoquent qu’avec discrétion et « nuance », les bilans à terme s’avérant moins éloquents que prévu.
Ainsi, il y a vingt ans, ce début de guerre civile à Moscou ! C’était, pour la Russie, « le grand tournant décisif », politiquement plus décisif même, pour la Russie, que la dissolution de l’URSS fin 1991, vu que ce tournant de septembre-octobre 1993 mettait un terme au « pouvoir soviétique », sous toutes formes qu’il ait pris depuis 1917, la dernière étant démocratisée et parlementaire depuis 1989, le nouveau président Boris Eltsine substituant à cette nouvelle démocratie post-soviétique un régime présidentiel autoritaire, en vigueur depuis vingt ans. Il naquit dans un bain de sang, au nom de la « véritable Démocratie » telle qu’on la conçut alors, tant au Kremlin qu’en Occident. Sans prévoir pour autant l’usage qu’en ferait le successeur, Vladimir Poutine.
Ce tournant eut lieu sur fond de « thérapie de choc » néolibérale qui plongeait des dizaines de millions de gens dans la misère et le désarroi – mais, certes, quel festin du côté des « oligarques » montants, de la jeunesse dorée de Moscou, de tous leurs admirateurs en Occident, n’était-ce pas « le Marché en plein épanouissement » ?! Il n’y a pas à dire : il s’est épanoui. Les pénuries de l’ère soviétique ont bien fait place à l’abondance de l’offre. Et si l’épargne populaire de plusieurs décennies s’envola en quelques jours grâce à la libération des prix, des fortunes fabuleuses ont pu s’édifier grâce à la même « libération » et à l’exportation également « libérée » des matières premières vers les zones à devises fortes. Les compressions des dépenses publiques ont permis de rembourser, partiellement, les prêts que le Fonds Monétaire International concédait à la Russie à la condition qu’elle « libère » les prix, comprime les subventions aux industries, aux écoles, à la santé, engage un grand programme de privatisation des biens collectivisés depuis 1917-1927.
L’auteur de la thérapie de choc, Egor Gaïdar, a remarquablement bien défendu sa cause dans un ouvrage paru peu avant sa mort. Libéralisation des prix, privatisations, stabilisation monétaire : sur ces trois fronts, la stratégie mise en œuvre a atteint ses objectifs, du moins le « point de non retour » qui a rendu irréversible le processus de « sortie du communisme ». L’Occident peut lui en être infiniment reconnaissant. La société russe n’en éprouve pas la même gratitude. Qu’a-t-elle donc à reprocher à ce tournant décisif sans lequel, qui sait, les « rouges et bruns » auraient pris leur revanche, restauré l’URSS ?!
Le très nouveau Parlement russe (né en 1989) mensongèrement présenté chez nous comme « communiste et conservateur », avait élu Boris ELtsine à sa présidence puis l’avait promu à celle de la Russie, non sans ardemment soutenir ses réformes « de Marché » contre le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev jugé « indécis », de même qu’il a voté la dissolution de l’URSS. On ne saurait donc présenter le conflit ultime de 1993 comme un affrontement entre un parlement de « nostalgiques de l’URSS » et les antisoviétiques du pouvoir exécutif....
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