Rien ne va plus entre Mélenchon et le PCF
- Par Sophie de Ravinel
- Publié
Le Parti de gauche plaide l'autonomie pour les municipales, ce qui n'arrange pas les communistes.
Envoyée spéciale à Grenoble (Isère)
«Il
n'y aura pas une ville de plus de 10.000 habitants où le Parti de gauche (PG)
ne présentera pas une liste autonome!» Lancé dimanche sur un ton martial par Jean-Luc Mélenchon lors
de son intervention de clôture de l'université d'été du Front de gauche à
Grenoble, cet avertissement est une attaque directe de la stratégie historique
du Parti communiste aux municipales. Avant même de viser le Parti socialiste.
La
crise est ouverte entre Jean-Luc Mélenchon et le numéro un communiste Pierre Laurent. Une crise inédite qui a occupé les esprits
ce week-end, plus que la mobilisation contre la réforme des retraites, la
dénonciation du marché transatlantique ou de la taxe carbone… Et même plus queManuel Valls.
Durant
deux jours, Laurent et Mélenchon sont parvenus à relever le défi de se croiser
sans jamais se saluer, hormis une poignée de main furtive en fin de discours.
Le bras de fer de Mélenchon pour faire évoluer le PCF vers une opposition
systématique au PS dès le premier tour des prochaines échéances électorales
peut-il faire exploser le Front de gauche? Il y aura une «mise entre
parenthèses» dans certaines villes, prédit François Delapierre, bras droit de l'ex-candidat
à la présidentielle. «Surtout pas!», répond Pierre Laurent, soucieux de
maintenir la dynamique de mobilisation locale en période de fortes «difficultés
sociales».
Intervenant
avant Jean-Luc Mélenchon, le sénateur de Paris a défendu ses positions.
«L'enjeu, a-t-il dit, c'est de conquérir des pouvoirs et des leviers au niveau
municipal, indispensables pour les populations, avec des modes de scrutin que
nous n'avons pas choisis.» Pour Pierre Laurent, l'affaire se résumerait en une
seule alternative: «l'élection de majorités de gauche ou l'élection de
majorités de droite». «Je crois que notre devoir est l'élection de majorités de
gauche. Et nous ne devons pas renoncer à cet objectif au risque de nous mettre
dans de graves difficultés pour l'avenir du Front de gauche.»
Humeur sombre
Le
numéro un communiste a fort peu apprécié que Mélenchon l'accuse d'être «au
garde-à-vous» devant les socialistes. Le secrétaire national du PCF a dit
vouloir «en finir avec la fable des élus communistes concédés par le PS». Après
avoir lu l'entretien de Jean-François Copé dans Le Figaro Magazine ce week-end, Pierre Laurent en est
arrivé à cette conclusion destinée à marquer son électorat: «Copé, c'est
Sarkozy plus le bruit de bottes.»
D'humeur
sombre, Jean-Luc Mélenchon, plutôt soutenu par l'assemblée, a justifié sa
position sur les municipales, dénonçant l'action du «prétendu président», surnommé «François le
petit». Contre Manuel Valls, qu'il avait accusé d'être «contaminé» par Marine Le Pen, le coprésident du Parti de
gauche a encore durci le ton. «Je souhaite que Mme Le Pen ne soit pas contaminée par lui»,
a-t-il dit, reprochant au ministre de l'Intérieur des propos sur Mohamed Merah,
«ennemi de l'intérieur».
Inquiets
des tensions au sein du Front de gauche, des responsables n'appartenant ni au
PCF ni au PG, soucieux de s'unir pour renforcer leur influence, ont appelé à la
fin des hostilités. C'est le cas de Clémentine Autain, plutôt favorable à l'autonomie...
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