Anguille sous roche
L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
Un Premier ministre espagnol au bord de la démission pour corruption, un gouvernement portugais en sursis après avoir dû reculer devant la grève des enseignants, un gouvernement grec sur le fil du rasoir alors qu’il veut faire passer le nouveau plan meurtrier de la troïka supprimant des dizaines de milliers d’emplois : dans toute l’Europe les gouvernements s’enfoncent dans la crise de décomposition politique et institutionnelle.
Confronté lui aussi aux affaires en tous genres, le gouvernement Hollande-Ayrault est à la peine. Il lui faut avancer sur la réforme des retraites malgré le refus des principales confédérations syndicales de s’intégrer dans la conférence sociale. Il lui faut imposer la réforme territoriale malgré la levée de boucliers des élus de toutes tendances par milliers. Il lui faut même parfois reculer (cf. ci-contre).
Comment faire ? Une dépêche Reuters, faisant état de la « concertation » entre Marisol Touraine et les organisations syndicales, nous éclaire sur un scénario envisagé : prendre le temps d’un long débat avant de conclure sur la réforme, et, tout de suite, décider une « petite » augmentation d’un point de la CSG, soit 10 milliards d’euros prélevés sur les budgets déjà exsangues des familles ouvrières ! Semblables scénarios se dessinent sur la réforme territoriale, sur celle du ferroviaire, etc.
Une nouvelle religion est en train de s’imposer, celle du « débat », des « propositions » que chacun est invité à formuler… dès lors qu’est admis comme « indiscutable » que « le statu quo n’est pas possible », et donc « qu’il faut une réforme ». Et pendant ce temps, le gouvernement met au point son projet de loi et, sans attendre, continue de frapper.
Travailleurs, militants, et jeunes, qui cherchent la voie du combat efficace pour bloquer les contre-réformes et plans meurtriers dictés par la troïka et appliqués par Hollande et Ayrault, doivent faire preuve de vigilance. Dès que le mot « débat » est sur la table, il y a anguille sous roche (1).
Hollande a été net, ce 14 juillet : son gouvernement est déterminé à s’attaquer aux retraites, notamment en augmentant la durée de cotisation. Pour la classe ouvrière et ses organisations, l’heure ne devrait donc pas être au débat, mais au combat contre toute mesure menaçant les retraites — augmentation de la CSG, augmentation de la durée de cotisation, remise en cause des régimes spéciaux, etc. Combat pour bloquer les contre-réformes Hollande-Ayrault et, par là même, porter un coup d’arrêt aux attaques de la troïka.
Car en France, pas plus qu’en Espagne, en Grèce, au Portugal, il ne saurait y avoir de politique conforme aux besoins vitaux du peuple sans que ne soit brisé le carcan de l’Union européenne auquel tous les gouvernements et tous les partis institutionnels acceptent de se subordonner, quitte à saupoudrer cette discipline de « débats » pour mieux faire passer la pilule. Cette exigence de rupture sera au centre du meeting du 28 septembre à Paris, et des meetings organisés dans différentes villes en France par le Parti ouvrier indépendant.
(1) Nombreux sont les candidats au « débat ». Ainsi, quelques jours après que FO, CGT, FSU et Solidaires ont décidé la journée interprofessionnelle de grèves et de manifestations du 10 septembre, Attac publie un appel : on y retrouve les signatures ès-qualités de dirigeants de premier plan du Parti socialiste, du Parti communiste, du NPA, mais aussi de la CGT, de la FSU ou de Solidaires, qui, pêle-mêle, politiques et syndicaux, soumettent leurs « propositions » au « débat »…
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