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lundi 8 octobre 2018

Amazon décide d'augmenter le salaire minimum de ses employés


4 octobre 2018

Amazon décide d'augmenter le salaire minimum de ses employés

Le plein-emploi et la pénurie de main-d'œuvre commencent à entraîner une hausse des rémunérations aux Etats-Unis

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Mieux vaut devancer l'appel plutôt que de se le faire imposer, par les politiques ou la loi du marché. Amazon a annoncé mardi 2  octobre qu'elle fixait le revenu minimal de ses employés à 15  dollars de l'heure (soit 13  euros). La mesure, qui entre en vigueur le 1er  novembre, concerne 250 000 salariés à temps plein et 100 000 travailleurs saisonniers embauchés pour livrer les colis pour les fêtes de fin d'année.
L'entreprise a annoncé dans la foulée qu'elle allait se battre au Congrès pour que soit relevé le salaire fédéral minimal, qui n'est que de 7,25  dollars, inchangé depuis juillet  2009. Toutefois, au 1er  janvier 2018, 29 Etats auront imposé un salaire minimal supérieur.
Sous la pression de Bernie Sanders, sénateur indépendant du Vermont qui se dit socialiste, le Parti démocrate s'est fixé dans sa plate-forme un objectif de 15  dollars, tout comme les Etats progressistes de Californie et de New York. Ils font partie des 18 Etats qui augmenteront leur salaire minimal au 1er  janvier (10,40  dollars dans l'Etat de New York et entre 12 et 13  dollars dans la ville de New York, selon la taille de l'entreprise, tandis qu'en Californie, la rémunération variera entre 10,50 et 11  dollars). Le salaire minimal le plus élevé est dans le district de Columbia, siège de la capitale fédérale, Washington (13,25).
Amazon avait déjà assuré que le salaire tout compris de 90 % de ses employés à plein temps était supérieur à 15  dollars. La nouveauté concernerait essentiellement les intérimaires. Leur paye, si elle est basse, est déjà supérieure au salaire minimal. Les salariés que nous avions rencontrés en décembre 2017 dans un entrepôt du Kentucky en train d'empaqueter les cadeaux de Thanksgiving et de Noël déclaraient toucher environ 12  dollars. Selon le Wall Street Journal, le salaire des employés à temps partiel travaillant à leur domicile commence à 10  dollars.
Dans le collimateurAmazon souffre de sa mauvaise réputation, car à la différence des start-up de la Silicon Valley, elle n'embauche pas des ingénieurs bien rémunérés mais des manutentionnaires peu qualifiés. Les entreprises comme Wal-Mart sont moins généreuses : le géant de la distribution, qui emploie 1,5  million de salariés, a annoncé qu'il augmentait son salaire minimal à… 11  dollars.
Mais Amazon est dans le collimateur des politiques. Parce son patron fondateur Jeff Bezos est l'homme le plus riche du monde, avec une fortune estimée à 164  milliards de dollars. Parce que son entreprise a été, après Apple, la seconde à franchir – temporairement – la barre des 1 000  milliards de dollars de capitalisation boursière. Parce qu'elle chamboule le commerce de détail et les services postaux américains, ce qui lui vaut d'être attaquée tant par Donald Trump que par Bernie Sanders. La distribution traditionnelle est frappée, comme en témoigne la faillite de Toys'R'Us ou les graves difficultés financières de Sears.
Cet été, le sénateur du Vermont, Bernie Sanders avait accusé Amazon de bénéficier de facto de subventions fédérales, car une grande part de ses salariés vivaient de l'aide sociale et touchaient des bons alimentaires. " Des milliers - de salariés d'Amazon - sont forcés de dépendre de l'aide alimentaire, de l'aide médicale et du logement public, car leurs salaires sont trop bas, y compris un salarié sur trois en Arizona ", a protesté M. Sanders, qui se fondait sur une étude de l'ONG The New Food Economy.
La proposition Stop BEZOSEn Arizona, un employé sur trois d'Amazon ou son conjoint percevait l'aide alimentaire. Mais Amazon n'est pas le pire : les premiers employeurs de salariés dépendants de l'aide alimentaire sont Wal-Mart, McDonald's, ainsi que les groupes de distribution Circle K et d'électronique Fry's.
M.  Sanders a alors déposé un projet de loi proposant de taxer les entreprises de plus de 500  personnes à hauteur des aides sociales que reçoivent leurs salariés, pour les forcer à les payer plus. La proposition a été -facétieusement baptisée Stop BEZOS comme " Bad Employers by Zeroing Out Subsidies Act " (" arrêtez les mauvais employeurs en réduisant à zéro leurs subventions ").
Plein-emploi et pénurie de main-d'œuvre aux Etats-Unis commencent aussi à entraîner une hausse des salaires, qui ont connu en août une hausse annuelle de 2,9  % et forcent Amazon à réagir. Sur les marchés, l'annonce salariale d'Amazon a été bien accueillie : le titre était en légère hausse en début de séance.
Arnaud Leparmentier
© Le Monde

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