Après une semaine de violences et six morts en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, le président de la République s’est envolé pour l’archipel avec l’intention de mettre en place une « mission » de dialogue, aux contours encore flous. Une « avancée » saluée quasi unanimement alors que le gouvernement avait provoqué l’embrasement du Caillou en imposant à marche forcée le dégel du corps électoral. Un sujet hautement inflammable, puisque au cœur du processus de décolonisation.
Mais poussé sur sa droite par la frange la plus réac de l’échiquier politique - jamais avare de caricatures pour brosser le portrait de Kanaks « émeutiers, manipulés, alcoolisés… » à qui il ne faudrait « rien céder » -, Emmanuel Macron n’a, pour l’heure, pas levé l’ultimatum qu’il a imposé à l’issue du vote à l’Assemblée. Et le couperet de la convocation d’un Congrès dès juin pour entériner définitivement la réforme plane toujours. Autre signe fâcheux : le ministre de l’Intérieur auquel a échu le dossier depuis 2021 - avec le résultat que l’on sait, mais sans que cela l’ait convaincu de changer de posture - sera du voyage.
Attendue des indépendantistes pour s’assurer du retour de l’impartialité de l’État gravement bafouée ces dernières années, comme lors de la nomination d’une farouche anti-indépendantiste au gouvernement, le lancement d’une « mission de dialogue » pourrait cependant faire figure de premier pas. Mais trouver la voie de l’apaisement et renouer avec le processus de décolonisation passe aussi par l’ajournement du rendez-vous de Versailles et par le retrait du texte. Ou, tout au moins, par sa mise en pause sans condition, comme des voix le demandent jusque dans le camp macroniste. À l’instar de la présidente de l’Assemblée ou de la maire de Nouméa. Le chef de l’État aura-t-il entendu le message ? Réponse jeudi quand il aura atterri.
Retrouvez également sur l’Humanite.fr les autres infos qui font l’actu ce mercredi. À commencer par l’hommage à la mi-journée aux deux surveillants pénitentiaires tués à Incarville (Eure) ou encore les annonces attendues de l’Irlande et de l’Espagne sur leur reconnaissance de l’État palestinien.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire