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lundi 4 mars 2024

LSDJ (La Sélection du Jour) - SOCIÉTÉ La hiérarchie catholique unanime contre l'inscription de l'avortement dans la Constitution - le 4.03.2024

 


La Sélection Du Jour
04 MARS 2024 - N°2132

SOCIÉTÉ

La hiérarchie catholique unanime contre l'inscription de l'avortement dans la Constitution

Photo : Les deux chambres du Parlement réunies en congrès à Versailles, le 4 mars 2024, pour ancrer le droit à l'avortement dans la Constitution du pays. Crédit photo : Emmmanuel Dunand /AFP.

« La France sera le premier pays au monde à protéger dans sa Constitution la liberté des femmes à disposer de leur corps » s'est écrié le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, en se félicitant d'avance du « vote historique » des sénateurs, le 29 février. Quatre heures de débats auront suffi pour dégager une majorité de 267 voix contre 50 (cf. Gènéthique magazine, 29 février). Le vote du Sénat a ouvert la voie à l'inscription de l'avortement dans la Constitution par l'ensemble des parlementaires réunis ce lundi en congrès à Versailles. Sur X (ex-Twitter), Emmanuel Macron s'est immédiatement réjoui du vote des sénateurs : « Je me suis engagé à rendre irréversible la liberté des femmes de recourir à l'IVG en l'inscrivant dans la Constitution. Après l'Assemblée nationale, le Sénat fait un pas décisif dont je me félicite. » A l'issue du Congrès, totalement prévisible, « le président devrait promulguer la révision constitutionnelle le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes », annonce La Croix (29 février).

Si des personnalités et des associations se sont publiquement opposées à l'inscription de l'avortement dans la Constitution de la France, l'Église catholique est la seule institution mondiale à l'avoir totalement désavouée. Alors qu'on évoque actuellement des désaccords au sein de sa hiérarchie sur des sujets tels que l'accueil des migrants ou la bénédiction de couples homosexuels, elle apparaît soudée face à l'avortement, en dépit de l'opinion publique (huit Français sondés sur dix se disent favorables à l'inscription de l'IVG dans la Constitution). Le 7 février, après le vote de l'Assemblée nationale française (30 janvier), le directeur de Radio Vatican et du site Vatican News, Massimiliano Menichetti, s'étonnait d'un tel projet : « Comment est-il possible de juxtaposer dans la charte fondamentale d'un État le droit qui protège la personne et celui qui sanctionne sa mort ? » Il se faisait ainsi l'écho fidèle du pape François qui, lors de sa visite à Marseille, en septembre dernier, s'était publiquement ému du sort des « enfants à naître, rejetés au nom d'un faux droit au progrès, qui est au contraire une régression de l'individu ». Deux ans plus tôt, le 15 septembre 2021, le Pape avait fait une réponse des plus « carrées » au journaliste d'American Magazine, Gerard O'Connell : « Qui pratique l'avortement tue, sans demi-mesure. » Expliquant pourquoi « l''Église est si dure sur cette question », il avait ajouté : « ... si elle acceptait cela, c'est comme si elle acceptait le meurtre au quotidien. » (Zenit, 16 septembre 2021). Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (2013, n°213), le pape François plaide pour « les enfants à naître, qui sont les plus sans défense et innocents de tous , en pleine cohérence avec ses prédécesseurs, notamment Jean-Paul II qui avait solennellement dénoncé « la suppression délibérée d'un être humain innocent » dans l'encyclique Evangelium Vitae (1995, n°58).

Le mois suivant le voyage du Pape à Marseille, la Conférence des évêques de France avait rappelé son « inquiétude à l'idée que la liberté d'avorter puisse être inscrite dans la Constitution » (CEF, 29 octobre 2023). Après le vote du Sénat, elle a fait part de sa « tristesse », redisant « que l'avortement, qui demeure une atteinte à la vie en son commencement, ne peut être vu sous le seul angle du droit des femmes. » La CEF achève son communiqué en assurant qu'elle « sera attentive au respect de la liberté de choix des parents décidant, même en des situations difficiles, de garder leur enfant, et de la liberté de conscience des médecins et de tous les personnels soignants, dont elle salue le courage et l'engagement » (CEF, 29 février).

Plusieurs évêques ont argumenté dans le même sens sur le site de leur diocèse. « Une société qui constitutionnalise la culture de mort, qu'elle en ait conscience ou non, se fragilise elle-même en profondeur » a averti Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, dénonçant « une dangereuse inversion des valeurs » dans une déclaration (29 février). Mgr Luc Crepy, évêque de Versailles, lieu du Congrès, a publié ce message (27 février) : « Avec tous les évêques de France, je redis ma tristesse et ma profonde opposition devant cette évolution. C'est bien au contraire le respect de toute vie, de sa conception à sa mort naturelle, qui devrait être reconnu comme faisant partie du socle commun sur lequel se fonde notre société »« Les parlementaires, réunis en Congrès le 4 mars, s'honoreront-ils d'un sursaut de conscience ou bien deviendront-ils responsables devant l'histoire de la plus grande transgression qui soit, celle de l'interdit de tuer ? » interpelle Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne (1er Mars). La veille du vote des sénateurs, Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon, primat des Gaules, avait pointé cette « contradiction » : « Si la loi était adoptée, la France mettrait au même niveau l'égale dignité de toute vie humaine  principe à valeur constitutionnelle  et la liberté d'accès à l'avortement. Comment expliquer une telle contradiction ? » (Église catholique à Lyon, 27 février, en lien ci-dessous).

Philippe Oswald
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Pour aller plus loin :

L’IVG dans la Constitution ?

>>> Lire le communiqué sur le site : Eglise catholique à Lyon

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