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LE CAS OLIVIER VÉRAN OU L’HYPOCRISIE COMME MODE DE GESTION DE CRISE
Une biographie du ministre de la Santé
Nos confrères du Postillon nous ont transmis cette biographie d’Olivier Véran qu’ils avaient publié en 2018 et qu’ils ont consciencieusement mise à jour depuis son accession au plus hautes sphères du macronisme.
« Tenace », « talent indéniable », « infatigable cheville ouvrière », « boule de nerfs » « le médecin qui s’impose » « prêt pour ce poste », « compétent », « très bon », « pédagogue », « rassurant », « auteur d’un sans faute » : depuis un mois, les portraits flatteurs d’Olivier Véran fleurissent sans la presse et sur Internet. Et « « beau gosse » avec ça : le nouveau ministre de la Santé a même fait la couverture de Gala (19/03/2020) et sa vie sentimentale s’étale sur les colonnes de Femme actuelle et Téléloisirs.
Étudiant, le petit Olivier voulait déjà devenir ministre. Après des années de loyaux services au PS et à En Marche, après avoir sillonné le marigot des hautes instances de la santé, une vidéo intime de Benjamin Griveaux lui a enfin permis de réaliser son rêve. Propulsé par une branlette alors que le Covid 19 avait fait un seul mort en France, le député de l’Isère de 39 ans se retrouve en première ligne pour « gérer » la crise de la quarantaine. C’est une des figures montantes de la macronie et il coche toutes les cases de l’hypocrisie ambiante : après avoir voté et défendu pendant des années baisse du budget et course à la rentabilité pour les hôpitaux, il ne manque pas une occasion aujourd’hui de saluer le courage et le sacrifice des soignants. Derrière sa « pédagogie » de crise se cachent les affres de l’état d’urgence sanitaire.
Sale temps pour une manif : ce 14 novembre 2019, la pluie est froide et battante sur le parvis de l’hôpital de Grenoble. Plusieurs centaines de soignants ont quand même répondu à l’appel des collectifs inter-hôpitaux (CIH) et inter-urgences (CIU) pour un débrayage afin de « défendre l’hôpital public » et réclamer plus de moyens. Certains ont même tombé le pantalon pour exhiber des jambes sur lesquelles ils ont marqué « l’hôpital est à poil ».
Bien au chaud sous son parapluie, le député Olivier Véran, qui travaille encore une demi-journée par semaine à l’hôpital de Grenoble en tant que neurologue, répond lui aux questions des journalistes. Il n’est encore que député de la première circonscription de l’Isère, mais manie déjà très bien la langue de bois : « Nous entendons toutes ces revendications. (…) Nous payons, là, trente ou quarante ans d’attentisme (...). La responsabilité n’en incombe pas à ce gouvernement » (Place Gre’net, 15/11/2019).
Un peu plus tard, il rencontre des soignants mobilisés. « Il défendait à fond le service public et nous promettait ‘‘ne vous inquiétez pas, le président va faire des annonces fortes’’, raconte Sophie, infirmière membre du CIH. À un moment, on lui parlait du manque de matériel et de personnel dans tous les services quand il a complètement changé de sujet en nous posant la question ‘‘et le développement durable vous en pensez quoi ?’’. Comme si l’urgence en ce moment c’était d’utiliser des couverts lavables. On a compris à ce moment qu’il ne nous aiderait jamais. »
Autant dire que sa nomination au ministère de la santé n’a guère réjoui les membres du CIH de Grenoble. Pablo, hospitalier, analyse : « Il a toujours été inexistant dans la crise de l’hôpital, à part pour se faire mousser. Et pourtant il connaît la situation : le service neurologie dans lequel il a travaillé cumule les difficultés et manque de matériel et de personnel. Quand on travaille ici, on ne peut pas ne pas être au courant de la situation. On ne peut pas dire ’j’ai été aide -soignant et médecin’ et n’avoir rien dit, rien fait pendant les 8 ans ou il a été élu. Il est soi-disant à fond derrière les soignants, mais il n’a jamais relayé nos combats. Une fois il est monté à la tribune de l’assemblée nationale pour parler de la situation dramatique de l’hôpital de Grenoble, mais c’était plus pour se mettre en avant que pour faire avancer la cause des soignants. Peu après, les problèmes semblaient avoir disparus de ses considérations. »
UN PETIT TOUR ET PUIS S’EN VA
Ce jour-là, 19 décembre 2017, Olivier Véran s’était en effet fait le relais des « inquiétudes des blouses blanches ». Quelques semaines auparavant, le jeune neurochirurgien Laurent Selek s’était suicidé sur son lieu de travail, dans l’hôpital de Grenoble – une des multiples alertes de la lente agonie que vit l’hôpital public. Un suicide, ça fait mauvais genre pour un hôpital vanté par Véran comme un « magnifique CHU qui fait la fierté de son territoire ». Au micro de l’Assemblée, le député demande donc à Agnès Buzin, la ministre de la Santé : Quelles actions concrètes comptez-vous mener pour lutter contre la souffrance des saignants, euh…[NDR : lapsus révélateur ?] soignants ? Nous devons prendre soin de celles et ceux qui prennent soin de nous au quotidien. Il faut leur offrir la capacité d’offrir des soins de qualité à leurs malades, et de remplir pleinement leurs missions ». Rien de bien révolutionnaire pour la sixième puissance mondiale.
27 mois plus tard, rien n’a été fait. Le mal-être des soignants a continué à grossir, la qualité du travail a continué à se dégrader et Olivier Véran n’est pas remonté à la tribune de l’assemblée pour alerter sur la souffrance de « celles et ceux qui prennent soin de nous au quotidien ». Suite à la journée de mobilisation du 14 novembre dernier, le Macronistan a annoncé un plan « Ma Santé 2022 », censé résoudre tous les maux de l’hôpital. De la poudre aux yeux qui n’a pas convaincu les premiers concernés. En janvier et février 2020, des centaines de médecins chefs de service ont menacé de démissionner pour contester « la diminution du financement global de la santé et des missions qui n’arrêtent pas d’augmenter, sans qu’il n’y ait des ressources en regard ». Pour les nouvelles journées de mobilisation, pas d’Olivier Véran à l’horizon sur le parvis de l’hôpital de Grenoble. Dorénavant il ne va plus dialoguer avec les soignants mobilisés mais tente de rassurer par tweet : « #Hôpital : je comprends les attentes des soignants, mais il faut aussi regarder ce qui est fait par le @GouvernementFR. Dès cette année, pour le même nombre de malades, l’hôpital touchera plus de financement ».
Les soignants ont eux bien du mal à voir les bienfaits de « ce qui est fait par le gouvernement ». Le jour de ce tweet, le 14 janvier, les membres du CIH-Grenoble s’étaient incrustés aux vœux de la direction pour demander des recrutements massifs et une hausse de salaire, tout en dressant une impressionnante liste des manques de matériel à l’hôpital de Grenoble, depuis des imprimantes jusqu’aux lits adaptés en passant par un « dynamap-tensionmètres » ou un « bladder-scan ». Toujours rien de révolutionnaire mais cette fois ces simples demandes ne seront même pas relayées par Olivier Véran. À l’image du Macronistan et des directions d’hôpital, il joue de la stratégie Potemkine, auscultant les misères quotidiennes que subissent les soignants derrière les lendemains radieux que leur promet le plan MaSanté2022 : « ce projet c’est énormément de choses (…) et je peux vous dire que tous les autres secteurs nous regardent avec envie » s’émerveille-t-il sur France Bleu Isère le 21 novembre 2019. Quatre mois plus tard, on se rend effectivement compte à quel point les « autres secteurs » bavent de jalousie devant les conditions de travail à l’hôpital.
LE SERGENT HYPOCRITE
On a l’impression que les pires choses arrivent inéluctablement. Que c’est le sens de l’histoire. Depuis une trentaine d’années, le système de santé français se dégrade petit à petit, entraînant des conditions de travail de plus en plus dures pour les soignants et « en même temps » des prises en charge de moindre qualité pour les soignés.
Cette évolution n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, personne ne se présentera aux élections en disant « je veux flinguer l’hôpital public » ou « je veux que les vieux meurent dans leur caca dans des Ehpad en sous-effectifs ». Et pourtant cette évolution gouverne.
Cette lente dégradation est la conséquence de choix politiques et économiques. Ces choix, ils sont faits par des humains, des vrais. Bien souvent, il n’y a pas de grands leaders, personne à désigner pour dire « c’est sa faute », mais plein de bons soldats qui chacun « font leur part ». Ils votent des baisses de budget, ils appellent sans cesse à des « réorganisations » ou « modernisations » guidées par la seule quête de la rentabilité, ils ignorent les contestations, ou les écoutent avec « bienveillance » sans rien remettre en cause. Comme nous le montre son parcours, Olivier Véran est un cas d’école de cette hypocrisie ambiante.
Depuis ses études, le petit Olivier rêve d’être au gouvernement. Une collègue de promo de médecine se souvient qu’Olivier Véran proclamait déjà son ambition d’être ministre « il se tiraient la bourre avec un de ses amis, en pariant à qui serait ministre avant l’autre ». On a les rêves de jeunesse qu’on peut, mais au moins faut-il reconnaître au politicien de s’être donné les moyens de son arrivisme : voilà des années qu’il se place en politique ou dans le marigot des hautes instances de la santé pour assouvir son appétit de pouvoir.
Alors qu’il était interne en médecine, Olivier Véran milite à l’Intersyndicale nationale des internes des hôpitaux (ISNIH) au sein de laquelle il monte très vite les échelons. En 2007, il devient porte-parole et vice-président national du syndicat tout en étant chef de clinique assistant. C’est à cette époque qu’apparaît la loi Bachelot (du nom de l’animatrice télé qui fut ministre de la Santé) où le gouvernement invente une toute nouvelle organisation de l’hôpital, qui devient dépendante de l’ARS (Agence régionale de santé).
À l’époque, le syndicat auquel appartient Olivier Véran n’est pas en première ligne de la contestation : « L’ISNIH ne souhaitait pas combattre la loi Bachelot sur sa réorganisation de l’hôpital public. J’en ai discuté avec Olivier Véran qui avait une vision plus tolérante de la loi, pensant qu’elle allait permettre de redonner à l’hôpital un certain nombre de pouvoirs organisationnels », se remémore le chirurgien Didier Legeais, syndiqué à l’Union des Chirurgiens de France.
En 2010, au bout de douze années d’études, Olivier Véran décroche son diplôme de neurologue, tout en ayant déjà pris attache avec les hautes sphères de l’univers médical français. Il participe à la rédaction de différents rapports pour Xavier Bertrand, ministre de la Santé, dont l’un porte sur « l’exercice médical à l’hôpital », où il rencontre de nombreuses personnalités. Pour renforcer son CV, il retourne à l’école, à Science-Po Paris, pour valider un Executive Master de « gestion et politiques de santé » (à 18 900 euros l’année aujourd’hui).
Paré de ses atouts intellectuels, il tape dans l’œil de Geneviève Fioraso, députée PS sortante en 2012 et « élue augmentée » (voir Le Postillon n°14), qui se cherche un suppléant. Comme Fioraso est nommée ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Olivier Véran se retrouve directement à siéger sur les bancs de l’Assemblée. Durant ses deux ans et demi d’activité, il participe très activement aux politiques de santé menées par le gouvernement Ayrault. « C’est un mercenaire et un bon élève, avec un certain talent dans les médias », analyse Stéphane Gemmani, élu centriste qui l’a soutenu aux législatives avant de s’en éloigner.
BON PETIT SOLDAT DE L’AUSTÉRITÉ
Après être devenu rapidement membre de la commission des affaires sociales, il fait parler de lui, notamment en s’activant contre les « déserts médicaux », sujet de son master, tout en habitant à Corenc, la commune la plus riche de l’agglomération grenobloise, où résident quantité de médecins, chirurgiens, anesthésistes et autres haut-gradés du domaine médical (voir Le Postillon n°19). Il est par ailleurs missionné pour différentes affaires : la filière du sang, les dérives de l’intérim médical en 2013 (un rapport qu’il a réussi à rendre très médiatique), puis poursuit sa carrière comme rapporteur du volet « Assurance maladie » du Plfss (Projet de loi de financement de la sécurité sociale) de 2014 et enfin rapporteur du volet Prévention de la loi Santé au début de l’année 2015.
C’est à ce moment que Marisol Touraine, ministre de la Santé, sort un sabre affûté de son fourreau et découpe le budget alloué aux hôpitaux. En février 2015, elle demande 3 milliards d’euros d’économies dans le cadre du pacte de responsabilité, « en maîtrisant la masse salariale, en mutualisant les achats dans les hôpitaux, et en favorisant les rapprochements entre hôpitaux voisins ». Face à l’injonction budgétaire, Olivier Véran suit le troupeau socialiste et agit au cœur de la machine parlementaire.
En 2014, il propose de désengorger les hôpitaux en mettant en place des « hôtels hospitaliers », des établissements privés, proches des hôpitaux, pour que les patients dorment là-bas plutôt qu’à l’hôpital. Cette mesure dont le but est avant tout d’économiser de l’argent suscite pas mal d’oppositions. « La direction veut jusqu’à 70 % d’opérations en ambulatoire. Un lit coûte cher (1 500 euros par jour environ), alors l’idéal est que vous restiez quelques heures, puis l’on vous déplace à l’hôtel », décrypte Marius Bonhoure, syndicaliste à la CGT au CHU de Grenoble.
Après sa courte carrière parlementaire (Geneviève Fioraso quitte son ministère en avril 2015), le médecin remet la blouse, mais reste sérieusement accroc à la politique. Il tente d’abord les élections départementales (en mars 2015), mais se loupe. Puis, lors des régionales de 2015, il survit à la vague Wauquiez en étant élu comme conseiller régional.
Ce nouveau poste vient s’ajouter à une mission sur la tarification à l’activité (T2A). Qu’est-ce que c’est que ce machin ? « La T2A donne des objectifs chiffrés et économiques sur le soin, nous explique le syndicaliste Jérôme Marty, avec des cadences très soutenues dans les blocs opératoires. Face à cela, on arrive à un manque de personnel et un manque de moyens. » Olivier Véran a une position ambiguë vis-à-vis de la T2A. S’il explique que des modes de facturation doivent évoluer à certains endroits, il ne remet aucunement le système général en cause. Un système qui vise à « faire le meilleur parcours de soins, avec le minimum d’argent. Mais je ne vois pas de critique sérieuse de cette gestion qui aggrave cette mise en concurrence », analyse le syndicaliste Marc Eybert-Guillon.
« EN MÊME TEMPS » AMBITIEUX ET ARRIVISTE
Arrive 2017, et la percée de Macron, qui charme Olivier Véran, dont le profil est caricaturalement macroniste. Le problème, c’est qu’il a été investi par le PS pour les législatives. Alors il entretient un moment l’ambiguïté entre la fidélité au vieux parti et la déclaration d’amour à la start-up macronienne, le temps d’être persuadé du meilleur endroit où épanouir ses ambitions. Finalement, quand Macron passe en tête des sondages, il se met à jouer la carte En Marche à fond.
Jusqu’à s’imaginer ministre de la Santé. « À Paris, il a fait campagne pour devenir ministre, et il s’en est vanté devant la presse parisienne », nous précise une source anonyme. En tout cas, son nom apparaît dans toute la presse et la mayonnaise monte. Il y croit dur. A un moment, il appelle même un ami pour lui confier, dépité : « J’ai peur de n’être que secrétaire d’État. » Dommage, il loupe aussi ce poste. « Quand il n’est pas nommé ministre, il explique aux journalistes en “off” qu’il est déçu. Puis, en “on”, il est hyper content pour Agnès Buzyn », nous raconte dans un sourire la même source. En cinq ans de carrière politique, il a en tout cas vite appris les codes, et repris les mêmes travers que ceux de « l’ancien monde » : « C’est une génération qui va rester un certain temps dans le paysage. Ce qui est désolant, c’est qu’il a le même esprit d’apparatchik, de baronnie qu’avant. S’il est issu de la société civile, il a tout de même adopté l’attitude du pire de “l’ancien monde” », tacle Stéphane Gemmani.
Passée la déception, il redevient vite suractif et fait tout pour imposer son visage parmi la foule de nouveaux députés. Plutôt que de lutter pour des conditions de travail dignes à l’hôpital, il préfère mener d’autres combats, souvent dans le domaine de la médecine mais sur des sujets beaucoup plus consensuels : lutte contre le tabac, l’anorexie, pour le nutriscore, la « taxe Soda » ou le cannabis thérapeutique. Chaque amendement ou projet de loi déposé lui garantit quantité de passages dans les médias, et permet de faire connaître son visage de gendre idéal. Pour attirer encore plus de projecteurs, le soldat Olivier Véran n’hésite pas à monter au front sur les dossiers chauds de la Macronie : mi-janvier il était nommé rapporteur du projet de loi organique sur la réforme des retraites et a couru d’un studio de radio à un plateau télé pour la défendre. Toujours volontaire, il profite de chaque fenêtre médiatique pour montrer ses talents de communicants et sa maîtrise des dossiers.
Quand il ne charme pas les journalistes, il réseaute dans les cercles privés des puissants. Membre du CEPS (Centre d’études et de prospective stratégique), un obscur think thank réunissant « 4500 décideurs », il faisait partie de la délégation française entourant le président français lors de sa visite en Chine début 2018. Alors que Macron était en train de signer des contrats commerciaux avec le président chinois (dans les télécoms, le nucléaire, l’aéronautique ou les produits de luxe – a priori rien sur les masques FFP2), le député de l’Isère inaugure le « club de Shangaï », fondé par le CEPS et le CEIBS (China europe international business school), censé travailler sur les « enjeux d’e-santé et d’intelligence artificielle dans la santé ». On est ici bien loin des questions bassement matérielles du stock de masques à disposition dans les hôpitaux français.
Quelques mois plus tard, Olivier Véran fait partie de la promotion 2018 des Young Leaders France-Chine, une initiative de la France China Fondation, pour réseauter entre jeunes puissants hexagonaux et mandarins (Place Gre’net, 23/05/2018). Ce club compte quelques membres émminents (entre autres Laurent Fabius, Edouard Phillipe, Jean-Pierre Raffarin, Hubert Védrine, Jacques Attali pour les politiques, les PDG de Biomérieux, l’Oréal ou Engie pour les patrons) et organise chaque année un dîner de gala très mondain au château de Versailles ou à l’hotel de Lassay.
Aujourd’hui, on ne trouve plus aucune trace de la nomination de Véran sur le site de la fondation. Tout juste apprend-on que l’été dernier, Olivier Véran a fait visiter l’assemblée nationale à la promotion 2019 des Young Leaders France Chine, qui se réunissaient cette année pour échanger sur le thème de l’optimisme. Le thème de l’édition 2020 n’a pas été dévoilé, mais sans doute sera-t-il moins léger.
TOUJOURS À LA RECHERCHE DES CAUSES DU MAL-ÊTRE
Ses réseautages et son sur-activisme médiatique ont en tous cas fini par payer : depuis le 16 février, le voilà donc ministre de la Santé et responsable en chef de l’hypocrisie gouvernementale autour du délabrement des hôpitaux publics. Lors de son discours d’investiture, il a annoncé vouloir lancer « une grande enquête nationale pour consulter tous les hospitaliers, directeurs, médecins, infirmiers, aides-soignants, brancardiers, je ne peux tous les citer, pour tenter de saisir en détail le sens de leur engagement auprès du public et les raisons du mal être ».
Les années d’alertes, les mois de mobilisations, les suicides et les démissions collectives n’ont donc toujours pas suffi au médecin Véran pour comprendre les « causes du mal-être ». Mais avec l’arrivée progressive du Covid-19, les « causes du mal-être » connaissent une grande exposition médiatique. Manque de masques, de matériel de protection, de temps pour faire correctement les gestes barrières, surcharge de travail : plus grand monde n’ignore aujourd’hui les risques de contamination encourus par les soignants.
Plus grand monde… sauf le ministre de la santé. Suite au décès du premier médecin du au Covid-19 le 22 mars, il déclare : « La plupart des soignants infectés vont être contaminés en dehors de leur hôpital, c’est pour ça que nous insistons beaucoup sur le respect des gestes barrières. » Et à l’intérieur de l’hôpital ? Tout va très bien, vous pouvez lui faire confiance.
Le Postillon
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