SCIENCE
Coronavirus: Pourquoi la courbe des hospitalisations est surveillée de près par le gouvernement
Plus que le nombre de cas ou de morts du Covid-19, ce sont les personnes à l'hôpital et en réanimation qu'il faut "surveiller", estime Jérôme Salomon.
Par Grégory Rozières
SCIENCE - La vague arrive et la France entière s’y prépare. Cette semaine, au vu de l’évolution logique de l’épidémie de Covid-19, le nombre de personnes contaminées par le nouveau coronavirus Sars-Cov2 devrait continuer d’exploser.
L’une des grandes questions sera donc de savoir si le système hospitalier français tiendra le choc. C’est pour cela que Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, a déclaré lundi 30 mars que l’évolution de la courbe des hospitalisations est celle “que nous allons analyser”. Plus que celles du nombre de cas ou de morts. Car les hospitalisations “reflètent la cinétique de l’épidémie et son impact le plus préoccupant sur notre système de santé”, a-t-il expliqué.
Ce mardi 31 mars, la France a enregistré 7578 nouveaux cas confirmés de Covid-19 par dépistage et 499 nouveaux morts. 22.757 personnes sont hospitalisées, et 458 ont été admises en réanimation au cours des dernières 24 heures, a précisé Jérôme Salomon. “C’est ce nombre quotidien qui est le plus important à surveiller”, a-t-il rappelé.
Mais que dit justement la courbe de l’évolution des hospitalisations? Le HuffPost a mis les chiffres du gouvernement en graphiques pour essayer d’y voir plus clair. Nous avons également analysé les données hospitalières dans d’autres pays touchés, tels que l’Italie, l’Espagne et les États-Unis. Ci-dessous, l’évolution en France du nombre total quotidien de personnes hospitalisées et des patients en réanimation (soins intensifs). Chaque graphique est sur une échelle différente.
Ce que l’on voit, c’est que les deux courbes augmentent régulièrement tous les jours, de plus en plus vite. Ce que l’on souhaite, évidemment, c’est que la courbe s’aplatisse, puis commence à diminuer. Normalement, les mesures prises par le gouvernement, dont le confinement, devraient permettre d’endiguer la progression de l’épidémie.
Mais cela prend du temps. “Il faut prendre en compte la période d’incubation et le délai après l’apparition de symptômes avant que le patient se rende à l’hôpital”, précise au HuffPost Jean-Stéphane Dhersin, chercheur au CNRS et mathématicien à l’université Sorbonne Paris Nord, spécialiste en modélisation des épidémies. La France est en confinement depuis 14 jours, il serait logique de commencer à voir un effet dans les jours à venir
Début d’effet en Italie
Les données françaises sur les hospitalisations sont très récentes: rien avant le 18 mars. Nous avons donc choisi de comparer l’évolution des cas admis en hôpital dans plusieurs pays à la situation similaire: l’Italie, l’Espagne et les États-Unis (les données proviennent du décompte de chaque pays). Afin de mieux visualiser, nous avons fait démarrer chaque graphique au même stade: le dépassement du cap de 2000 personnes hospitalisées.
Comme on peut le voir ci-dessous, les courbes espagnoles et américaines progressent très vite. Le nombre de personnes hospitalisées en Espagne peut faire craindre un bilan important dans les jours à venir, mais les données mises en ligne par le pays ne permettent pas de distinguer les personnes en réanimation.
À l’inverse, la courbe italienne semble commencer à se tasser. Le signe que les mesures prises par le gouvernement, il y a 18 jours, commencent à porter leurs fruits?
C’est possible, mais pas certain pour autant. Si le système hospitalier est totalement saturé, on peut imaginer un tassement lié à l’encombrement des hôpitaux par exemple. Pour autant, le nombre de nouveaux cas confirmés de Covid-19 en Italie connait également un ralentissement ces derniers jours, ce qui donne l’espoir que les mesures italiennes commencent effectivement à porter leurs fruits.
Mais il ne faut surtout pas crier victoire trop vite. La preuve avec l’Espagne qui, après avoir connu plusieurs jours de baisse de nombre de cas confirmés, a enregistré ce mardi 31 mars sa plus forte augmentation.
Pour tous les pays en plein dans le pic, il faudra attendre d’observer plusieurs jours de baisse consécutifs pour s’assurer que la bataille commence doucement à être gagnée. Restera ensuite à réussir à empêcher l’épidémie d’exploser à nouveau malgré la levée des mesures drastiques de confinement et de distanciation sociale.
A voir également sur Le HuffPost: comment contrôler une épidémie, mode d’emploi
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