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mardi 31 mars 2020

Où sont les masques, M. Macron ? – Histoire d’un mensonge d’État - le 30.03.2020



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Le blog de Clémence Guetté

Où sont les masques, M. Macron ? – Histoire d’un mensonge d’État


C’est l’histoire d’un dévoilement, d’un mensonge officiel, d’un mensonge qui s’est lentement déchiré.
On a vu fleurir les témoignages sur les réseaux sociaux. Comme celui de Sabrina Ali Benali, médecin urgentiste à domicile.
Des médecins, des AVS, des infirmières, cette demande revenait : « donnez-nous des masques ».
ACTE 1 : CIRCULEZ, Y A RIEN À VOIR
Pourtant, le 26 janvier, il y a deux mois donc, Agnès Buzyn, alors ministre de la santé, se voulait très rassurante : nous avons déjà tout ce qu’il faut !
Elle expliquait, sereine : « Aujourd’hui, il n’y a aucune indication à acheter des masques pour la population française, nous avons des dizaines de millions de masques en stock. En cas d’épidémie, ce sont des choses qui sont d’ores et déjà programmées ». Bref, tout était prévu.
Puis, pendant que l’épidémie progressait en France, et face aux premiers témoignages de soignants, les questions se faisaient plus insistantes.
Un mois plus tard, le 23 février, son successeur, Olivier Véran expliquait que la France était en train de s’équiper, de procéder à l’achat de « dizaines de millions de masques ». Et le ministre promettait : « Nous allons faire le nécessaire pour que [les personnels de santé] puissent disposer de masques adaptés à chaque situation dans un marché qui est tendu sur le plan international. Et nous allons notamment travailler avec les entreprises productrices de masques FFP2, qui […] sont situées sur le sol français, et nous passons une commande ».
Les masques arrivaient, de façon imminente.
Quelques jours plus tard, le 27 février, Edouard Philippe confirmait les propos de son ministre de la santé à la sortie d’une réunion avec les chefs de partis et de groupes parlementaires sur le Covid-19 : « Nous avons commandé 200 millions de masques supplémentaires, qui viennent s’ajouter aux réserves déjà constituées et évidemment mobilisables ».
Et le Premier ministre en profitait pour distiller des conseils de civisme : « Aujourd’hui, la meilleure façon de se protéger ce n’est certainement pas de se précipiter en pharmacie pour acheter des masques. C’est même assez fortement déconseillé. Comme d’ailleurs pour les pénuries d’essence, c’est ce genre de comportements qui risque de créer une pénurie de masques, alors même que des populations pourront elles en avoir le besoins ».
Si chacun faisait preuve de calme, la pénurie était évitable.
ACTE 2 : L’AVEU
Le 28 février, l’OMS publiait un rapport stratégique sur la situation en Chine et montrait que le pays était en train de contenir l’épidémie. Ce rapport préconisait notamment que toute la population porte des masques et se lave les mains régulièrement. Grâce à ces mesures simples, associées à une politique massive de tests et d’isolement des cas positifs, le virus pouvait être contenu.
Mais notre gouvernement était occupé. Trop occupé pour lire les recommandations de l’OMS et évaluer nos stocks de masques. Car le 29 février, Edouard Philippe consacrait un conseil des ministres exceptionnel, initialement dédié à la gestion de la crise du Covid-19, à l’utilisation du 49.3 pour faire adopter sans délai la réforme des retraites contre laquelle les français se battaient depuis des mois.
Le 3 mars, interpellé lors des questions au gouvernement sur nos stocks de masques, Olivier Véran avouait : « Suite à l’épisode de la grippe H1N1, une grande concertation a été organisée de manière à déterminer les stocks dont la France avait besoin pour se prémunir de la survenue de nouveaux épisodes viraux […] En 2011 il a été déterminé que la France n’avait pas à faire de stock d’État des fameux masques FFP2 [un masque filtrant qui protège davantage que les masques chirurgicaux]. Il n’y a donc pas de stock d’État. » 
Il s’avérait donc finalement que tout n’était pas prévu.
Le traumatisme relatif à la gestion de l’épidémie H1N1 en 2009 avait fait le vide dans les stocks. Pour la grippe A, la France avait commandé 1 milliard de masques chirurgicaux et 700 millions de FFP2, pour une épidémie finalement bénigne.
Pour tirer les leçons de cet immense gaspillage, un rapport du Sénat de 2015, préconisait ainsi à chaque établissement de santé de constituer ses propres stocks en masques FFP2. Chaque hôpital étant lui-même soumis à une logique austéritaire… les stocks ont été insuffisamment pourvus.
ACTE 3 : LA REPRISE EN MAIN



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