François Ruffin :
Castaner : le modèle italien ?
Dans une circulaire adressée aux préfets, Christophe Castaner a clarifié la doctrine du gouvernement sur les priorités : « Il est impératif que la vie économique de la Nation soit la moins impactée possible… Les établissements industriels, entrepôts, marchés de gros, sont autorisés à fonctionner. » Et il conclut sa missive sur cette note optimiste : « Je rappelle qu’en Italie les mesures de restrictions similaires qui démontrent leur efficacité quant à l’endiguement de la pandémie ont néanmoins permis à l’économie de fonctionner presque à la hauteur de ses capacités habituelles. »
Telle était donc la voie à suivre, d’après le ministre de l’Intérieur : cette Italie qui d’ores et déjà enregistre deux fois plus de morts que la Chine ! où les morgues débordent, où les crématoriums tournent en permanence, où les bancs sont ôtés dans les chapelles pour faire de la place aux cercueils, où l’armée est mobilisée pour évacuer les cadavres !
Voilà notre modèle, l’exemple vanté par le sommet de l’Etat auprès de tous les préfets du pays. Et pourquoi ? Parce que « l’économie fonctionne presque à la hauteur des capacités habituelles ». Du coup, on peut tout interdire. Aux enfants de voir leurs grands-parents. De visiter nos aïeux dans les Ehpad. De s’adonner au footing à trois rues de chez soi. Et même d’enterrer nos morts dignement. En revanche, les ouvriers doivent produire des embrayages, des rétroviseurs, des câbles téléphoniques comme avant, dans les usines comme dans le bâtiment.
Ils nous jouent du violon sur « les soignants, ces héros », sur « la santé d’abord ». Mais même durant cette crise, leur priorité ne varie pas : l’économie avant la vie. L’argent avant les gens. Les multinationales avant l’intérêt général.
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