lu dans le DL du 2.10.2018
LE BILLET
PAR GEORGES BOURQUARD
En haut de l’affiche…
pour toujours
Les vents ne sont pas favorables aux géants de la chanson française.
Après
Johnny et quelques autres, c’est au tour de Charles Aznavour de quitter la
scène.
Encore vendredi sur un plateau de télévision, l’auteur-compositeur de
94 ans promettait de devenir centenaire.
Preuve qu’il ne faut pas toujours
croire les poètes.
Il y a 70 ans, Aznavour avait tout pour échouer, les langues de vipère ne se
privaient pas de le lui rappeler.
Du haut de son mètre 65, il ne prendrait jamais
la lumière avec un physique qui ne ferait rêver personne.
Quant à sa voix, elle
permettait aux critiques les plus vachards de remuer leur plume dans l’acide :
les Anglo-Saxons l’avaient rebaptisé Aznovoice (sans voix) et lorsqu’il se mit
en tête de conquérir l’Amérique, les malveillants le surnommèrent « l’enroué
vers l’or ».
Même la môme Piaf le traitait de « petit génie con » en le confinant
au rôle d’homme à tout faire.
Sauf une carrière sur les planches.
Tous ces médisants avaient oublié que des racines plantées au pied du
mont Ararat donnent une énergie à déplacer les montagnes.
Et à conquérir le
monde entier.
Pour Aznavour, il n’y avait pas de sujet tabou.
Dans les années 70, il
abordait sans détour les sujets de société dérangeants avec « Mourir
d’aimer » et « Comme ils disent ».
Si c’était aujourd’hui, il se trouverait bien
quelques esprits autoproclamés éclairés pour demander de quoi se mêle ce
fils d’immigrés.
Désormais, si le grand Charles est pour toujours en haut de l’affiche, ce
n’est pas seulement pour ses 1200 chansons et ses 180 millions de disques
vendus.
Mais pour la place qu’il tient dans l’oreille et le cœur de chacun
d’entre nous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire