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jeudi 4 octobre 2018

En haut de l’affiche… pour toujours

lu dans le DL du 2.10.2018


LE BILLET PAR GEORGES BOURQUARD 

En haut de l’affiche… pour toujours

 Les vents ne sont pas favorables aux géants de la chanson française. 
Après Johnny et quelques autres, c’est au tour de Charles Aznavour de quitter la scène.
 Encore vendredi sur un plateau de télévision, l’auteur-compositeur de 94 ans promettait de devenir centenaire. 
Preuve qu’il ne faut pas toujours croire les poètes.
 Il y a 70 ans, Aznavour avait tout pour échouer, les langues de vipère ne se privaient pas de le lui rappeler.
 Du haut de son mètre 65, il ne prendrait jamais la lumière avec un physique qui ne ferait rêver personne.
 Quant à sa voix, elle permettait aux critiques les plus vachards de remuer leur plume dans l’acide : les Anglo-Saxons l’avaient rebaptisé Aznovoice (sans voix) et lorsqu’il se mit en tête de conquérir l’Amérique, les malveillants le surnommèrent « l’enroué vers l’or ». 
Même la môme Piaf le traitait de « petit génie con » en le confinant au rôle d’homme à tout faire.
 Sauf une carrière sur les planches.
 Tous ces médisants avaient oublié que des racines plantées au pied du mont Ararat donnent une énergie à déplacer les montagnes. 
Et à conquérir le monde entier. 
Pour Aznavour, il n’y avait pas de sujet tabou. 
Dans les années 70, il abordait sans détour les sujets de société dérangeants avec « Mourir d’aimer » et « Comme ils disent ».
 Si c’était aujourd’hui, il se trouverait bien quelques esprits autoproclamés éclairés pour demander de quoi se mêle ce fils d’immigrés. 
Désormais, si le grand Charles est pour toujours en haut de l’affiche, ce n’est pas seulement pour ses 1200 chansons et ses 180 millions de disques vendus.
 Mais pour la place qu’il tient dans l’oreille et le cœur de chacun d’entre nous. 

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